Ils sont passés de vie à trépas après avoir essuyé les tirs des membres du groupe jihadiste nigérian boko haram, qui multiplie les actions violentes dans la région selon le ministère nigérien de la Défense.
« Dans la nuit de mardi à mercredi, la position militaire Blabrine, dans la région de Diffa, a été attaquée par des éléments armés non encore identifiés appartenant très probablement au groupe terroriste Boko Haram. Le bilan provisoire du ministère fait état de 12 militaires tués et 8 blessés », a annoncé quelques heures plus tard, les autorités militaires dans un communiqué lu à la radio d’Etat.
Plus tôt dans la journée, des sources locales de la région de Diffa avaient annoncé l’attaque aux médias : « vers 03H00 du matin, évoquant un bilan de 10 morts, ainsi que du matériel militaire incendié… ».
« Les opérations de ratissage et de poursuite auxquelles participent nos partenaires de la Force multinationale mixte (Tchad, Niger, Nigeria, Cameroun) ont été engagées pour rattraper et neutraliser les éléments ayant perpétré l’attaque, qui se sont repliés en direction du Lac Tchad », déclare le ministère de la Défense, qui affirme aussi que les combats ont fait plusieurs morts et blessés côté ennemi.
Après une accalmie fin 2018 dans la région de Diffa, voisine du Nigeria, berceau de boko haram, les attaques du groupe jihadiste sont devenues à nouveau récurrentes depuis mars.
Le 19 octobre dernier, le maire de Kabaléwa, une commune proche de N’Guigmi située à une quarantaine de kilomètres de la base militaire attaquée, et son épouse ont été enlevés par les terroristes.
Fin mars 2019, au moins dix civils ont été tués dans un attentat-suicide et une attaque de Boko Haram à N’Guigmi même.
La région a connu d’innombrables attaques depuis février 2015 et le groupe islamiste nigérian a déjà mené des opérations d’envergure par le passé, prenant le contrôle de la ville et de la base de Bosso en 2016.
Réfugiés et déplacés par milliers
La région de Diffa abrite 120.000 réfugiés nigérians, 30.000 Nigériens revenus du Nigeria et environ 110.000 déplacés internes, fuyant tous les exactions de Boko Haram, selon des chiffres publiés par l’ONU en octobre.
Le Niger, un des pays les plus pauvres du monde, qui est confronté à Boko Haram dans le Sud-Est, doit également faire face aux groupes jihadistes sahéliens à l’Ouest dans sa zone frontalière avec le Mali. Les régions de Tillabéri et Tahoua (ouest) accueillent 150.000 réfugiés et déplacés en raison des violences qui ont fait des centaines de morts.
« Il ne se passe pas un jour sans perte humaine dans la sous-région Mali, Niger, Burkina, nous assistons à la banalisation de la violence, à la terreur au quotidien », avait rappelé en septembre le président nigérien Mahamadou Issoufou, soulignant l’urgence” de la situation alors que la menace s‘étend vers le sud.
Il avait appelé à la mise en place d’une coalition internationale de lutte contre le terrorisme au Sahel et au lac Tchad à l’image de la coalition qui a été mise en place pour lutter contre Daech au Moyen-Orient.
Son pays accueille déjà des bases militaires françaises dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane et américaine. En plus de l’insécurité, la région de Diffa est actuellement confrontée à des inondations dues à une crue de la rivière Komadougou Yobé qui sert de frontière naturelle entre le Niger et le nord-est du Nigeria.
N.R.M