Pour certains, il est question de sauver l’honneur du Gabon tandis que pour d’autres, il ne s’agit ni plus, ni moins qu’un appel à la rébellion et, c’est dans cette ambiance que vivent les compatriotes de Ali Bongo Ondimba, depuis quelques semaines.
Dans ce petit pays d'Afrique centrale de moins de deux millions d'habitants, ce n'est pas tant cet appel -auquel les chefs des principaux partis d'opposition n'ont dans un premier temps pas pris part- que la réaction des autorités qui a marqué les esprits. Pour eux, tout va bien et la vie politique locale poursuit son cours, calme et sans vague : « S'il y a pu y avoir en fin d'année dernière des inquiétudes de certains quant au déroulement de notre vie institutionnelle, celles-ci ont depuis été levées », a indiqué en conférence de presse ce mardi, Ike Ngouoni, porte-parole d'Ali Bongo.
L'imposture dont parlent les acteurs de la vie politique et les acteurs de la société civile fait suite à l'absence du président Bongo, en convalescence au Maroc après un AVC survenu à Ryad le 24 octobre. Ils ont signé un document dans lequel ils estiment qu'il est temps de reconnaitre une impossibilité d'Ali à rester dans ses fonctions : « Dimanche 31 mars, si rien n'est entrepris pour mettre un terme, nous devrons agir, pacifiquement pour exiger que soit mis fin à l'imposture en cours ».
Guerre des clans ?
« Gabon: qui gouverne vraiment »? Cette question est sur toutes les lèvres, surtout que les enquêtes sont menées afin de mieux cerner la présence du directeur de cabinet Brice Laccruche Alihanga, que certains disent être aux commandes.
Certains l’accusent de prendre une part active à la guerre des clans qui fait rage dans les salons feutrés à Libreville. Le dernier fait relevé est une présumée interdiction d'accès aux domiciles du président, à son demi-frère Frédéric, en charge des services de renseignement.
Des rumeurs qui ont des répercussions au sein de la population, tel que le démontre l’attitude de Raymond, bagagiste à l'aéroport, exaspéré que la santé du président fasse en permanence la Une des journaux: « C'est grave ce qu'il se passe là-haut, mais est-ce que ca nous concerne vraiment ? - Soit il va bien, il rentre et on n'en parle plus, soit il est en incapacité, on tranche et on fait des élections ».
En début de semaine, le Parti démocratique gabonais (PDG) au pouvoir a fêté en grande pompe, son 51ème anniversaire. Les camarades du Président Ali Bongo, dont le Premier ministre et le secrétaire général du PDG, Eric Dodo Bounguendza ont dévoilé devant les hommes des médias, une compilation des discours du chef de l’Etat gabonais, depuis son arrivée au pouvoir en 2009. Pour eux, « même s’il est physiquement absent, le Chef de l’Etat reste en pensée et en esprit avec ses militants ».
Nicole Ricci Minyem