L’essentiel L’Observatoire des pratiques policières s’inquiète des violences policières qui émaillent les manifestations des Gilets jaunes. Depuis le 17 novembre, une dizaine de blessés graves auraient été recensés à Toulouse.
Chaque samedi et ce, depuis de nombreuses semaines, les manifestations des Gilets jaunes virent à l’affrontement à Toulouse. Des heurts systématiquement violents qui font chaque fois des dizaines de blessés et, même des morts. L’Observatoire des pratiques policières lancé il y a deux ans et constitué de la LDH, la fondation Copernic et le Syndicat des avocats de France (SAV), est particulièrement vigilant depuis le début du mouvement.
À chaque manifestation, entre huit et quinze observateurs se mêlent aux manifestants pour signaler d’éventuels dysfonctionnements. Ils livraient leurs conclusions ce mardi matin. Leur constat est sans appel : les moyens engagés par les policiers sont « disproportionnés ».
« Nous sommes dans une dynamique de répressions policières »
« À partir de 16 h 30, il y a une volonté de dégagisme. Ceux qui ne veulent pas quitter la manifestation sont alors traités comme des délinquants », dénonce Marie Toustou de la Ligue des droits de l’homme. « Le but de ces opérations de maintien de l’ordre est de multiplier les interpellations, les déferrements. Nous sommes dans une dynamique de répressions policières qui viennent servir une politique du chiffre », affirme pour sa part Julien Bref du SAV.
Pour étayer leurs accusations, les militants se basent sur leur vécu : « Le 26 janvier dernier, nous étions à 150 mètres des policiers. Alors qu’il ne se passait rien et sans sommations, il y a eu un déferlement de gaz lacrymos », raconte par exemple Pascal Grassiot, de la fondation Copernic. « J’ai vu des policiers tirer dans le dos des manifestants. Nous sommes également intervenus pour dire «stop » à une interpellation violente. Nous avons été bousculés, pourchassé pendant des heures », ajoute Julien Brel.
« Un niveau de violences policières au-delà de Mai 1968 »
Les observateurs prennent un certain nombre de photos et de vidéos lors des manifestations. Ce sont ces dernières qui vont permettre d’alimenter le rapport en cours d’élaboration qui sera dévoilé en mars : « Nous sommes dans un niveau de violences policières qui est au-delà de Mai-68 et qui se rapproche plus de celui de la guerre d’Algérie » a même comparé, Pascal Grassiot.
Pour mettre fin à ces violences, les observateurs préconisent l’interdiction des grenades, des lanceurs de balles de défense, le retrait des unités de Brigade anti-criminalité et un audit sur les compagnies d’intervention. Pour Didier Martinez, secrétaire régional du syndicat Unité SGP police Occitanie, les observateurs n’ont pas « une approche globale et intégrale des choses ». Pour lui, les policiers sont dans une « posture de riposte ». « Lorsque les manifestations se transforment en violences urbaines, avec des jets de projectiles, des incendies, des barricades, nous sommes obligés de changer de techniques », explique le policier.
Nicole Ricci Minyem