Des ONG et mouvements citoyens ont appelé ce mercredi les Congolais à «descendre massivement dans la rue» si leur choix à l'élection présidentielle n'est pas respecté, ajoutant que le vainqueur ne peut pas être le candidat du pouvoir.
Ces mouvements dont Lutte pour le changement (Lucha) et Filimbi ont appelé dans un communiqué le peuple congolais «à rester vigilant et à se tenir prêt à descendre massivement dans la rue si la Céni (Commission électorale), sous l'influence du président sortant Joseph Kabila, s'avisait à publier les résultats non conformes à la vérité des urnes», rapporte l’AFP.
«Nous savons au moins pour qui le peuple congolais n'a pas voté: c'est Shadary. Le peuple s'est exprimé, il y a eu une rupture entre le statu-quo et le changement. C'est l'opposition qui a gagné les élections», a insisté Carbone Beni, coordonnateur du mouvement Filimbi, en réponse à la presse.
L'ex-ministre de l'Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, est le candidat du président sortant Joseph Kabila face aux deux têtes de l'opposition divisée, Martin Fayulu et Félix Tshisekedi. «Nous exigeons de la Céni la publication rapide des résultats de la présidentielle», ajoutent ces organisations.
La Céni a commencé mardi soir des réunions plénières pour la publication des résultats. C’est sous bonne garde que la Commission électorale a commencé à examiner les résultats mardi soir peu après la tombée de la nuit vers 19h. Deux camions pick-up remplis de policiers et un blindé bloquaient le Boulevard du 30 juin juste devant le siège de la Céni.
L’examen par les 13 membres de la plénière pourrait durer entre 24 et 48h, selon une source à la Céni car, après la réception des résultats à Kinshasa et avant toute publication, la procédure prévoit un examen, un contrôle de cohérence de l’ensemble des résultats par les membres de la plénière. Parmi eux des représentants de la majorité, de l’opposition et de la société civile.
Or hier soir encore, la commission électorale disait n’avoir compilé que 80% des résultats de l’ensemble du pays. Si dans les trois Kasaï la compilation s’est terminée hier, à Kisangani dans l’est 15% des résultats manquaient encore. Dans le Rutshuru, le Masisi et l’Ituri dans le Nord-Est, le comptage des voix était loin d’être terminé. Pas terminé non plus dans le centre de compilation de Lubumbashi dans le Haut-Katanga.
Deux options s’offrent désormais à la Céni : publier au fur et à mesure les résultats des centres de compilation qu’elle aura vérifiés. C’est ce que demandent les deux principales missions d’observation dans le pays. Ou alors attendre d’avoir l’ensemble des résultats pour les publier. Mardi soir, selon RFI, la radio-télévision nationale était laconique annonçant une publication «prochaine» des résultats sans plus de précisions.
«La proclamation par la Ceni des résultats contraires à la vérité des urnes sera considérées comme un coup d’État constitutionnel», ont indiqué les organisations. Les signataires ont demandé aux candidats d'opposition Félix Tshisekedi et Martin Fayulu «de ne conclure aucun arrangement particulier avec le régime partant visant à contredire la vérité des urnes».
La Conférence des évêques catholique (Cenco), qui affirme avoir déployé 40.000 observateurs électoraux, a affirmé jeudi connaître le vainqueur de la présidentielle.
Otric N.