Sur son compte Twitter, la militante affirme que le motif de son exclusion est lié à des « activités incompatibles avec l'intérêt national de son pays d'accueil… ».
Cette dame, qui s’est distinguée par des critiques acerbes contre les politiques de la France en Afrique est apparue comme la vedette du sommet Russie-Afrique en octobre dernier à Sotchi. Elle avait vertement critiqué le franc CFA et appelé au démantèlement des bases militaires françaises en Afrique.
Conseillère de l'homme politique Mamadou Coulibaly, ancien président de l'Assemblée nationale et ancien ministre, candidat à l'élection présidentielle de 2020 en Côte d'ivoire, Nathalie Yamb milite au sein du parti ivoirien de l’opposition Lider.
La confusion a régné pendant la journée sur le sort de la militante convoquée à la préfecture lundi matin et qui a passé la journée sans pouvoir communiquer avec l'extérieur.
« Ils l'ont mis dans l'avion pour Zurich avec un changement à Paris. Elle a découvert sa destination à l'aéroport. On a pu lui parler brièvement. On lui reproche une +activité incompatible avec l'intérêt national+, nous a-t-elle dit », a rapporté Mamadou Koulibaly, chef de file du Lider en soirée.
« On lui dit qu'elle est une étrangère qui fait de la politique en Côte d'Ivoire, qu'elle critique trop les autorités, que c'est un trouble à l'ordre public... Normalement, il devrait y avoir un procès. Mais, ils s'abritent derrière un acte administratif et même si on fait un recours cela prendra plusieurs mois », a-t-il indiqué.
Devant nos confrères de Tv5, l’ancien président de l'Assemblée nationale ajoute que « L'histoire retiendra que le président Alassane Ouattara qui a fait sa carrière sur des accusations de xénophobie à son égard, est lui même un xénophobe. Rien n'interdit à un étranger de faire de la politique. Il est simplement interdit d'être président d'une formation politique…Et ceci se vérifie d’autant plus que Mme Yamb était installée en Côte d'Ivoire depuis de nombreuses années… ».
« Elle y a travaillé pour un groupe de téléphonie avant de s'investir pleinement dans cette lutte que nous menons pour une nouvelle Afrique, l'émancipation de ses peuples. Son combat ne s'arrête pas à Abidjan. Sur le Franc CFA, pour la démocratie, pour les droits de l'Homme, contre les bases militaires que nous avons de plus en plus de mal à accepter. Nous tenons des propos véhéments, durs, mais c'est notre fonction d'opposition politique… Son expulsion a pour but de fragiliser le Lider en une année électorale avant la présidentielle de 2020 », a-t-il poursuivi.
A Sotchi fin octobre, Mme Yamb avait notamment déclaré lors d'une conférence: « La France considère toujours le continent africain comme sa propriété (...) Nous voulons sortir du Franc CFA (...) Nous voulons le démantèlement des bases militaires françaises qui sous le couvert d'accords de défense bidons, ne servent qu'à permettre le pillage de nos ressources, l'entretien de rebellions, l'entraînement de terroristes et le maintien de dictateurs à la tête de nos Etats… ».
La colère de Richard Makon
Sur sa page facebook, l’Expert Consultant en Droit International a parlé de Honte collective : « Les valets locaux de l’impérialisme occidental…Honte au président ivoirien qui expulse un ressortissant africain à la demande du colon en plein 21ème siècle, honte au Cameroun qui n’a jamais et au grand jamais, de toute son histoire, défendu son national en difficulté à l’étranger, honte à tous ces faux panafricains qui n’ont pas été capables de se dresser pour offrir le gît à cette digne fille du continent, honte à cette Afrique de larbins et de collabos qui expulse et renie son propre sang sous la pression du colon, honte à nous Africains, incapables de nous lever et dire stop…Honte à moi, honte à toi, honte à nous, oui, honte à nous tous les nègres de service. Je vous le dis, en vérité et en vérité, la nouvelle colonisation sera plus violente que la précédente… ».
Nicole Ricci Minyem