Dans une vidéo réalisée ce Jeudi l’homme politique, économiste et enseignant-chercheur ivoirien met de nouveau en garde le peuple de Côte d’Ivoire tout comme l’a fait Marcoussis il y a 17 ans.
« Nous sommes Jeudi et le Président de la République de Côte d’Ivoire s’est réuni sur sa convocation avec son gouvernement, ses députés et ses sénateurs, pour engager un changement constitutionnel dans notre pays. Il y a une grosse méprise. Les populations ivoiriennes doivent savoir ce qui se joue en réalité.
Grosse méprise au sens où les gens interprètent très mal la constitution et ses procédures. Le constitutionalisme est une science, ce n’est pas du bricolage. Ce que monsieur Ouattara est entrain de faire avec son gouvernement, ses sénateurs et ses députés ressemble plus à un coup d’état contre la République de Côte d’Ivoire, un coup d’état contre le peuple de Côte d’Ivoire.
Je vous explique. Quand certaines personnes sont allées voter la constitution en 2016, elles pensaient naïvement doter la Côte d’Ivoire d’un texte moderne. Mais ce texte comprenait la disposition selon laquelle le Président de la République pour toutes les autres modifications de la constitution pouvait faire sans se référer au peuple de Côte d’Ivoire. C’est comme si vous embauchez un travailleur, vous lui faites un contrat de travail et puis un jour, il décide, tout seul dans son coin de modifier le contrat de travail qui vous lie.
Le peuple de Côte d’Ivoire est souverain, c’est le peuple qui est en haut et le Chef d’Etat n’est que le patron de cette instance là. Et pourtant, ce que monsieur Ouattara fait c’est de changer ce qui est établi sans demander l’avis du peuple qui l’a mandaté. C’est une usurpation du pouvoir. Il s’érige en législateur, comme un dictateur…
Le Président de la République, s’il viole les droits du parlement, trahit le peuple de Côte d’Ivoire en disant aux députés je viens vous voir, je vous dis ce que vous devez faire et comment vous devez le faire. Si les députés s’alignent, cela signifie que ce sont eux qui trahissent la nation ivoirienne. Ils prennent des dispositions claniques, les dispositions d’une secte au pouvoir, les dispositions d’un groupe au pouvoir pour en faire des dispositions nationales sans demander à la nation ivoirienne si elle était d’accord.
La procédure exacte monsieur le Président, ce serait de faire quoi ? Vous faites des propositions que vous envoyez au Congrès. Les députés et les sénateurs prennent et retournent voir dans leurs circonscriptions électorales leurs électeurs, leur explique le contenu de la loi…Vous avez vécu dans de nombreux pays selon les fonctions qui vous ont été assignées à un moment ou à un autre de votre parcours professionnel mais, à quel moment avez-vous vu un Président convoquer le parlement pour modifier la constitution, au mépris de son peuple, un peuple souverain ? Ce ne se fait pas. Vous nous méprisez parce que vous faites ce qui vous convient et c’est inacceptable. Vous devez vous lever parce que c’est votre droit afin que les choses ne se passent pas ainsi… ».
N.R.M