Deux Camerounais et un Nigérian ont été appréhendés vendredi par les éléments de la brigade maritime du port de Douala alors qu’ils étaient sur le point de se rendre au Nigéria avec dans leurs bagages 125 pointes d’ivoire et des douzaines de pièces d’ivoire.
D’après des sources proches du dossier citées par plusieurs médias de la place, ils seront poursuivis pour tentative de corruption, détention illégale de parties d’espèces protégées et abattage d’espèces sauvages protégées.
Selon les gendarmes, l’un des trafiquants qui était sur le point de transporter des ballots de vêtements au Port des pêches à Douala avait dissimulé les ivoires dans des vêtements d'occasion. C’est en contrôlant les ballots de vêtements que les gendarmes se sont rendus compte que de l’ivoire y avait été soigneusement dissimulé. L'affaire a été transmise au procureur de la République, qui a sollicité l’expertise des services du ministère de la Forêt et de la faune du Littoral, compétents en la matière.
Les poursuites judiciaires contre ces trafiquants d’espèces sauvages ont été menées avec le soutien technique d’un organisme de protection de la nature appelé LAGA, ils ont ainsi été renvoyés devant le procureur de la République qui les a inculpés pour tentative de corruption, détention illégale de parties d’espèces protégées, et abattage d’espèces sauvages protégées.
Des enquêtes prioritaires ont permis de mieux comprendre le fonctionnement de ce groupe grâce à des connexions trouvées dans la région du Sud et au Gabon. Ils étaient également liés aux trafiquants arrêtés lors d'opérations précédentes, notamment celles sur le trafic d’écailles de pangolin menées à Douala dans le passé. L’un des trois trafiquants est un ressortissant nigérian, et de nombreux produits fauniques illicites en direction du Nigéria ont déjà été interceptés au cours d’opérations coups de poing.
En effet, les trafiquants utilisent les nombreux petits ports jonchant le long de la côte Cameroun-Nigéria pour faire passer en contrebande de l'ivoire, des écailles de pangolin et plusieurs autres produits au Nigéria, d’où ils sont exportés vers l’Asie.
En décembre dernier, la police a arrêté trois personnes avec plus de 158 défenses d’ivoire et des milliers d’autres produits dérivés de la faune alors qu’elles chargeaient cette cargaison illégale dans un camion destiné à la contrebande au Nigéria. L'affaire est actuellement en cours devant le tribunal de première instance de Bonanjo.
En 2014, un homme a été arrêté à Edéa avec 30 défenses d'ivoire dissimulées dans des ballots de vêtements qu'il transportait à Douala dans un chargement censé se diriger vers le Nigéria. Plus d'une tonne d'ivoire a été saisie en 2009 par les agents de la faune alors que la cargaison illicite se dirigeait vers le Nigeria. La facilité relative avec laquelle les trafiquants opèrent au Nigéria a fait de ce pays une destination privilégiée pour les gros trafiquants cherchant à exporter de la contrebande en Asie.
Selon les articles 101 et 158 de la loi de 1994 régissant le secteur de la forêt et de la faune, quiconque est trouvé en possession de parties d'espèces sauvages protégées est présumé avoir capturé ou tué l'animal et est passible d'une peine de prison de 1 à 3 ans et/ou d’une amende de 3 à 10 millions de FCFA.
Otric N.