Depuis le 1er septembre, les villes de Johannesburg et Pretoria sont en proie à d’importantes violences dites xénophobes. Cinq personnes ont été tuées et Cent quatre-vingt-neuf ont par ailleurs été arrêtées, a annoncé mardi 3 septembre la police locale.
Des magasins pillés, des bâtiments brûlés, des commerçants attaqués, des personnes brûlées… ce sont là des images qui circulent sur les réseaux sociaux depuis dimanche 01er septembre.
Cinq personnes ont été tuées dans la région de Johannesburg, épicentre des violences, a annoncé mardi 03 septembre la police, qui a fait état de 189 arrestations et indiqué avoir déployé des renforts dans les points chauds de la capitale économique. La police a tiré des balles en caoutchouc dans le centre de Johannesburg, la principale ville du pays, pour disperser des centaines de personnes, certaines armées de machettes et de haches. « Le plus grand nombre des victimes sont des Sud-Africains », a précisé le ministre sud-africain de la police, Bheki Cele.
« Les gars sont arrivés en trombe et ont vandalisé les magasins », explique un témoin, Gavin Booldchand, à Coronationville, une banlieue pauvre de Johannesburg où deux personnes ont été tuées mardi. « Le propriétaire d'un magasin est sorti et a tiré dans la foule […]. Il a tiré sur un Noir en plein visage », ajoute-t-il, accusant les étrangers de « prendre » les emplois des Sud-Africains.
Jusque-là silencieux, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa a pris la parole mardi après-midi pour condamner les violences xénophobes. « Les attaques visant des commerçants étrangers sont totalement inacceptables », a-t-il déclaré dans une vidéo postée sur Twitter. « Je veux que cela cesse immédiatement. Il ne peut y avoir aucune justification pour qu’un Sud-Africain s’en prenne à des gens d’autres pays », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, au Nigeria, la riposte est de taille. Depuis la journée de mardi, des actes de vandalisme ont été enregistrés contre des entreprises sud-africaines. Parmi les plus visées, le géant de la télécommunication, MTN, ainsi que le distributeur de chaînes télévisées, DSTV. Des supermarchés appartenant à des Sud-Africains ont également été pris pour cible, notamment dans la localité de Lekki, dans l’Etat de Lagos. A-t-on appris des médias locaux.
En Zambie, selon un communiqué, la riposte s’annonce non-violente. Un groupe de citoyens engagés a décidé d’organiser une marche de protestation ce mercredi 04 septembre, devant les locaux de l’ambassade sud-africaine à Lusaka, la capitale zambienne. « Cette marche n’est en aucun cas pour causer des dommages, mais simplement pour communiquer nos préoccupations et nos observations », indique le communiqué du mouvement qui reste en attente de l’autorisation des autorités zambiennes.
Pour rappel, l'Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage et la pauvreté. Cette nouvelle vague de xénophobie rappelle donc les crises de 2008 et 2015 en Afrique du Sud où, les migrants africains avaient été pris pour cible.
Danielle Ngono Efondo