Les faits se sont déroulés vers 3h dans la nuit de mercredi à jeudi à Ngoa-Ekellé. Pendant près de trois heures de temps, les habitants ont lynché leur pillard qui aurait emporté la somme de 43.000 F CFA et des téléphones.
La nuit n'a pas du tout été calme dans cette ruelle du quartier Ngoa-Ekellé à Yaoundé. Un jeune homme a été pris en flagrant délit de vol dans une boutique a été copieusement molesté par les riverains. L'alerte a été donnée quelques minutes avant 3h. Le présumé voleur venait d'être appréhendé par deux hommes qui l’ont observé pendant près d’une heure de temps.
Récit de Christian, le lanceur d’alerte du jour : « Il est d’abord venu sillonner chez nous (pointant une bâtisse à quelques pâté de maisons, ndlr) mais j’étais à l’escalier en haut. Il ne m’a pas vu. Quand il est parti, je suis monté appeler mon voisin. Il est maintenant venu rôder ici. Nous l’observions de loin. Il manipulait la porte et quand faisait du bruit, il fuyait pour se cacher dans le noir à l’intersection en haut. Il réussit à entrer et ressort quelques minutes plus tard, prend la même intersection où il se cachait. Comme il ne sortait pas, mon voisin a démarré la voiture et on a contourné pour le coincer là bas ».
La brutalité survient près de 30 min après son arrestation lorsque l’un des gérants de la boutique déclare ne pas retrouver les téléphones et la somme approximative de 43.000 francs. C’est avec un morceau de latte que commence la torture. Le jeune homme avoue être rentré dans cette boutique mais aucun mot sur l’issue des objets perdus. Son complice les aurait emportés d’après lui.
Dans un élan de vengeance, chacun des voisins présents y reconnaissait son détrousseur. « Vous volez tout. On ne peut rien laisser dehors et retrouver le matin : chaussures, récipients, tout jusqu'aux babouches. Maintenant, comme si ça ne suffisait pas, vous passez le temps à balayer les boutiques des gens ? »
La séance de bastonnade prend fin à 5h. Un gendarme passant par là, s’arrête et prend l’affaire en charge. Trente minutes plus tard, il est conduit à la brigade par des collègues dépêchés sur les lieux.
Depuis la veille des fêtes de fin d'année, les opérations de vol se multiplient dans ce secteur. Christian, le veilleur, a été victime il y a quelques jours. Son domicile a été visité à plusieurs reprises et plusieurs objets et de l’argent ont été emportés. Il s’est alors engagé dans une veille justicière, question de retrouver ces rôdeurs.
« Je ne suis pas de ceux qui dorment quand on les vole. Depuis deux jours je veille. Je n’arrivais pas à fermer l’œil tout en sachant que les gars continuent d’opérer. J'ai parcouru tous les secteurs de ce quartier aujourd'hui, contrôlé tous ceux que j'ai rencontrés », déclare-t-il. Il faut croire que son sacrifice n’a pas été vain et qu’il pourra désormais avoir du répit.
Une matinée peu ordinaire au quartier Ouro-Kanadi, en face du Collège moderne de la Bénoué. Sur la chaussée, un corps sans vie d’un jeune qui aurait été brûlé vif traîne à côté d’une moto de marque TVS, elle aussi brûlée. Une scène qui a drainé une foultitude de personnes venues s’enquérir de la situation. Interrogés sur les circonstances du drame, les témoins évoquent l’hypothèse d’un présumé voleur de moto, victime de la vindicte populaire.
« Il a volé une moto et les populations l’ont poursuivi. Elles ont décidé d’en finir avec lui. C’est l’un des malfrats qui opèrent généralement à deux voir même à trois. Certainement ses complices ont réussi à s’échapper, mais, lui mal lui en a pris », a laissé entendre un témoin qui a requis l’anonymat.
Toujours selon les témoignages, il s’agit d’une scène devenue récurrente dans la ville de Garoua. Pour Pierre Toumba : « ce sont des jeunes qui écument chaque nuit la ville et emportent par force des motos. Que ce soit les particuliers où les conducteurs de motos taxis, tout le monde est considéré par ces bandits comme cible. Ils opèrent à bord de moto, coincent leur victime en pleine circulation. Ils sortent l’arme blanche et intimide les conducteurs pour les plus chanceux, blessent ou tuent les malchanceux. Après ils entrent en procession de l’engin qu’ils remettent à l’un des leurs ».
Informés, les éléments du Corps national des sapeurs-pompiers, ceux de la gendarmerie nationale et médecins légistes de l’hôpital régional de Garoua sont descendus sur les lieux du drame pour besoin d’enquête.
Une situation qui remet en surface, le phénomène de vol de moto qui est devenu un effet de mode dans la ville de Garoua. Les populations quant à elles trouvent la solution dans le recours à la « justice populaire » comme on le dit vulgairement au quartier. Mais l’on se demande est-ce le chemin d’or pour les populations de réprimer les cas de crime dans la ville pour lutter contre les vols de motos ? A chacun d’apprécier en son âme et conscience. Toujours est-il qu’entre ce qui est dit dans les Droits de l’Homme et les réalités sociales de l’heure que nous révèle l’actualité quotidienne, le fossé paraît grand.
Innocent D.H