Ils ont exprimé leur ras-le-bol vendredi dernier par une manifestation faite dans les artères de la capitale départementale de la Meme, région du Sud-Ouest.
Près de 7 000 moto-taximen de Kumba ont juré qu'il n'y aurait plus de ville fantôme à Kumba le lundi, comme le proclament et le font respecter les groupes séparatistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les moto-taximen ont pris d'assaut les rues de la ville de Kumba, siège du département de la Meme, samedi matin (13 juillet 2019) pour protester contre le meurtre d'un des leurs par des combattants séparatistes présumés à Fiango (arrondissement de Kumba IIe). Ils ont dénoncé le fait que plus de 200 motos avaient été saisies par des membres des groupes séparatistes présumés dans la ville sans aucune réaction des moto-taximen.
Selon, Ngu Thomas, moto-taximan à Kumba, le vendredi 12 juillet vers 21h, des hommes armés ont arrêté un des leurs et lui ont demandé de leur remettre son engin. Le jeune homme de 19 ans a refusé. Alors qu'il se débattait avec eux, l'un des hommes armés a sorti une arme fabriquée localement et a tiré sur le garçon sur sa poitrine. Il est immédiatement tombé et est mort et les assaillants ont disparu avec la moto.
Après avoir appris la triste nouvelle le lendemain matin, le samedi 13 juillet, des milliers de moto-taximen sont descendus dans la rue pour protester et dire "assez, ça suffit, plus de ville fantôme à Kumba".
Avant d'aller dans les rues, les moto-taximen avaient auparavant transporté le corps du défunt à la morgue de l'hôpital du district de Kumba. Lorsque le sous-préfet de l’arrondissement de Kumba III, Verkline Epolewane, qui participait à ses activités sportives, a appris que des motocyclistes protestaient, elle est allée dans les rues du quartier général Mambanda de Kumba III et a invité les moto-taximen à son bureau pour une brève réunion.
Lors de la réunion qui s'est tenue devant son bureau, elle a supplié les jeunes gens de cesser de protester et de reprendre leurs activités normales. Epolewane Verkline, a également profité de l'occasion pour avertir les moto-taximen de s'assurer qu'ils acquièrent des documents authentiques qui les aideront à travailler.
La situation sécuritaire critique dans la ville de Kumba a obligé depuis quelques mois des habitants à fuir les troubles pour trouver refuge dans les autres régions. Il faudra souligner que la ville de Mbanga dans le littoral était fortement sollicitée au début de la crise mais, aujourd'hui, est complètement coupée de la ville d'Ediki et de Kumba (Sud-Ouest). Les trains ne circulent plus et sont tous à l'arrêt. On redoute qu’à l’allure des choses, la montée de l'insécurité inquiète dans le Sud-ouest.
Selon L’Anecdote paru en kiosque ce jour, les motos taximen de la ville de Kumba ont fait un « vacarme assourdissant » vendredi dernier. Le vacarme a été tel que les populations de la capitale départementale de la Meme, curieuses de savoir ce que qui se passait, se sont massées dans les rues, laissant leurs occupations de l’instant. Les motos taximen se sont servis de leur klaxon. Ils ont tellement utilisé leur engin, qu’à un moment de leur manifestation, les moteurs émettaient des sons dérangeant. Loin d’eux l’idée de faire passer un sale quart d’heure aux populations, ils voulaient tout simplement montrer qu’ils n’en pouvaient plus de l’opération ville morte que leur impose les séparatistes qui prônent la sécession du Cameroun. Avec arbre de la paix en main, les motos taximen de Kumba ont scandé en chœur «no ghost town, no ghost town ». En français, ce message signifie «pas de villes mortes, pas de villes mortes ».
A titre de rappel, il faut souligner que Patrick Ekema le Maire de Buea a toujours appelé les populations à braver cette opération. Il a parfois sanctionné les commerçants qui se sont pliés aux exigences des séparatistes en gardant leurs échoppes fermées.
Liliane N.