« Nous avons insisté, la semaine dernière, que l’audience de notre client soit publique mais la justice a décidé de faire un procès derrière les portes. On ne pouvait pas venir assister à cette mise à mort aujourd'hui alors qu’on a voulu parler au Cameroun publiquement. Nous avons donc décidé que ni les avocats, ni nos clients ne viendraient valider cette procédure. Si nous étions venus, cela aurait donné l’impression aux yeux du monde entier qu’il y a eu un procès convenable», explique Me Emmanuel Simh.
Interrogé par rapport à la tenue ou non d’une audience publique en Habeas corpus, celui qui occupe le poste de 2ème vice-président du mouvement pour la renaissance du Cameroun croit savoir que rien ne peut justifier le refus du tribunal : « Aujourd’hui même [mardi, Ndlr], il y a eu des dossiers en Habeas corpus dans les salles d’audience. Moi j’ai fait des salles d’audience dans le cadre du dossier du Mrc. Les autres camarades ont été entendus en audience publique. Donc il y a un problème. La chambre de conseil c’est lorsqu'on veut protéger quelqu'un. Soit il y a un mineur, soit c’est un procès qui touche les mœurs… Mais lorsque des gens vous demandent de les juger en public, il n’y a aucune raison de les juger en privé ».
Les leaders de la formation politique de celui qui est arrivé deuxième, à l’issue de la présidentielle du 7 Octobre 2018 avaient annoncé qu’ils feraient recours devant la Cour suprême, si le rejet de leur libération immédiate était confirmé. L’opportunité de la saisine de cette juridiction est actuellement en étude au Mrc. C’est dans cette logique que Maurice Kamto et ses alliés ont résolu le 09 Avril dernier, de rester dans leur cellule alors qu’ils étaient convoqués devant les juges de la Cour d’Appel du Centre.
Entre temps, l’actualité reste focalisée sur la marche annoncée dans les prochains jours, des militants et sympathisants de ce parti politique. Ceux qui adhèrent aux idéaux prônés par Maurice Kamto semblent prendre un malin plaisir à défier et à bafouer l’autorité de l’Etat qui, par la voix du ministre de l’Administration Territoriale a émis des menaces, sur la base de certains articles de loi.
Nicole Ricci Minyem
Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) souhaite obtenir l’annulation de la décision de Paul Atanga Nji, le Ministre de l’Administration territoriale.
Le Mrc conteste fermement la décision d’interdiction de ses marches prévues les 06 et 13 avril 2019. Les avocats de ce parti politique de l’opposition ont saisi le président du Tribunal de grande instance du Mfoundi le 9 avril 2019, par une requête aux fins d’annulation de ladite décision. Pour mieux comprendre cette action du Mrc, il convient de rappeler qu’en date du 05 avril dernier, Paul Atanga Nji, le Ministre de l’Administration territoriale (Minat) a décidé d’interdire les manifestations publiques annoncées par la formation politique de Maurice Kamto.
Dans la requête du Mrc portée au président du Tribunal de grande instance du Mfoundi, les conseils du parti parlent de l’incompétence du Minat à interdire une manifestation publique. Qui cependant a été déclarée auprès des autorités compétentes que sont les Sous-préfets. Les avocats citent l’article 8 (2) de la loi N°90/55. Dans ladite requête, ils écrivent qu’« aucun texte ne prévoit la possibilité que cette interdiction puisse être faite par le ministre de l’Administration territoriale. En décidant d’interdire une manifestation déclarée en lieu et place des autorités qui ont reçu la déclaration, monsieur le Ministre a outrepassé ses pouvoirs, exposant cette décision à une annulation inéluctable ».
Les avocats du Mrc soulignent que la décision d’interdire les manifestations publiques du parti a été annoncée dans les médias, sans que les responsables de la formation politique n’aient été notifiés d’un quelconque document administratif.
Dansson communiqué de presse, Paul Atanga Nji a formulé une pléthore d’accusations contre le Mrc. Le Ministre a affirmé que c’est ce parti qui a «programmé et exécuté le saccage des ambassades du Cameroun à Paris et à Berlin Atanga Nji Début avril, le MRC avait annoncé qu’il entendait organiser des manifestations publiques pour exiger la libération immédiate de son président Maurice Kamto, incarcéré depuis plus de deux mois. La formation entendait également dénoncer « la modification sélective du code électoral» et la mauvaise gestion des fonds dédiés à la construction des stades de la Coupe d’Afrique des nations 2019, qui devait être accueillie par le Cameroun avant d’être finalement attribuée à l’Égypte.
Les conseils du Mrc rejette et condamne ces propos du membre du gouvernement. Le parti de Maurice Kamto précise que les auteurs des saccages des représentations diplomatiques camerounaises ne sont pas leurs militants. Les responsables de ces actes ne se cachent pas.
Liliane N.
"Contrairement à une information en circulation, je suis formel, Maurice Kamto n’a rencontré aucun émissaire de Paul Biya dans le bureau du juge ce matin au tribunal. Il était d’ailleurs accompagné d’avocats. Après quelques minutes où il a été notifié d’un renvoi, il est retourné à la prison.
De sources sécuritaires, il aurait une brève discussion avec Penda Ekoka, Albert Dzongang, Valsero, Alain Fogue et Paul Eric Kingue. Suite au debrief, ils montent ensemble dans la voiture qui les amène au tribunal et qui avait quelques minutes auparavant transporté Maurice Kamto.
Au tribunal, avant d’entrer chez les juges, puisque l’audience est à huis clos, ils sont précédés par une douzaine d’avocats. Coup de théâtre, Alain Fogue déclare qu’il n’entre pas et ne sait pas pourquoi c’est une audience à huis clos. L’étonnement est total, mais avocats et compagnons de lutte l’amènent à entrer chez le juge. Il souligne néanmoins que c’est la dernière fois en privé.
Le juge leur fait savoir que l’affaire est renvoyée à mardi prochain. Selon nos sources, Albert Dzongang ne se retient pas. Il lance au juge : « Biya ne doit plus se cacher derrière les gens pour leur faire jouer les mauvais rôles. Nous n’acceptons plus être jugés à huis clos. Vous nous accusez d’hostilité à la patrie, il faut peuple de venir écouter au cours des débats en quoi nous lui sommes hostile ». Ils sortent du bureau du juge, fous de colère.
Dans ce contexte, Dzongang lance à nouveau à un avocat : « J’ai servi Biya. Il sait tout ce que j’ai fait pour lui. Qu’il me regarde dans les yeux et me dise si se battre pour l’avenir des enfants, d’ailleurs il a des enfants, c’est commettre un crime ». Ils embarquent dans le car et promettent de ne plus assister à une telle mascarade.
Aucun émissaire de la présidence de la République n’était présent. Ni chez Kamto, ni chez les autres.
Rappelons au sujet de la colère de Albert Ndzongang que Titus Edzoa, ancien médecin de Paul Biya, incarcéré pendant 25 ans pour avoir voulu se porter candidat contre Paul Biya confie en privé : « Biya est un homme lâche et méchant ». (Lire à ce sujet le dernier livre de Titus Edzoa : Cameroun : combat pour mon pays)."
Propos transcrits par Félix Swaboka