Dès l’annonce de cette nouvelle exceptionnelle par le gouvernement de la république dans la nuit de ce mardi, nombreux sont les conducteurs de taxis qui disent leurs colères. Ils envisagent le manque à gagner considérable ce d’autant plus qu’ils ne savent jusque quand va durer les mesures de confinement.
Joseph Foyou est chauffeur de taxi dans la ville de Yaoundé depuis 7 ans aujourd’hui. Il a ses habitudes dans la ville et il connaît très bien les saisons de vaches grasses et les saisons de vaches maigres. C’est ce conducteur expérimenté qui nous a conduit dans la nuit d’hier entre le quartier Emana et celui de Mvan.
Une fois dans son véhicule, c’est le journal du 20 h du poste national qui s’achève. Le ministre de la santé publique venait de décrire quelques applications des précautions préconisées par le gouvernement. Joseph quant à lui est dans tous ses états.
Sans attendre qu’un des passagers lui pose la question, il commente les décisions qui viennent d’être communiquées : « Les responsables du gouvernement ci sont même comment ? Quand ils prennent les décisions est ce qu’ils pensent même aux gens comme nous. Aux chauffeurs de taxi. Ils se disent que nous on va vivre comment ? ».
L’homme âgé d’environ 40 – 45 ans nous fera savoir dans la suite des conversations qu’il est un père de famille. Qu’en plus de son épouse qui se bat quand même, il a trois bouches à nourrir. Or ces enfants qui ne vont plus à l’école de manière subite, il faut qu’il voye comment faire pour les encadrer.
« Un taximan gagne son argent au jour le jour. Il n’a pas un salaire qu’on lui donne à la fin du mois comme les fonctionnaires. Même ceux qui ont des patrons et qui ne sont pas propriétaires de leurs véhicules, on les paye ne fin de journée sur la base des recettes qu’il a engrangée dans la journée. Il va faire comment pour vivre s’il n’y a pas moyen de travailler convenablement ? ».
Et quand on lui rappelle que l’exercice de leur métier n’est pas interdit mais qu’il s’agit juste de mesures de précautions pour la santé du plus grand nombre, il se dit d’accord.
« Mais c’est trop strict. Bien dites-moi, on nous demande de ne pas surcharger. Ok ! C’est pour éviter la contamination n’est-ce pas. Maintenant imaginons que nous soyons juste cinq dans la voiture. Si un d’entre nous est contaminé qu’est ce qui va empêcher que nous le soyons ? Vous voyez que ce n’est pas un problème de surcharge ».
« Ces enfants qui n’iront plus à l’école là sont une grande source de revenu pour nous. Or quand ils ne vont pas à l’école comme ça le régime de notre activité baisse. Puisque dès 6 heures tu pouvais faire deux à trois tours avec les élèves et étudiants. Avant de venir transporter les travailleurs vers 7h30. Et dire que c’est le même schéma en après-midi, vous-même voyez comment ça nous pénalise ».
Toutefois, Joseph comprends que la décision est prise et qu’il faudra s’y faire. Il envisage trouver des alternatives pour s’en sortir durant cette période qui s’annonce très difficile.
Stéphane NZESSEU