S’agit - il de l'inconséquence, de l’irresponsabilité des parents ou alors des simples coups que la vie impose à tous ceux qui n’auront pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école?
Difficile de répondre avec certitude à ces questions et à toutes les autres qui taraudent l’esprit, lorsqu’on voit ces jeunes en âge scolaire vadrouiller dans les rues, errant comme de âmes en peine et jetant de temps à autre un coup d’oeil envieux à leurs congénères qui ont renoué avec le chemin de l’école.
Nonobstant les effets de la crise sanitaire du Covid 19 avec les lourdes conséquences connues de tous, il y’a par exemple des enfants qui ont perdu leurs parents et dont l’avenir est désormais hypothéqué; C’est notamment le cas de Ariel et Marion dont le papa est décédé il y’a à peine un mois. Il était le principal pourvoyeur de fonds dans la famille, car leur maman a toujours été femme au foyer, son mari refusant qu’elle exerce le moindre métier
Ariel - enfant “déscolarisé”: “ Notre papa est mort il y’a un mois maintenant, il était malade. Nous avons un autre petit frère et maman a notre bébé qui a huit mois. Nos oncles et tantes ont promis quand on enterrait papa d’aider maman à nous envoyer à l’école mais personne n’a encore rien fait, on attend seulement mais, on ne sait pas si on va repartir aussi à l’école…”.
Un témoignage poignant, qui fait couler des larmes de tristesse surtout lorsqu’on se rend compte qu’on n’a pas soi - même les moyens de venir en aide à ces petits enfants, dont l'avenir paraît compromis.
Comme Ariel et Marion, il y’a de nombreux autres orphelins qui vivent les mêmes réalités étant donné que la gratuité de l’école primaire, demeure une simple vue de l’esprit au Cameroun. D’aucuns diront que 7000 frs, ce n’est pas cher payé mais, tous ceux qui avancent cet argument feignent d’ignorer que cette somme, pour certains demeurent un véritable luxe.
Il existe cette autre catégorie d’enfants qui déambulent dans les rues, vivant de petits larcins et considérés comme des “ nanga boko”; Pourtant, certains ont simplement besoin qu’on leur tende la main.
C’est le cas de Mustapha Dioulé - adolescent de 16 ans qui a fui les exactions de boko haram, a perdu ses parents et dont les membres de la famille sont éparpillés: “ Je suis venu avec le train parce qu’il y’a un aladji qui accepté que je porte ses bagages; c’est comme ça que je me suis caché là où on garde les gros bagages. Je venais retrouver ma tante mais, je ne connais pas là où elle habite et je dors en route ou là où il ne pleut pas…
Elle s’appelle Mariama Dioulé et elle est venue ici à la capitale depuis. Si je la retrouve, peut-être que je vais repartir à l’école, si elle a de l’argent, sinon je vais faire un commerce. Mon père et ma mère ont été tués et mes frères sont allés dans le camp mais je ne voulais plus vivre là-bas…”.
Mustapha Dioulé nourrit de grandes ambitions
“ Si je repars à l’école un jour, je vais devenir un docteur pour soigner les personnes qui sont blessées et je ne vais pas leur demander de l’argent parce que ceux qui sont dans ce genre de situation ont parfois tout perdu et ne peuvent donc pas se payer des soins de santé. Je veux les aider aussi et empêcher que les autres enfants connaissent la même situation que moi aujourd’hui, parce qu’ils ont perdu leurs parents à cause de la guerre”.
Nombreux sont les parents qui ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école à cause du paiement des frais d’Ape, exigés au moment où l’on inscrit les enfants; des frais qui varient selon les établissements scolaires et qui constituent une véritable entrave, un gros blocage à la scolarisation de jeunes Camerounais.
Les cris de détresse poussés par les parents n'émeuvent personne, surtout pas les chefs d'établissement qui renvoient les uns et les autres au ministère, affirmant que c’est là bas que les décisions se prennent et qu’à leur niveau, ils se contentent d’exécuter les ordres.
Nicole Ricci Minyem
La cérémonie qui avait pour cadre le Hilton hôtel de Yaoundé mercredi dernier, était riche en sons et en couleurs, en plus des allocutions dont celle dite par sa Majesté le Lamido Mohaman Gabdo Yahya de Banyo qui s’est exprimé aux noms de ses pairs.
Les avancées de la scolarisation enregistrées dans les sociétés traditionnelles camerounaises ont largement contribué à l’incorporation des femmes des terroirs comme notables de plein droit et à part entière dans ce monde très masculin et assez ésotérique. Aujourd’hui, les différents lamibé comportent plus de cent vingt trois (123) notables femmes qui œuvrent activement à la promotion et la défense de leurs congénères. Leurs actions portent d’ores et déjà des fruits en particulier dans le secteur socio-économique, sanitaire et scolaire.
C’est ainsi que dans le domaine socio-économique, elles organisent des séminaires pour apprendre aux femmes des petits métiers telles que la fabrication artisanale et la commercialisation des savons de ménage.
Dans le domaine sanitaire, elles facilitent la promotion de l’entraide des femmes nécessiteuses dans les accouchements multiples ou des personnes vulnérables, la détection et l’assistance aux femmes porteuses de fistules obstétricales, la collecte et la remise de dons aux femmes du 3ème âge, le dépistage et l’opération du cancer de l’utérus ou du sein, la sensibilisation des femmes sur diverses maladies à l'instar du choléra, et l’intégration des femmes dans les commissions de gestion des centres de formation agropastoraux.
Des actions qui n’auraient pu exister, sans la détermination de l'Association des Femmes et Filles de l'Adamaoua (AFFADA), qui ont finalement convaincu leurs époux, frères et pères.
Et, pour sa Majesté le Lamido Mohaman Gabdo Yahya, accepter a présence des dames au sein des chefferies est un grand pas en avant puisque : « La place de la femme dans nos sociétés traditionnelles mérite plus que jamais d’être valorisée. Elles sont nos mères, nos épouses, nos sœurs, nos filles, nos nièces, nos petites filles, nos conseillères et surtout plus nombreuses… ».
Le porte parole des Lamibé et chefs traditionnels affirment que la présence des dames notables leur a permis d’évoquer des préoccupations plus délicates : « Elles nous ont permis de nous attaquer à la sensibilisation sur les problèmes délicats des mariages forcés ou précoces, et au phénomène de déscolarisation de la jeune fille… ».
Cependant, beaucoup reste à faire
« Certes certains diront que ne n'est pas encore assez, mais nous devons avoir l'honnêteté de reconnaitre au vu des pesanteurs socioculturelles qui structurent le fonctionnement de nos communautés, que beaucoup a déjà été fait, et que la dynamique actuelle autorise à avoir foi en l'avenir pour un plus grand essor des femmes… ».
La cérémonie de ce mercredi a connu la présence de nombreuses personnalités, parmi lesquelles la Coordinatrice Résidente des Nations Unies, le Haut Commissaire du Canada, la Présidente de l'Association des Femmes et Filles de l'Adamaoua (AFFADA) et le ministre de l’Administration Territoriale. Des personnalités qui se sont toujours tenues à côté des chefferies traditionnelles et parrainé les innovations qui avaient opportunément été introduites. Même si chaque Lamidat a ses propres réformes et ses préoccupations.
Une présence très appréciée par les Chefs Traditionnels : « Sans mépriser nos valeurs traditionnelles, ni leur tourner complètement le dos, nous pensons qu’il est de notre devoir en tant que gardiens de la tradition, d’amorcer avec prudence et clairvoyance, le virage qui permettrait de moderniser nos institutions traditionnelles tout en conservant jalousement ce qui font leur essence, leur extraordinaire charme et leur légende… ».
Nicole Ricci Minyem