Certains habitants de Yaoundé vivent avec une nouvelle maladie qui affecte aussi bien leur physique que leur moral. Ce malaise s’appelle « La route ». Dans la commune de de Yaoundé II, le tronçon Nkolbikok – Mokolo est un vrai parcours du combattant autant pour les piétons que pour les automobilistes. La route est truffée de nids de poules, d’énormes mares d'eaux stagnantes, intensifiées en cette période de pluie.
Il faut se rendre à Mokolo pour comprendre l’expression « le Cameroun a mal à ses routes. » En effet, il est très difficile de se déplacer dans cette partie de la ville de Yaoundé. Les véhicules sont obligés de se déplacer très lentement et mettent deux à trois fois plus de temps que sur les routes goudronnées.
Au lieu-dit "ancien stationnement de Douala", il faut protéger sa voiture, ne pas gratter celle du voisin ou tout simplement éviter de cogner les conducteurs de mototaxis. Scène bien difficile à produire. Et que dire des embouteillages causés ? Autant d’embûches difficiles à surmonter au quotidien. Et c’est depuis de nombreuses années que cela dure. Les populations essayent de s’y accommoder sans vraiment y parvenir. « Nous essayons de nous adapter mais c’est dur. A peine tu laves ta voiture que tu reviens la salir ici. Tous ces trous fragilisent nos amortisseurs, et quand ils finissent par s’abîmer, les réparations nous reviennent très chères », témoigne un conducteur de taxi.
« Cette route nous permet d’aller nous ressourcer au marché mais pour arriver à notre trésor il faut traverser une rivière pleine de « crocodiles » car sur un tronçon d’à peine 200 mètres on passe pratiquement une heure de temps pour arriver au marché proprement dit. C’est très désolant pour un pays en voie de développement. Or lorsqu’on parle de marché de référence en Afrique centrale, le marché de Mokolo apparaît comme l’un des plus grands marchés dans la sous-région. Mais que fait le gouvernement pour palier à cette situation ? Il doit agir. Car c’est l’image de notre 237 qui est détériorée », déclare Nathalie en colère.
Cette situation est loin de s'arrêter aux simples besoins des ménages. Certains y voient des failles pour des grands projets dans lesquels le pays s'est engagé. « Au vu de cette route et de toutes les autres qu’on trouve dans la cité capitale, je ne pense pas que le Cameroun est prêt à organiser une Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Ne soyons pas surpris si l’on assiste à un second glissement de date en 2021 », indique Stéphane.
Notons que, le chef de l’Etat, son Excellence Paul Biya a, au fil des mandats conçus des projets de société visant à mettre ses compatriotes à l’abri du besoin. Lors de la campagne de 2004, il avait parlé des « Grandes Ambitions » pour le Cameroun. L'objectif des « Grandes Ambitions » était de donner au Cameroun les moyens de sortir du sous-développement pour l'amener à la modernité et d'en faire, à moyen terme, un pays émergent. Toutes les études ayant été réalisées et les financements nécessaires trouvés, l’on est passé à la phase de la mise en œuvre. C’est ainsi que l’on est passé aux « Grandes Réalisations » qui voulaient impulser une nouvelle dynamique pour le Cameroun. La phase de réalisation des grands projets a débuté. Pendant sept ans, les chantiers ont été lancés pour transformer le Cameroun. En 2018, estimant que la fin des travaux viendrait donner une bouffée d’oxygène, Paul Biya a annoncé les « Grandes opportunités ».
Des grandes opportunités qui passent aussi par la construction des infrastructures routières. Seulement, c'est avec grande peine que l'on déplore le nombre de projets qui jusqu’ici n’ont pas été conduit jusqu’au bout. Et lorsque l’on cherche à savoir à quoi cela est dû, la réponse est rapidement trouvée. La corruption serait le principal frein qui bloque la réalisation de tous ces projets. Pendant que ces responsables jouissent par ces fléaux, les populations, continuent toutes seules à peiner dans les conséquences et encaisser des pertes.
Danielle Ngono Efondo