6 400 tonnes de poissons ont été saisies dans les eaux du barrage de Lagdo dans la région du Nord, par la délégation régionale de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales, au cours de la période du repos biologique. A-t-on appris.
Pendant cette période de trois mois, qui s’étend de juillet à septembre de chaque année, les activités de pêche sont généralement interdites dans les eaux du barrage, pour permettre la régénération des poissons. Mais visiblement, des pêcheurs passent très souvent outre cette mesure d’interdiction.
Selon le Dr Françoise Erayavaï Bouba, délégué régional, qui a accordé un entretien au trihebdomadaire L’œil du Sahel « des études ont été menées pour déterminer la meilleure période de reproduction des poissons qui s’étend sur 4 à 5 mois. L’on a arrêté la période du 1er juillet au 30 septembre 2019 pour le repos biologique. L’enjeu du repos biologique est de permettre à la population aquatique de se reproduire, de se développer afin d’être disponible en quantité abondante pour les populations », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, Adamou, pêcheur et vendeur de poissons à Lagdo a confié : « Malgré nos multiples efforts pour sensibiliser et encadrer les pêcheurs, certains, avec la complicité des autorités locales et des forces de maintien de l’ordre, réussissent à violer la réglementation pour pêcher du poisson et contribuent ainsi à faire chuter gravement la production du poisson. Il faut le dire, c’est dans notre intérêt à tous, quand les gens soudoient les autorités, sous le prétexte qu’ils ont de gros clients au Nigéria prêts à reprendre leur marchandise, on arrive malheureusement à cette situation. Heureusement que madame le délégué régional et ses équipes sur le terrain ont été très vigilants cette année, ce qui a permis de saisir ces poissons frauduleusement pêchés. »
Pour ce dernier, Il est grand temps que l’on mette fin, que l’on réduise significativement les exportations des produits de pêche vers le Nigeria voisin. « Cela nous cause beaucoup de tort et tout ceci se fait au vu et au su des autorités. Nous, les pécheurs locaux, sommes énormément pénalisés et sur le marché cela entraîne une forte surenchère du poisson alors que nous possédons des quantités qui peuvent nous permettre de ravitailler normalement le marché local », a-t-il conclut.
Selon des sources concordantes, 7365,46 tonnes de poissons ont été pêchés dans la région du Nord entre janvier et juin 2019. Environ 2014,04 tonnes de poissons fumés au cours de la même période. Une production en hausse par rapport à l’année 2018.
Danielle Ngono Efondo
Une rareté qui intervient suite à l'instauration du repos biologique sur la retenue d'eau de Lagdo depuis le 01er juillet dernier. Les étals sont presque vides, et les commerçantes sont désorientées.
Selon les experts, le repos biologique est instauré chaque année du 01er juillet au 30 septembre depuis 2013. Il a pour objectif de permettre une bonne reproduction des poissons. Durant cette période, toute activité de pêche est interdite sur la retenue d'eau de Lagdo. Une situation qui entraîne inévitablement, la rareté de poissons sur les marchés dans la ville de Garoua. Cas pratique au marché dit "Sous le pont de la Bénoué", les étals de poissons sont quasiment vides, ce qui met en difficulté les vendeuses qui, avouent faire de bonnes affaires pendant le reste de l’année. "Les quelques carpes que nous avons là sortent de Lom Pangar. La retenue d'eau de Lagdo qui nous aidait beaucoup est fermée et c'est difficile pour nous en ce moment. Parfois, nous préférons même rester à la maison", regrette Colette Mingo Kole, vendeuse.
Une réalité dure à surmonter par les clientes qui sont obligées à revoir les menus de leurs plats. Pour Esther Saratou : "La rareté de poissons sur le marché a entraîné la cherté, le tas de 1.000 francs s'achète aujourd'hui à 2.000 francs cfa. On se bat seulement comme ça. On préfère acheter encore de la viande pour nourrir la famille", déclare-t-elle.
Pour l'instant, les fervents consommateurs du poisson doivent garder leur mal en patience, en attendant le 30 septembre pour avoir leur denrée en qualité et en quantité sur les marchés.
A la Délégation régionale des pêches et des industries animales, toutes les dispositions sont prises pour amener les populations au respect de ce repos biologique qui est très important pour assurer la survie et la pérennité des ressources halieutiques.
Innocent D H