L’Abbé Cyprien Amougui, curé de la paroisse Saints Philippe et Jacques de Ndongko soupçonne le vieil homme de pratiques de sorcellerie, c’est la raison pour laquelle il a pris la décision de lui infliger cette flagellation.
Les images et commentaires publiés sur les réseaux sociaux sont parvenus à son supérieur qui a pris la résolution de le suspendre jusqu’à nouvel ordre
Dans une lettre de suspension, Joseph Marie Ndi Okalla, évêque du Diocèse de Mbalmayo écrit :
“Il est parvenu à ma connaissance la circulation dans les réseaux sociaux d’une vidéo vous mettant en scène de bastonnade publique, avec des tiges de Macabo, d’un citoyen originaire de votre paroisse.
Vous le traitez de sorcier et l’accusez de s’être introduit clandestinement dans votre presbytère et d’y avoir introduit des choses…”.
Pour l’Evêque du Diocèse de Mbalmayo, ce n’était pas la chose à faire.
“Quelle que soit la situation complexe autour de la victime et notamment les actes dits de sorcellerie imputées à la personne incriminée :
Vous devez garder comme chrétien et à fortiori comme prêtre un profond respect pour toute personne créée à l’image de Dieu. Cela exclut tout abus d’autorité, l’humiliation publique ou toute identification de la personne à son délit.
C’est vous qui devez mener un combat vrai et juste contre la tendance non pastorale qui consiste à considérer, sans preuve aucune, que toutes les personnes âgées sont de potentiels ou de vrais sorciers.
Vous n’avez pas le droit de vous rendre justice quelles que soient les circonstances et surtout de vous permettre de proférer des menaces de mort à l’endroit de quiconque.
Au nom de quoi pensez-vous être au-dessus du respect des droits fondamentaux des citoyens qui ont, chacun, droit à une justice équitable?
Cet incident est grave. L’acte a créé un scandale et de la confusion parmi les membres du Peuple de Dieu en général et divise particulièrement les brebis que Dieu vous a confiées par ma personne…”.
Par conséquent,
“Dans le but de rétablir la justice, d’en appeler à votre discernement et amendement et de réparer le scandale (C 1341),
Je vous demande :
De suspendre jusqu’à nouvel ordre, toutes fonctions d’enseignement, de sanctification et de gouvernement dans la Paroisse Saints Philippe et Jacques de Ndongko, dont je vous ai confié la charge.
Pour lieu de résidence, nous vous orientons vers un Centre spirituel Monastère pour un temps de discernement”.
Seulement, les dernières informations sur cette affaire font état de la colère des fidèles de cette paroisse qui revendiquent le retour de leur prélat.Ils ont bruyamment manifesté pendant le week-end, barrant la route avec des morceaux de bois et montrant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : “Ramenez notre curé, Abbé Cyprien Amougui”.
Nicole Ricci Minyem
Le prélat avait été kidnappé alors qu’il effectuait une tournée dans le diocèse de Mamfé, dans le cadre de la célébration de la Pentecôte ; Ses kidnappeurs l’ont relâché le 1er Juin dernier, dix jours de captivité
Accueilli par ses fidèles qui, l’on s’en souvient, ont initié des marches afin d’exiger sa libération, mais aussi interpeller les ambazoniens afin qu’ils arrêtent de s’en prendre aux prêtres installés dans les Régions du Nord et du Sud Ouest, l’Abbé Christopher Eboka a redit sa Foi et sa confiance au Seigneur qui lui a permis d’être sain et sauf devant eux :
« Je vous dis toujours que la prière est notre seule arme. Sans la prière, nous ne sommes rien. Dieu nous a montré le signe après neuf jours de prière intense, c’est-à-dire une neuvaine complète. Après ces neuf jours de prière, le Seigneur l’a fait pour nous ; Nous ne pouvons que lui dire Merci et le servir avec plus de passion, parce qu’une fois de plus, il nous a montré qu’il est un Dieu vivant… ».
L’Eglise Catholique pointée du doigt des deux côtés
Les ambazoniens, dans un communiqué qui leur est attribué et qui circule sur les réseaux sociaux, accusent « l’église mère » de « jouer un rôle trouble dans le conflit qui les oppose à l’Armée Camerounaise… ».
Pour ces individus sans Foi ni Loi, c’est un tort de leur demander de déposer les armes et le kidnapping de l’Abbé Christopher Eboka selon eux, est un message fort :
« Cette arrestation est un message que nous voulons envoyer à l’Église catholique pour lui demander de revoir sa position. Nous exigeons que l’armée de Biya dépose les armes et s’en aille…», peut – on entre autres lire dans le fameux communiqué.
Une accusation que rejette Mgr Andrew Nkea - archevêque de Bamenda qui se confiait à ce propos dans le cadre d’une interview réalisée par nos confrères du journal la Croix Africa ; Entretien au cours duquel il a affirmé que l’Eglise Catholique est entre le marteau et l’enclume car accusée par les différents protagonistes :
« Il arrive que les séparatistes nous accusent d’être proches du gouvernement et que le gouvernement aussi nous accuse d’être proches des séparatistes, alors qu’il n’en n’est rien. L’Eglise ne saurait prendre part à un conflit en s’alignant derrière tel ou tel autre protagoniste. Notre rôle est de prier pour que la Paix revienne, pour la réconciliation et nous nous limitons à cela… ».
Malgré ces explications, le bilan est lourd au sein de cette congrégation religieuse. Depuis le début du conflit, l’on a noté trois décès : le père Alexandre Sob Nougi assassiné le 20 juillet 2018 ; Gérard Anjiangwe - séminariste du diocèse de Bamenda, tué le 4 août 2018 et le père Cosmas Omboto Ondari - missionnaire kényan, mort en novembre 2018. Les enlèvements quant à eux, sont innombrables car ils se comptent aujourd’hui par dizaines.
Nicole Ricci Minyem
Dans un communiqué publié le 20 mars 2019, le Père Jean Miguina de la confrérie Custodie Générale du Tchad et de Centrafrique, a annoncé le « décès brutal » de l’abbé Toussaint Zoulmadé à Ngaoundéré dans la nuit de mardi à mercredi 20 mars 2019. Cet homme de Dieu assassiné à Ngaoundéré, venait de Bouar en République Centrafricaine où il avait animé une session en faveur des prêtres du diocèse de cette localité. Il a repris la route le mardi 19 mars dernier pour rejoindre sa fraternité de Baibokom au Tchad, en passant par la région de l’Adamaoua au Cameroun. C’est pendant le trajet retour qu’il a été assassiné par des hommes encore non identifiés, à N’Gaoundéré, où il avait décidé de faire une escale. « Arrivé à Ngaoundéré, il voulait passer la nuit et continuer le lendemain. Là, il a été assassiné par des hommes inconnus », explique le Père Jean Miguina dans ledit communiqué. A en croire ce dernier, les démarches sont en cours pour rapatrier les dépouilles de l’abbé Toussaint Zoulmadé à Bouar en République Centrafricaine.
Cet autre assassinat intervient au moment où le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, séjourne dans l’Adamaoua pour l’installation des officiers militaires récemment nommés par le Président de la République. Depuis quelques mois, l’insécurité a atteint de proportions inquiétantes dans la région de l’Adamaoua. De 2015 à 2018, 311 personnes ont été enlevées, 29 personnes libérées suite à l’intervention des forces de défense et des comités de vigilance, 70 personnes tuées, 212 personnes libérées après paiement de rançon d’un montant total de 2,1 milliards de F, a révèlé le dernier rapport présenté par « l’association Mboscuda », l’une des associations victimes du phénomène du rapt des éleveurs dans l’Adamaoua, au mois de janvier dernier. Le phénomène de kidnapping des bergers est préoccupant dans la région. Sur les cinq départements que compte l’Adamaoua, seul le Mayo-Banyo n’a enregistré aucune prise d’otage.
Suite aux multiples plaintes des populations, en particulier des éleveurs et des commerçants. Ainsi, 130 éléments du Groupement Polyvalent d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GPING) ont été déployés dans cette partie du pays le 30 janvier 2019. Selon Abdoulaye Nana, président de la cellule de coordination de l’Association pour la promotion de l’élevage au Sahel (Apees), cette insécurité dans la région de l’Adamaoua est principalement le fait des incursions dans cette partie du Cameroun des rebelles centrafricains de la Seleka et anti-balaka, qui sévissent le long des frontières que partage le Cameroun avec la Centrafrique.
Marie Mgué