La Belgique, par la voix du premier ministre Charles Michel, a présenté jeudi 4 avril, à la tribune de la Chambre, les excuses aux métis pour les « injustices » subies par les milliers d'enfants métis nés en Afrique de père belge pendant la période coloniale, et arrachés à leurs mères, congolaises, rwandaises et burundaises, pour être placés à l'écart de la population.
« Au nom du gouvernement fédéral, je reconnais la ségrégation ciblée dont les métis ont été victimes sous l'administration coloniale du Congo belge et du Ruanda-Urundi jusqu'en 1962 et suite à la décolonisation, ainsi que la politique d'enlèvements forcés y afférente », a déclaré le Premier devant la Chambre.
« Au nom du gouvernement fédéral, je présente nos excuses aux métis issus de la colonisation belge et à leurs familles pour les injustices et les souffrances qu’ils ont subies », a-t-il ajouté.
Dans sa déclaration, il a détaillé les injustices et les souffrances subies par ces personnes dès leur naissance dans les colonies belges. Les milliers d'enfants nés d'un homme blanc, agent de la colonie, et d'une femme noire étaient considérés comme une menace par le système colonial qui ne tolérait pas de telles unions. Les enfants étaient alors enlevés à leur mère et confiés à des religieux. L’Église de Belgique a d’ailleurs elle-même présenté ses excuses pour cela il y a deux ans. Entre 1959 et 1962, les trois dernières années de la présence belge en Afrique centrale, ces enfants ont même été envoyés en nombre en Belgique, placés dans des familles voire des orphelinats, sans le souci de préserver les fratries.
« En mettant en place dans l’Afrique coloniale belge un système de ségrégation ciblée à l’encontre des métis et de leurs familles, l’État belge a posé des actes contraires au respect des droits humains fondamentaux, » a souligné le Premier ministre belge.
Le gouvernement s'est concerté avec l'Association des métis de Belgique pour prendre une série de mesures, en particulier dans le domaine administratif pour faciliter la consultation d'archives et la réalisation d'une étude. En ce qui concerne les difficultés liées à la nationalité belge et aux actes de l’état civil, un point de contact sera créé au SPF Justice. De nombreux métis ont longuement applaudi la déclaration du premier ministre Charles Michel.
Selon l’un des fondateurs de l’Association des métis de Belgique, c’est la première fois que la Belgique se confronte à sa mémoire coloniale.
Danielle Ngono Efondo