Accompagné d’une grande violence et potentiellement destructeurs, entravant les efforts déployés pour lutter contre l’épidémie dévastatrice de Covid 19, les informations font état du décès d’au moins six personnes ce week-end en raison de pluies torrentielles et de vents puissants
Les météorologues affirment que la « tempête cyclonique extrêmement sévère » devrait toucher terre lundi entre 20 heures et 23 heures heures locales, accompagnée de vents de 155 à 165 kilomètres/heure, avec des rafales pouvant atteindre 185 km/heure, a averti le département météorologique indien. Le département a prévenu que des ondes de tempêtes pourraient atteindre jusqu’à trois mètres de haut dans certains districts côtiers du Gujarat.
Les malades Covid déplacés
Tauktae s’apprête à frapper à l’heure où l’Inde affronte une deuxième vague épidémique d’une grande violence, qui fait chaque jour plus de 4.000 morts. Les hôpitaux sont saturés, les personnels soignants à bout de force, l’oxygène et les médicaments manquent. Bombay (Ouest), capitale de l’Etat du Maharashtra, est déjà inondée.
Les autorités ont fermé ce lundi l’aéroport pendant plusieurs heures et demandé à la population de rester à l’abri après avoir dû, dimanche, évacuer 580 malades du Covid-19 « vers des lieux plus sûrs » depuis trois hôpitaux de campagne. Le Maharashtra a évacué environ 12.500 personnes des zones côtières.
Dans le Gujarat, plus de 100.000 personnes ont été évacuées dans 17 districts durant la nuit de dimanche à lundi et tous les malades du Covid-19 soignés dans les hôpitaux situés à cinq kilomètres de la côte ont également été déplacés. Les autorités de cette région s’efforcent d’éviter toute coupure d’électricité dans les quelque 400 hôpitaux et 41 usines d’oxygène des 12 districts côtiers où le cyclone devrait frapper le plus fort.
La double peine du cyclone
« Pour être certains que les hôpitaux traitant le Covid ne sont pas confrontés à des coupures de courant, 1.383 générateurs ont été installés », a déclaré un haut fonctionnaire local, Pankaj Kumar. Trente-cinq « couloirs verts », accès prioritaires pour approvisionner en oxygène les hôpitaux Covid, ont également été aménagés, a-t-il ajouté.
Les protocoles sanitaires contre le virus, tels que le port de masques, la distanciation physique et l’utilisation de désinfectants, seront observés dans les abris pour les personnes évacuées, ont précisé les responsables. L’État du Gujarat, qui a officiellement enregistré 9.000 décès dus au virus – un bilan probablement sous-évalué comme partout dans le pays, selon les experts-- a également suspendu la campagne de vaccination durant deux jours. Bombay a fait de même pour une journée.
L’Inde, qui compte 1,3 milliard d’habitants, a recensé lundi 4.100 décès et près de 280.000 nouveaux cas de Covid au cours des dernières vingt-quatre heures, portant le bilan total depuis le début de la pandémie à près de 25 millions de cas – un doublement depuis le 1er avril-- avec plus de 250.000 décès.
« Ce cyclone est une terrible double peine pour des millions de personnes en Inde », a réagi dans un communiqué Udaya Regmi, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Le cyclone fait déjà ses premiers morts
Des milliers de secouristes ont été mobilisés pour affronter la première grosse tempête tropicale de la saison et des unités des garde-côtes, de la marine, de l’armée de terre et de l’armée de l’air ont été placées en état d’alerte, a déclaré le ministre de l’Intérieur, Amit Shah, dans un communiqué.
Quatre personnes ont péri samedi à cause des pluies diluviennes et des vents violents frappant l’Etat du Karnataka (Sud-Ouest), d’après l’agence de gestion des situations d’urgence.
Deux personnes sont également mortes dans l’Etat touristique de Goa, a indiqué dimanche le chef du gouvernement local Pramod Sawant. Selon des médias locaux, deux autres personnes ont perdu la vie et 23 pêcheurs sont portés disparus dans l’Etat voisin de Kerala (Sud). En mai 2020, également durant la pandémie de Covid-19, plus de 110 personnes avaient péri lors du passage du puissant cyclone Amphan qui avait ravagé l’Est de l’Inde et le Bangladesh.
N.R.M
Dans la nuit de jeudi 14 à vendredi 15 mars, le cyclone Idai a touché la côte est-africaine près de la ville de Beira, au Mozambique. Les vents violents, associés à des pluies torrentielles qui ont touché la côte avant de poursuivre leur course folle au Zimbabwe et au Malawi ont fait, pour le moment, 173 morts dans les deux pays dont 84 au Mozambique. Ce bilan pourrait considérablement s'aggraver, selon les autorités mozambicaines, notamment à Beira, la deuxième ville du pays.
Dans un communiqué, la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, indique que la ville de Beira, qui compte un demi-million d'habitants, a été dévastée. L'étendue des dégâts y est « énorme et terrifiante ». Les images postées sur les réseaux sociaux montrent des rues de Beira jonchées d'arbres déracinés, d'éclats de verre, de tôles emportées. « 90 % de Beira et de ses alentours ont été endommagés ou détruits », écrit la FICR.
Selon plusieurs témoignages des habitants, les rues de la ville sont jonchées d'arbres déracinés, d'éclats de verre et de tôles emportées. Des images aériennes, transmises par l'organisation Mission Aviation Fellowship, montrent aussi des dizaines de personnes bloquées sur les toits de bâtiments en dur, entourés d'eau.
Un bilan provisoire de l'Institut mozambicain de gestion des désastres fait état de 873 maisons emportées dans la région de Beira, 24 hôpitaux détruits et 267 classes d’école partiellement ou complètement englouties.
D’après le président mozambicain, cette situation pourrait encore empirer. Filipe Nyusi était lundi matin à Beira. Et dans une intervention télévisée, à Maputo, il a déclaré « Pour le moment, nous avons officiellement 84 morts mais quand on a survolé la zone, tôt ce matin, pour comprendre ce qui se passe, tout laisse à penser que le bilan pourrait dépasser les 1 000 morts ». Le chef de l'Etat mozambicain en appelle au renforcement des opérations de sauvetage et a également demandé à ses concitoyens qui habitent près des rivières, de quitter la zone pour sauver leurs vies. Plusieurs barrages ont en effet déjà lâché, alors que d'autres ont atteint leur niveau maximum.
Rappelons que, le Mozambique est régulièrement frappé par les intempéries. En 2000 déjà, des crues avaient causé la mort de 800 personnes. Mais selon les météorologistes, Idai serait le cyclone le plus puissant que l’Afrique australe ait connu ses dix dernières années.