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Une réflexion de Cabral Libii – Président du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale sur « L'impuissance apprise en politique »

 

« Depuis quelques jours tournent en boucle les images du Mali et des manifestations gigantesques contre le pouvoir du Président IBK pourtant « démocratiquement » élu et dont le mandat n'est pas encore arrivé à terme.

Ce pays pour un camerounais d'aujourd'hui semble fascinant du point de vue politique. Il doit bien se demander comment l'opposition malienne a fait pour mobiliser une foule aussi immense pour l'objectif de l'alternance immédiate ?

Plus loin, comment le Mali et d'autres pays d'Afrique de l'Ouest font pour avoir des taux de participation aux échéances électorales qui tournent au minimum à 70% alors qu'au Cameroun nous faisons à peine la moitié de ce score. D'ailleurs lors des dernières élections législatives et municipales, ce taux était encore plus faible qu'à l'élection présidentielle.

On est donc en droit de se demander comment un peuple qui a été très vite imprégné des luttes politiques d'abord contre le colon (Douala Manga Bell, Ngosso Din, Martin Paul Samba, Um Nyobe, Ossende Affana), ensuite contre le pouvoir dit « néocoloniaux » en place (Mongo Beti, Ernest Ouandie, ) et surtout était pleinement mobilisé aux premières heures du multipartisme dans les années 90, a pu progressivement sombré dans la résignation politique ?

Depuis l'élection présidentielle de 1992, les taux de participation aux élections n'ont cessé de dégringoler pour se réduire à une portion congrue aujourd'hui. Au delà de toutes les causes logiques invoquées de cette triste situation (mauvais code électoral, fraudes électorales, etc), je crois que la vraie raison est ailleurs: Un ressort s'est probablement cassé dans le mental politique du peuple camerounais.

Pour comprendre ce qui s'est passé, il faut lire les travaux du psychologue Martin Seligman sur le concept de L'impuissance apprise, en anglais « Learned Helplessness ».

Martin Seligman et ses collègues dans les années 60 ont démontré que face à de petits chocs électriques incontrôlables, un animal finit par s'installer dans l'apathie et la résignation. Ils ont aussi démontré qu'attachant par exemple un animal comme l'éléphant ou le cheval étant petit à une petite corde, devenu adulte, cet animal pouvait rester attaché à cette « petite » corde, alors que suffisait un petit mouvement pour la couper et se libérer.

Il a appelé ce phénomène l'Impuissance Apprise. L'animal a appris dès son jeune âge qu'il ne pouvait pas couper cette petite corde et se libérer. Parvenu à l'âge adulte, l'impuissance de se libérer de cette corde, malgré la force physique qu'il détient désormais, est bien ancrée dans sa tête. Il restera donc toujours attaché à cette petite corde jusqu'à sa mort.

 

Quelles leçons en politique ?

Le peuple camerounais est l'un des plus cultivé et des plus éveillés d'Afrique. Mais c'est un peuple traumatisé par l'échec. Des échecs à répétition. Les acteurs de La lutte contre l'indépendance, largement soutenu par le peuple ont échoué à prendre le pouvoir, gracieusement remis à une autre personne. Des mutins ont échoué leur tentative de coup d'État en 1984, ce qui à cette époque était la chose la plus réussie en Afrique.

Un parti d'opposition, malgré sa victoire présumée a échoué à accéder à la magistrature suprême en 1992. En 2008, les émeutes de la faim ont été écrasées par le pouvoir avant qu'elles ne puissent avoir l'ampleur attendue. Toutes les élections depuis 1992 sont émaillées de fraude, dans la plus grande indifférence de la communauté internationale.

Toute cette succession de traumatismes a fini par installer le peuple dans la résignation mentale et politique. Face à ce désarroi, le pouvoir dos au mur, reprend de l'assurance. Il se dit que s'il a déjà fait 30 ans au pouvoir, il peut faire 30 ans de plus. On rentre donc dans un cercle vicieux dans lequel seul le peuple est perdant.

Cette résignation politique du peuple est malheureusement alimentée par les discours défaitistes de certains acteurs politiques et leaders d'opinion. Ils utilisent (inconsciemment) des petites "cordes mentales" qui attachent le peuple à son fatidique sort. À ce sujet, des raisons (parfois très pertinentes ) seront mises en avant ; ils parleront de la préalable modification du code électoral, des procédures administratives tortueuses, du harcèlement (inadmissible) des autorités, du soutien réel ou imaginaire des grandes puissances coloniales au régime en place, de la trahison ou du non alignement de tel ou de tel autre acteur politique, etc...

Tous ces "petites cordes" mentales vont créer et/ou renforcer L'Impuissance Apprise Politique chez le peuple. La berceuse de l'affecte s'enrichit chaque jour de nouveaux couplets soporifiques. Y en a qui croient que dire tout le temps ce qu'on sait avec de nouveaux mots, relève du génie.

 

Que faire ?

L'alternance au Cameroun est possible par 3 mécanismes :

 1. Un coup d'État militaire ;

 2. Un insurrection populaire ;

 3. Une alternance par les urnes.

De mon point de vue (et je reconnais que je peux me tromper), seule la troisième voie est porteuse de moins d'incertitudes et à la portée du peuple. Mais pour autant, pour y arriver, il faut constituer la masse critique électorale comme contre-pouvoir aux machinations et tentatives de fraudes du pouvoir. Avoir au moins 11 millions d'inscrits et qu'au moins 85% aillent voter le jour J, fait basculer le rapport de forces électoral en faveur du peuple.

Mais pour y arriver, les acteurs politiques et les leaders d'opinion doivent absolument tenir un discours positiviste. Dire au peuple que c'est possible, lui redonner confiance à ses capacités de se libérer des "petites cordes mentales". Cette rééducation mentale peut prendre un certain temps, mais le succès sera coup sûr au rendez-vous. J'y crois dur comme fer.

L'Impuissance Apprise Politique est le seul allié au régime moribond de Yaoundé qui veut s'éterniser au pouvoir pour les 30 prochaines années. Elle fait effectivement mal à notre peuple, mais elle n’est pas une fatalité. Nous pouvons ensemble la traiter pour vivre enfin dans Un Cameroun qui protège et qui libère les énergies ».

 

N.R.M

 
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Le leader du tout nouveau parti politique, le MP3, propose la composition d’un nouveau gouvernement pour sortir de la crise politique que traverse le Cameroun ces derniers temps.

 

Une solution qui se décline en trois préalables. D'abord, la composition d’un gouvernement de transition avec un effectif réduit et des personnalités même les plus controversées de l’heure.  Un gouvernement avec en tout 43 ministres et assimilés au lieu des quatre vingtaines actuelles. Avec des personnalités et des affectations aux postes plutôt insolites. Tenez, le parti de Morgan Palmer propose dans son gouvernement de transition que le Professeur Maurice Kamto tienne les rennes du Premier Ministère. Pendant ce temps Sissiku Ayuk Tabé sera introduit aux fonctions de Ministre de l’intérieur. Cabral Libih, Serge Espoir Matomba, Joshua Osih, Edith Kah Walla et d’autres acteurs politiques de premiers rangs ont leur place dans ce gouvernement.  On y retrouve aussi des artistes et des footballeurs, précisément Manu Dibango au Ministère des Relations Extérieurs et Samuel Eto’o Fils en charge du Tourisme du Cameroun. Morgan Palmer a également pensé aux membres de la société civile, de tous les bords intellectuels. Il reconnaît aussi certains membres du gouvernement actuel, fruit du casting du Président Paul Biya. On peut y lire les noms de Manaouda Malachie, Celestine Ketcha Courtes, Paul Atanga Nji et bien d’autres. Un gouvernement fictif certes, mais qui serait salutaire pour la quiétude nationale.

Le deuxième aspect des améliorations à apporter sont de l’ordre du pardon général à tous les acteurs de la crise actuelle. Le Président du parti MP3 demanda que soit décidée une amnistie générale. Il s’agira d’une mesure exceptionnelle en direction de tous les camerounais incarcérés du fait des différents conflits politiques y compris ceux du Nord-ouest et du Sud-Ouest. Notamment, pour les prisonniers condamnés à mort, pour les prévaricateurs de deniers publics (sous certaines conditions) et pour les détenus de droits communs.

Que peut faire le patriarche Paul BIYA pour ramener la stabilité ? Qu'aurait fait le MP3 à sa place?

Selon le MP3, « La vérité apparait chaque jour implacable. Le vieux est en mal de vigueur. Au-delà des images, la solitude du pouvoir n'a jamais aussi bien été illustrée que ces derniers temps. Plusieurs fois, la ''Mam's'' a fait des pieds et des mains pour rattraper les couacs rythmant une fin de règne qui commence à être chaotique... » C’est pourquoi, ce parti de proposition trace la voie de la sortie de crise.

Paul Biya devrait  déclarer une autonomie de gestion pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ce qui revient à mettre en pratique les résolutions du Grand Dialogue National à l’endroit de ces régions. Ceci, « dans un esprit de péréquation, cette région devra en revanche reverser 35% des rentes pétrolières et minières à l'état central. » Après quoi, on devrait retrouver une véritable accalmie.

 

Stéphane NZESSEU

 

PROPOSITION DE GOUVERNEMENT DE TRANSITION RESSERRE

 

- SGPR : Viviane  Ondoua Biwolé

- SGPR Adjoint : Samuel Mvondo Ayolo

- DCCPR : Osvald BABOKE

- DCCPR adjoint : Simon Pierre Omgba Mbida

 

- PM : Maurice Kamto

- SGPM : Eric Chinje

- SGPM Adjoint : Atangana Jean Joseph

- Ministre de la Jeunesse : Cabral Libih

- Ministre des Sports : Patrick Mboma

- Ministre de la Planification : Christian Penda Ekoka

- Ministre de l'Industrie : Zacharie For Njidam

- Ministre de la Santé : Malachie MANAOUDA

- Ministre des Finances : Matthieu Mandeng

- Ministre des Mines et Hydrocarbures : Perrial Nyodog

- Ministre de l'Eau et de l'Energie : Celestine Ketcha Courtes

- Ministre de la Culture : KAH WALLA

- Ministre de la Justice : Me Alice Nkom

- Ministre de la Diaspora : Modestine Carole Tchatchouang

- Ministre de l'Economie : Modeste Mopa

- Ministre des Affaires Etrangères : Manu Dibango

- Ministre de l'Education : Messanga Nyamdig

- Ministre de l'Enseignement Supérieur : Pr Dieudonné Oyono

- Ministre de la Communication : Martial Bissog

- Ministre Porte-Parole PRC : Lydienne Eyoum

- Ministre de la Défense : Réné Sadi

- Secrétaire d'Etat à la Défense : Gallax Etoga

- Ministre de l'Intérieur : Ayuk Tabé

- SG Conseil national de sécurité : Paul Atanga Nji

- Ministre des Transports : Ngallé Bibehe

- Ministre du Tourisme : Samuel Eto'o Fils

- Ministre du Travail : Calixte Beyala

- Ministre des Eaux et Forêts : Hon Rose Abunaw

- Ministre des Domaines : Benoît Ndong Soumhet

- Ministre de la Fonction Publique : Gwendoline Abunaw

- Ministre de Développement Urbain: Severin Kezeu

- Ministre des PTT : Paul Dikobe Metusala

- Ministre de la Famille : Nathalie Ayop

- Ministre de la Recherche Scientifique : Uphie Chinje Melo

- Ministre de l'Agriculture : Josuah Osih

- Ministre des Travaux Publics : Ghislaine Ketcha

- Ministre de la Décentralisation : Pr Mouelle Kombi

- Ministre de l’Environnement : Samuel Wo'o NKo'o

- Ministre de l'Emploi et de la Formation : S. Espoir Matomba

 

Published in Tribune Libre

Des propositions sont faites dans cette Tribune par Richard Makon, Docteur / PhD en Droit International, Expert/Consultant en Droit des investissements et Leadership. 

 

C’est une vérité historique, jamais démentie par les faits depuis des millénaires, toute crise politique s’achève toujours et inévitablement par le dialogue, davantage lorsque ladite crise dérive en conflit politique. En effet, qu’il s’agisse du conflit inter-étatique ou du conflit interne, l’histoire politique du monde ne récence aucun récit d’un conflit politique qui ne s’est pas achevé par le dialogue, d’un retour à la paix qui n’a pas été obtenu autour d’une table.

Le conflit finit toujours là où il n’aurait jamais dû commencer, autour d’une table. Ne pas le savoir lorsqu'on est un gouvernant ou un acteur politique de premier rang est une lacune dangereuse, ne pas le comprendre est une faiblesse outrageante, refuser de l’admettre est évidement suicidaire.

Fort heureusement, nos appels au dialogue, nous camerounais d’en bas de tout bord, semblent peu à peu percer les parois de la déraison derrière lesquelles certains s’étaient emmurés, au grand dam des forces du bien qui appellent depuis trois (03) ans à la discussion, à l’entente, à la disposition aux concessions, à la recherche du compromis, à la quête du consensus, à la pacification des cœurs.

 

Enfin un dialogue, le seul et unique vrai dialogue, est espéré et annoncé. C’est Bien

Cependant, s’il semble judicieux d’inviter les uns et les autres au dépassement des récriminations, des invectives stériles et des entreprises d’identification du ou des coupables, responsables de la rupture de la discussion civique qui nous a conduit dans ce bourbier, l’on ne saurait faire l’économie du partage d’un minimum de préalables (cognitifs et praxéologiques) aux fins de rendre possible et fructueux pour tous, le dialogue tant attendu.

 

I- Les préalables cognitifs

A- Tout conflit est l’aboutissement d’un déni de réalité

Le premier préalable consiste à comprendre les pré - conditions et les conditions dans lesquelles se forment les conflits.
Le conflit naît toujours des contradictions (tout à fait normales) existantes à un moment donné dans une société.

Lorsque ces contradictions (politiques, économiques, sociales, culturelles) ne sont pas traitées, elles se muent en un problème qui est un signal que le corps politique ne va pas bien, un signal qu’il y a quelque chose de nouveau à prendre en compte, un signal qu’il y a une situation qui appelle à l’attention et à la vigilance collective.

Ce problème est une maladie de l’âme commune, de l’esprit collectif, du corps social uni.

Lorsque celui-ci n’est pas résolu, du fait de divergences trop importantes entre les parties prenantes, ou le plus généralement du fait du déni de son existence, le problème crée des tensions, les tensions ignorées secrètent inévitablement le CONFLIT, et du conflit naît la violence, parfois dans une déflagration de terreur inimaginable.

C’est classique !

 

B- Tout Conflit est une opportunité de progrès

Le deuxième des préalables cognitif à partager est la nécessité d’un « basculement intellectuel » de l’ensemble de notre communauté nationale sur la question du conflit.

Un conflit n’est pas seulement un problème, un conflit est aussi une opportunité de progrès, de changement de cap, de révolution politique, économique, sociale et culturelle, une occasion d’invention d’un modèle nouveau de gouvernance, de création de nouvelles représentations sociales et de nouveaux imaginaires collectifs, d’écriture d’une histoire politique, d’un pacte social et républicain, d’un projet de société et d’un projet de civilisation nouveau. Un conflit n’est pas une fatalité

La violence s’enracine, de manière larvée ou bruyante, lorsqu'une société n’a pas su profiter du conflit pour se donner un nouveau départ.
Et dans le cas d’espèce, nous avons là, avec ce dialogue entre camerounais, l’occasion de faire enfin de notre biculturalisme une force, non pas seulement d’émancipation, de décolonisation de notre Nation, de reprise en main de notre histoire et de notre identité collective, mais aussi une force de projection et d’accomplissement, par l’invention d’un Etat nouveau, porté par des institutions adaptées à nos ambitions de progrès, de vivre-ensemble dans la différence, et même de notre idéal démocratique.

 

C- Un conflit politique dans un Etat n’oppose pas des individus

Les conflits politiques nés des contradictions d’un corps politique ne sont jamais des conflits entre les hommes, entre les ressortissants de la communauté nationale, entre les fils et filles du même pays.
Les hommes, qui certes créent les conditions du conflit, le nourrissent par leurs choix, et le règlent ou participent à sa résolution, en fin de compte, ne constituent en réalité que le symptôme humain du mal profond qui est toujours quelque chose de collectif.  

Des hommes malades sont secrétés par une société malade. Les hommes malades ne peuvent être durablement soignés que par un exorcisme collectif, un accouchement de l’esprit de vie et une pacification de tous les cœurs.

Dès lors, si l’on veut réellement résoudre le conflit actuel qui détruit notre pays, nous devons avoir le courage douloureux de dépasser les Hommes pour nous attaquer tous à ce qu’ils représentent.

Mais que représentent-ils ? Ils représentent des imaginaires, des époques et des siècles, des conceptions de la vie et du monde, des forces visibles et invisibles, des groupes d'intérêts, des dominations et des puissances, des principautés terrestres et célestes, des univers de mort et de vie.

Toute polarisation autour des hommes, des visages, des noms renforcera les fractures identitaires, les clivages ethniques et communautaires, les catégorisations fratricides et créera, immanquablement, une guerre civile, un héritage de la haine et de la vengeance.

 

II- Les préalables praxéologiques

À titre de préalables praxéologiques, il semble important, tout en situant le dialogue dans un cadre précis, d’indiquer quelques trajectoires d’actions essentielles pour le réaliser.

 

A-   La négociation n’est pas la résolution de crise ou de conflit

Un important amalgame tend à plonger bon nombre de nos compatriotes dans une importante confusion. Au sein de l’opinion publique, d’aucuns parlent de négociation quant à la sortie de crise, pendant que d’autres parlent de résolution du conflit.

Il s’agit de réalités totalement différentes, tant du point de leurs natures, de leurs philosophies, de leurs approches et méthodes, que du point de vue des leurs corpus de techniques. Ceux qui forment ou s’intéressent aux modes alternatifs de règlement des différents (arbitrage, médiation, conciliation, les approches complexes, etc.) le comprennent fort aisément.

Pour faire simple la négociation est une série de démarches, de discussions et de processus de communication que l’on entreprend pour parvenir à un accord ou pour conclure une affaire.

Dans une négociation l’objet est clairement identifié. L’ordre du jour est connu ou fixé d’avance. La stratégie de négociation propre à chaque partie est secrète et connue de leurs seuls membres (Gagnant – Gagnant / Gagnant – Perdant / Perdant – Perdant).

Le lieu de négociation et identifié à l’avance, le temps fixé pour conclure est déterminé (même s’il est articulé en cycles).
Les négociateurs de chaque camp sont connus. Les points de concession sont déterminés par chaque partie, de même que les aspects non négociables de l’affaire.

Dans la négociation l’on va à l’essentiel.
Dans la négociation on n’a pas toujours besoin d’un intermédiaire (médiateur, conciliateur, facilitateur).

En fin de compte, la négociation, bien qu’étant un art et une discipline, est une question technique. Dans la dimension psycho-analytique, on dira que la négociation se situe au niveau mental, et descend difficilement au niveau émotionnel.

Il peut d’ailleurs avoir négociation sans conflit.

La résolution des conflits par contre comprend des processus complexes consistant à conduire des pourparlers pour aboutir au choix de la meilleure solution possible à un affrontement, à une crise, et aux modalités idoines pour la mise en œuvre de cette solution.

Ici on est dans les modes alternatifs de résolution des conflits, qui sont des situations sociales mettant aux prises des acteurs en interdépendance poursuivant généralement des buts divergents, défendant le plus souvent des intérêts opposés.

Le conflit ne naît que dans un système de forces solidaires, constitué d’éléments inter dynamiques, et un conflit touche tous les aspects de vie humaine, affecte tous les étages de la pyramide des besoins (physiologiques, de sécurité, d’appartenance, d’estime et d’accomplissement).

C’est pourquoi dans la résolution du conflit, davantage du conflit politique, la dimension émotionnelle est fondamentale. Il est donc nécessaire de dialoguer de connaître l’autre, de comprendre l’autre, de se mettre à a place de l’autre.

Il est question ici de retrouver des souvenirs profondément enfouis, de déceler dans une communauté toute trace de blessure et/ou de cicatrice, de soigner une mémoire blessée, de traiter non seulement le corps mais aussi l'âme et l'esprit d'un groupe, d'une société. Ici la dimension historique, politique, culturelle, identitaire, psychologique, spirituelle et métaphysique est décisive.

Dans la résolution des conflits il est donc fondamental d’identifier le problème, le mal, la blessure, la revendication, la fracture, le point de rupture. Savoir où est parti le problème et quels en sont les ressorts et les manifestations. Un mauvais diagnostic condamne inévitablement à une mauvaise solution.

Dans la résolution d’un conflit, il n’y a pas d’agenda connu, d’ordre du jour fixé à l’avance. Il n’ya pas de points exclus d’office du débat et nul ne peut (et ne doit) anticiper sur la solution à la crise. L’esprit d’ouverture est essentiel.  

Il n’y a pas de d’échéancier connu d’avance, pas de temps déterminé pour les échanges et chaque camp peut remplacer à tout moment l’un ou plusieurs de ses représentants.

Dans la résolution d’un conflit les médiateurs et les facilitateurs sont incontournables.

Dans la résolution du conflit, il est décisif de construire une approche en fonction de chaque conflit, en fonction de chaque situation, en fonction de chaque cas d'espèce.

Dans la résolution des conflits il y a évidemment des négociations. La résolution du conflit est un processus politique.

 

B- la Résolution d’un conflit repose sur des exigences catégoriques

La première exigence est l’écoute (la pratique de l’écoute active) de tous (parties en conflit, médiateurs et facilitateurs).

La seconde exigence est l’obligation de sincérité et de bonne foi des parties prenantes.

La troisième exigence, l’exigence opératoire majeure, est le respect d’une dynamique graduelle, séquencée en deux (02) principales phases au moins :

La phase interne à chaque camp, où chaque camp se parle à lui-même. Les discussions ont lieu entre les membres et diverses sensibilités de chacune des parties pour arriver à un consensus minimal sur l’essentiel, pour aboutir à des positions communes, pour parler d’une seule voix à propos de l’essentiel face à la partie adverse.

La phase externe est celle à la faveur de laquelle les deux (02) parties se retrouvent, autour d’un médiateur (ou d’une équipe de médiateurs) et de facilitateurs, pour parvenir à une entente de collaboration, devant déboucher sur un accord politique. Sortir de la crise politique actuelle appelle à l’intelligence collective du peuple camerounais.

La crise actuelle nous rappelle que la Nation est le refuge même de notre identité. Que cette Nation est une construction permanente qui nécessite un travail citoyen à plein temps. Que nous n’avons pas encore fait le deuil de la colonisation. Que le modèle colonial est un acte de violence. Que le dialogue est une vertu démocratique et que dans une démocratie il n’y a ni questions tabous, ni dogmes, ni fétiches. Qu’il n’y a pas de paix possible sans justice, sans équité, sans partage, sans amour, sans pardon. Qu’il ne s’agit pas ici d’une banale négociation mais de la résolution d’une grave crise politique. Que l’approche à adopter doit être la plus inclusive possible et que la solution à cette crise est collective !

 

Richard Makon

 

Published in Tribune Libre






Sunday, 05 June 2022 11:01