Depuis le week-end dernier, les consommateurs font face à une augmentation du prix de la bouteille de bière. Alors que la situation était restée incertaine depuis le début de l’année, les choses se sont accéléré avec la publication par la direction générale des impôts de son nouveau code. Il apparaît, que la bataille des brasseurs locaux pour une suppression pure et simple du droit d’accise sur la valeur n’a pas porté le meilleur des fruits escomptés.
En effet, apprend-on dans un journal spécialisé de la place, de la déposition du projet de loi des finances de 2019, le secteur brassicole réalise, que l’abattement de 20% qui leur avait été donné sur le prix de certaines bières (avec un certain taux d’alcool), a été ramené à seulement 10%. La situation a viré au plaidoyer, avec le Cameroon Alchoolic Producers Association (CAPA), la principale association des producteurs de boissons. Celle-ci a mis en avant les remarques de ses membres, qui s’inquiétaient déjà de la hausse des charges fiscales qu’une telle mesure aurait sur leurs performances financières. Certains responsables proches du secteur ont confié que cela entraînera des dizaines de milliards de FCFA payés à l’Etat.
« Cela a été un vrai cadeau empoisonné pour la fin d’année que nous avons reçu. Déjà nous connaissons une baisse des activités en raison de l’insécurité et de l’incertitude sur 4 de nos marchés et nous n’y avons pas vraiment désinvesti. S’il faut encore que la chaîne de distribution soutienne des impôts supplémentaires ce sera un coup dur », avait confié un des acteurs du secteur. Les arbitrages ont été difficiles pour le gouvernement. Ce dernier ne souhaitait pas débuter l’année sur une hausse marquée des prix.
De l’autre côté, le gouvernement a dû faire face aux attentes des revendeurs et grossistes des produits brassicoles. Réunis à Douala la capitale économique du pays, les membres de ce regroupement avaient menacé de perturber la distribution des boissons, afin de s’organiser par rapport à cette hausse des prix dont le niveau fait encore l’objet de spéculations et de discussions. Ils ont dénoncé le flou qui prévaut dans la gestion des taxes sur les produits brassicoles et dont le mode de recouvrement en 2019 fait peser une menace sur la rentabilité de leurs affaires.
Le nouveau point d’inquiétude est la pression qu’exerce la nouvelle application des droits d’accises sur les prix, sans que ne soient prises en compte leurs charges d’exploitation. Le gouvernement semble avoir choisi de couper la poire en deux. Les droits d’accises sur la valeur seront maintenus, mais c’est son mode de calcul qui a légèrement évolué. Désormais l’article qui y est consacré, prévoit que la base imposable sera calculée sur le prix conseillé aux vendeurs, moins la taxe sur la valeur ajoutée et le droit d’accise spécifique.
Si cette façon de faire allège un peu le poids sur les brasseurs, il reporte le problème sur le réseau de distribution. Or, le défi c’est que le secteur ne peut ignorer les défis de son réseau de distribution. « Le risque de voir ce réseau rechercher l’amélioration de ses marges tout en satisfaisant les attentes de leur cliente sont trop grands », explique un observateur du secteur.
En manque de ressources pour financer son budget, le gouvernement camerounais s’est donné pour ambition d’accroître le volume de ses recettes fiscales. Même si elles ont significativement augmenté, elles pèsent le plus sur des contribuables identifiés et identifiables. Problème la pression se poursuit et décourage les investissements.
Otric N.