La substance de cette dernière semblait indiquer que lors du concert live Johnnie Music and Whisky, organisé par la célèbre marque de whisky écossais Johnnie Walker, le 18 et le 20 avril à Douala et à Yaoundé, le chanteur Nigérian Tekno qui était en tête d’affiche a perçu un cachet de 64 millions de FCFA, tandis que les artistes camerounais Jovi, Ko-C et Shura qui l’accompagnaient ont respectivement perçu un cachet de 02 millions de Fcfa, 1,5 millions de Fcfa et 500.000 Fcfa.
Comme on pouvait s’y attendre, la nouvelle a fait réagir de nombreux artistes camerounais, en tête desquels le rappeur Maalhox le Viber. Sur sa page Facebook, l’auteur du titre à succès « Ça sort comme ça sort », a réalisé un direct live pour dénoncer ce traitement et réclamer plus d’attention de la part des entreprises nationales et étrangères installées sur le territoire national.
« C’est nous qui payons les Whiskies tous les jours, c’est nous qui achetons leurs produits tous les jours, c’est nous qui mettons les crédits tous les jours, mais quand il faut payer les gens, ça devient que nous ne sommes pas internationaux ? Quand il faut payer les gens on prend tout l’argent on donne aux étrangers ? C’est inadmissible qu’une multinationale donne 500.000 Fcfa à un artiste camerounais et 64 millions de FCFA à un étranger. L’argent des camerounais doit rester entre les mains des camerounais » a-t-il déclaré.
A la suite de Maalhox, le rappeur Franko a également fait une sortie qui s’inscrivait dans la même logique que celle de son homologue. Si au départ il a minimisé ladite information estimant qu’elle était non fondée, il a par la suite pris le soin d’identifier ce qui selon lui, conforte ces grandes entreprises dans leur attitude méprisante envers les artistes camerounais « Si tous les artistes, refusent les cachets qu’on leur donne parce qu’ils estiment qu’ils méritent mieux… les mecs en face n’auront pas d’autres choix que d’augmenter… mais ici quand tu refuses un cachet parce que tu estimes que tu ne le mérites pas… c’est un autre artiste autant connu que toi qui va l’accepter et parfois beaucoup moins… il faut un mouvement d’ensemble pour changer les choses », a-t-il indiqué.
Lady Ponce a elle aussi soutenue l’initiative du rappeur Maalhox. « Je fais une révérence à ce jeune frère de la musique camerounaise qui élève sa voix pour un combat noble. J’ai un grand respect pour les artistes étrangers, beaucoup ont un talent immense mais quand aujourd’hui je regarde la musique camerounaise en général, j’en vois des jeunes talentueux, je vois des génies qui traversent le mépris que leurs propres frères leur témoignent pour trouver reconnaissance au plus haut niveau de la chaîne musicale. Quand allons-nous appendre à valoriser notre culture ???
Je me rappelle encore quand les P Squares lors d’un concert organisé par MTN au Cameroun ont soutenu ma position de me retirer de ce concert suite au mépris que les organisateurs témoignaient aux musiciens camerounais en rémunérant les artistes étrangers 10 fois la somme accordée aux artistes locaux. Je cite leurs dires « si vous ne respectez pas vos artistes personne d’autre ne le fera, nous sommes grand aujourd’hui parce que notre peuple croit en nous ».
Arrêtons cette farce de grâce, n’élevons pas les poules pour que les voisins se servent les meilleurs morceaux. Ces multinationales s’enrichissent sur le dos de nos compatriotes, de grâce qu’ils œuvrent au moins un tout petit peu pour la promotion de notre culture. Ce n’est pas de la xénophobie mais c’est plutôt un élan de patriotisme. Ce que tu n’acceptes pas chez toi il ne faut pas le favoriser chez le voisin. Toute bonne charité commence par soit même. Que Dieu lave nos cœurs, je pleure tous les jours quand je pense que l’ennemie du camerounais c’est le camerounais », a-t-elle écrit sur son Facebook.
Toujours sur sa page Facebook, Maalhox a affirmé quelques heures plus tard qu’après ses déclarations, de nombreux responsables d’entreprises l’ont appelé et lui ont promis qu’ils feront d’avantage d’efforts pour soutenir l’industrie musicale camerounaise naissante, ainsi que les artistes camerounais.
Pourvu les fruits tiennent les promesses des fleurs.
Danielle Ngono Efondo