« Nous craignons que l'expérience de 2011, avec l'arrivée de réfugiés vers la Tunisie, se renouvelle. On craint aussi le terrorisme», a souligné M. Chahed, lors d'une conférence de presse conjointe, à l'occasion d'un sommet inédit en présence des principaux membres du gouvernement italien.
Alors que l’on parlait d’une nette amélioration de la situation sécuritaire en Tunisie, le pays reste sous état d'urgence depuis la série d'attaques en 2015 contre les forces de sécurité et les touristes, en partie organisées depuis la Libye. Les autorités, avaient alors résolu de déployer des renforts et de renforcer les contrôles à sa frontière avec la Libye dès le début de l'offensive du maréchal Khalifa Haftar.
« La situation en matière de sécurité en Libye est très préoccupante, nous restons extrêmement prudents. La Tunisie et l'Italie s'accordent sur la nécessité d'un cessez-le-feu et d'un retour au processus politique en cours sous les auspices de l'ONU », affirme M. Chahed.
Les deux pays ont signé plusieurs protocoles d'accord sur l'énergie, les collectivités locales, ou encore la conversion en investissements de 25 millions d'euros de dettes mardi, à l'occasion du premier conseil stratégique de coopération tuniso-italien.
M. Chahed a exprimé sa satisfaction pour les progrès réalisés dans les négociations sur un accord dans le domaine de la migration conformément à une approche de sécurité et de développement dans les zones internes de la Tunisie, sans plus de détails sur cet accord.
Les deux ministres ont aussi évoqué l'opération maritime européenne en Méditerranée Sophia, lancée en 2015 après une série de naufrages pour lutter contre les réseaux de passeurs en Méditerranée.
Prolongée jusqu'au 30 septembre 2019 sans aucun moyen naval, elle est partiellement suspendue en raison de la difficulté à faire accueillir les migrants secourus en mer et M. Conte a réitéré son refus de relancer l'opération à défaut d'une meilleure répartition des migrants : « L'Italie a une position très claire. Elle est honorée d'avoir le commandement de la mission Sophia mais c'est une opération qui est née d'un contexte différent, dans lequel il n'y avait pas beaucoup d'attention aux perspectives de redistribution des migrants récupérés en mer qui doivent être redistribués par des mécanismes de solidarité dans toute l'Europe », a-t-il souligné.
Mi-avril, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini avait réclamé aux Etats de l'Union européenne de renvoyer des navires de guerre en Méditerranée notamment pour permettre à l'opération militaire Sophia de lutter contre les trafics d'armes et de pétrole en Libye.
Nicole Ricci Minyem