Une fois de plus, la crise sécuritaire dans les régions du Nord et Sud Ouest s’invite à une manifestation de souveraineté dans notre pays. Depuis un peu plus de trois ans maintenant, toutes les actions menées par ceux qui contestent plus ou moins la légitimité du pouvoir de Yaoundé, se réfèrent à ce qui se passe dans ces deux régions, pour justifier leurs actes.
A l’issue de la première réunion préparatoire de la célébration de la 47ème édition de la fête de l’Unité Nationale, Les membres du Social Democratic Front, dont les résultats à l’issue de la présidentielle du 07 Octobre 2018 n’ont pas tenu la promesse des fleurs, s’engagent à monter d’un cran, dans la suite des actions menées le 20 Mai 2018, pour marquer leur désapprobation de la crise socio politique au Cameroun et, de baliser un autre espace de solution de la crise anglophone.
Dans le communiqué qu’il a paraphé, Emmanuel Ntonga déclare : « Face à la détérioration de la situation dans les zones anglophones et, devant le peu d’espace de liberté restant aux partis politiques et, surtout à la quasi indifférence du pouvoir de Yaoundé, le SDF Centre et les Représentants régionaux de certains partis politiques ne reculeront pas le 20 Mai 2019. Nous réaffirmerons que nous monterons d’un cran… ».
Les raisons avancées
Le président SDF dans la région du Centre estime que « le préfet du Mfoundi, lors de la réunion préparatoire à la 47ème édition de la fête de l’Unité Nationale, « sans le moindre remord de la souffrance du peuple en détresse, sans avoir interrogé les responsables du Centre, pour comprendre les raisons de leur action et de leur colère en 2018, a plutôt fait un réquisitoire à charge contre les responsables du SDF Centre, tout en se gargarisant d’être plus fort qu’en 2018… ».
Exigence d’un dialogue inclusif face à l’ « arrogance » des membres du RDPC
Dans le communiqué du SDF, il est noté qu’« Un an plus tard, rien n’a été fait, au contraire, la situation empire. L’arrogance et la suffisance du RDPC ont pris le pas sur le Dialogue : soldats et civils sont tués, villages entiers incendiés, économie en berne, perspective d’une rupture de confiance entre deux entités linguistique, sécession fortement envisagé. Le SDF est touché et poussé vers son dernier retranchement. Ces militants pris pour cible de part et d’autres des extrémistes séparatistes et gouvernementaux : des cadres (maires, sénateurs…) et son leader kidnappés, famille du chairman enlevée, domicile incendié… Nous exigeons un dialogue inclusif»
Rappel
Le 20 mai 2018, on avait relevé le passage des défilants du Sdf, torse nu et les bras sur la tête en signe de deuil devant le Chef de l’Etat. Tous adressaient des incantations bruyantes et des appels débridés. Là encore, ont-ils scandé, c’est en réaction contre le chef de l’Etat.
Certains observateurs de la scène politique avaient essayé de comprendre les messages ainsi véhiculés et, ils sont arrivés à une conclusion, qui a presque fait l’unanimité : le SDF et le MRC avaient en commun, plus ou moins confusément, un certain nombre de convictions qui permettent de mieux les catégoriser par rapport à la crise anglophone. Le choix qui a été le leur, lors de la célébration de l’Unité Nationale avait dès lors pris les contours d’un aveu public de leurs angoisses relativement à ce qui se passe au Nord-ouest et au Sud-ouest du Cameroun.
Nicole Ricci Minyem
C’était dans le cadre de l’une de ses rares interviews, accordée à un journaliste de la presse française.
« Dès mon jeune âge en tant que fonctionnaire, j’ai eu à travailler dans diverses régions et, ce brassage m’a permis de constater en effet, qu’il n’y a pas de grande différence entre les camerounais ».
- Quelles sont les qualités nécessaires d’un Chef d’Etat ?
Président Ahmadou Ahidjo : Il faut beaucoup de qualité, il m’est difficile d’énumérer quelles sont ces qualités, mais, je crois qu’il faut beaucoup de bon sens, il faut être assez intelligent, il faut du courage, il faut du cœur, il faut être patriote et aimer beaucoup et sincèrement son pays.
- Mais, dans le cas précis du Cameroun ou, des autres pays, d’Afrique, il fallait surtout pour les hommes comme vous, une force assez exceptionnelle, une force de tolérance, une force politique, car, il ne fallait pas avoir l’esprit tribal, il ne fallait pas être sectaire, il ne fallait pas être raciste… Je veux dire que dans ce pays qui est fait d’une foultitude de peuples, de sectes de tribus, l’unité, cette unité que vous souhaitez, n’était pas gagnée dès le départ ?
Président Ahmadou Ahidjo : Non, ce n’était pas gagné dès le départ, nous avons fait des progrès importants, la conscience nationale existe, l’unité nationale existe, mais, je dis à mes compatriotes d’être toujours vigilants et, de veiller à ce que nous demeurons toujours unis. En effet et, vous l’avez dit, le Cameroun a toujours été un pays très divers. Tribus diverses, religions diverses… Mais pour ce qui me concerne, je dois dire que depuis longtemps, avant même que j’accède au poste de Premier ministre ou de Président de la République, j’ai pensé qu’il fallait que les camerounais, étant donné la situation de notre pays, fassent abstraction de leur appartenance ethnique, religieuse, tribale et travaillent pour l’unité, longtemps avant même l’accession à l’indépendance.
J’ai toujours été dans cet état d’esprit, je dois dire et, les circonstances m’y ont aidé, parce que dès mon jeune âge, comme fonctionnaire originaire du Nord Cameroun, à l’époque où les régions du Cameroun, étaient un peu étrangères les unes des autres, j’ai eu la chance de travailler dans diverses régions du pays. Ce brassage m’a permis par la suite, de mieux œuvrer pour l’unité nationale car, grâce aux relations que j’ai pu construire avec des camerounais de diverses régions. J’ai aussi constaté qu’en fait, il n’y avait pas de grande différence entre les camerounais, qu’ils soient du Nord, du Sud, de l’Est ou de l’Ouest.
- Oui mais avec la réunification des deux Cameroun, l’affaire n’a pas été facile. On peut même dire que cela a été délicat. A un certain moment, avez-vous douté, avez-vous pensé que vous n’y arriveriez jamais ?
Président Ahmadou Ahidjo : Non, dès le début, quand j’ai accédé au pouvoir en 1958, j’ai eu confiance, ayant su, ayant eu des preuves à l’époque que la majorité des camerounais qui étaient sous tutelle britannique, souhaitaient cette réunification. Donc, j’ai eu foi en l’avenir. En ce moment, quand la Réunification a eu lieu, je dois dire que de nombreux autres compatriotes étaient sceptiques, quant à la réussite de cette Réunification mais, personnellement, j’y croyais, j’avais foi. Je me rappelle d’ailleurs, c’est une anecdote quelque temps après la réunification, la situation du Cameroun était très difficile, du point de vue de l’ordre public, aussi bien ici qu’à l’ancien Cameroun Occidental, mais, ce qui a toujours été important dans mes prises dé décision, c’était pour l’intérêt supérieur de l’Etat.
Retranscription : Nicole Ricci Minyem