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Interview: Propos du premier chef de l’Etat camerounais sur la notion d’Unité nationale

mercredi, 20 mars 2019 09:45 Nicole Ricci Minyem

C’était dans le cadre de l’une de ses rares interviews, accordée à un journaliste de la presse française.

« Dès mon jeune âge en tant que fonctionnaire, j’ai eu à travailler dans diverses régions et, ce brassage m’a permis de constater en effet, qu’il n’y a pas de grande différence entre les camerounais ».

  

-         Quelles sont les qualités nécessaires d’un Chef d’Etat ?

Président Ahmadou Ahidjo : Il faut beaucoup de qualité, il m’est difficile d’énumérer quelles sont ces qualités, mais, je crois qu’il faut beaucoup de bon sens, il faut être assez intelligent, il faut du courage, il faut du cœur, il faut être patriote et aimer beaucoup et sincèrement son pays. 

 

-         Mais, dans le cas précis du Cameroun ou, des autres pays, d’Afrique, il fallait surtout pour les hommes comme vous, une force assez exceptionnelle, une force de tolérance, une force politique, car, il ne fallait pas avoir l’esprit tribal, il ne fallait pas être sectaire, il ne fallait pas être raciste… Je veux dire que dans ce pays qui est fait d’une foultitude de peuples, de sectes de tribus, l’unité, cette unité que vous souhaitez, n’était pas gagnée dès le départ ?

Président Ahmadou Ahidjo : Non, ce n’était pas gagné dès le départ, nous avons fait des progrès importants, la conscience nationale existe, l’unité nationale existe, mais, je dis à mes compatriotes d’être toujours vigilants et, de veiller à ce que nous demeurons toujours unis. En effet et, vous l’avez dit, le Cameroun a toujours été un pays très divers. Tribus diverses, religions diverses… Mais pour ce qui me concerne, je dois dire que depuis longtemps, avant même que j’accède au poste de Premier ministre ou de Président de la République, j’ai pensé qu’il fallait que les camerounais, étant donné la situation de notre pays, fassent abstraction de leur appartenance ethnique, religieuse, tribale et travaillent pour l’unité, longtemps avant même l’accession à l’indépendance.

 J’ai toujours été dans cet état d’esprit, je dois dire et, les circonstances m’y ont aidé, parce que dès mon jeune âge, comme fonctionnaire originaire du Nord Cameroun, à l’époque où les régions du Cameroun, étaient un peu étrangères les unes des autres, j’ai eu la chance de travailler dans diverses régions du pays. Ce brassage m’a permis par la suite, de mieux œuvrer pour l’unité nationale car, grâce aux relations que j’ai pu construire avec des camerounais de diverses régions. J’ai aussi  constaté qu’en fait, il n’y avait pas de grande différence entre les camerounais, qu’ils soient du Nord, du Sud, de l’Est ou de l’Ouest.

 

-         Oui mais avec la réunification des deux Cameroun, l’affaire n’a pas été facile. On peut même dire que cela a été délicat. A un certain moment, avez-vous douté, avez-vous pensé que vous n’y arriveriez jamais ?

Président Ahmadou Ahidjo : Non, dès le début, quand j’ai accédé au pouvoir en 1958, j’ai eu confiance, ayant su, ayant eu des preuves à l’époque que la majorité des camerounais qui étaient sous tutelle britannique, souhaitaient cette réunification. Donc, j’ai eu foi en l’avenir. En ce moment, quand la Réunification a eu lieu, je dois dire que de nombreux autres compatriotes étaient sceptiques, quant à la réussite de cette Réunification mais, personnellement, j’y croyais, j’avais foi. Je me rappelle d’ailleurs, c’est une anecdote quelque temps après la réunification, la situation du Cameroun était très difficile, du point de vue de l’ordre public, aussi bien ici qu’à l’ancien Cameroun Occidental, mais, ce qui a toujours été important dans mes prises dé décision, c’était pour l’intérêt supérieur de l’Etat.

 

Retranscription : Nicole Ricci Minyem

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