Le Pr Claude Abé pense que du fait de la nature des sociétés africaines, il est difficile que la mesure de distanciation sociale soit respectée dans les évènements douloureux comme les veillées funèbres.
Le Pr Claude Abé a été l’invité de l’édition du journal du 13 heures du Poste national ce 04 juin 2020. Il a été interviewé sur la récente décision de Naseri Paul Bea le gouverneur de la région du Centre, qui vient de demander aux Préfets des départements de sa zone de compétence, d’interdire désormais la tenue des veillées funèbres et rites mortuaires. Le sociologue dans l’analyse qu’il a fait de cette décision, s’est montré plutôt favorable à ladite décision du gouverneur, en cette période où il s’agit de sauver les vies.
“Vous savez, pour les Africains, les veillées mortuaires sont un moment rituel important où l’on entend non seulement montrer sa sollicitude et sa compassion à la famille qui est éplorée, mais aussi, un rituel de séparation avec le défunt où on se remémore les moments avec ce dernier. C’est toute une économie de la vie qui se joue autour de cela, aussi bien l’économie interrelationnelle préservant les liens sociaux et même une économie et même une économie financière de cette question-là étant entendu qu’il y a une nouvelle manière marquée par la modestie qui fait en sorte que l’organisation des veillées funèbres engage un certain nombre de frais. Du point de vue culturel, c’est une introduction, on devra faire désormais, un second deuil à l’intérieur du deuil”, a déclaré le Pr Claude Abé.
Le sociologue a également expliqué la raison pour laquelle, il serait carrément impossible de faire appliquer la distanciation sociale, en une situation difficile où il s’agit de faire ses adieux à un être cher et de témoigner sa compassion à la famille éplorée.
”Nous sommes des sociétés plutôt chaudes et en rapport avec cette nature chaude, nos rapports sociaux sont plutôt intenses et beaucoup plus tactiles et de solidarisme et de collectivisme qui marquent la vie communautaire font en sorte que les uns et les autres ont une plus grande tendance à vivre toute proximité plutôt que des distances. Et à ce titre-là, on sait aussi que lors des veillées mortuaires, il y en a qui font dans un certain nombre de débordements. Par exemple l’alcool et qui peuvent se laisser aller. Donc les veillées mortuaires étaient devenues un espace à risque”, a-t-il déclaré.
Liliane N.
Le sociologue Pr Claude Abe demande par ailleurs aux autorités de donner le nombre exact de personnes déjà décédées des suites de cette pandémie au Cameroun.
Le Pr Claude Abe a été invité par la radio Abk. En sa qualité de sociologue, il a été appelé à s’exprimer sur la pandémie du Coronavirus, à laquelle le Cameroun fait face comme le reste du monde. Dans sa prise de parole le sociologue a demandé à avoir des autorités, le nombre exact de personnes contaminées par le virus du Covid-19 dans notre pays.
En dénonçant l’attitude irresponsable des camerounais qui tendent à continuer de vivre comme si de rien n’était, le Pr Claude Abe demande à que le nombre exact de morts soit communiqué à la population.
« Il faut craindre le pire si les individus ne changent pas de comportement, s’ils continuent de se comporter avec désinvolture alors que la menace est quotidienne et elle est sur les pas de tout le monde. Nous devons prendre conscience de la maladie et sortir du déni. S’il y a des gens qui sont malades, qu’on dise exactement le nombre de malades. S’il y a des morts, qu’on nous dise exactement le nombre de morts. C’est ça la situation de crise que nous traversons. Il faut éduquer les individus… », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, le sociologue s’est étonné du fait qu’en cette période de crise sanitaire où il est recommandé aux populations de se laver régulièrement les mains, il y a pénurie d’eau potable. Pour lui, cette raison est suffisante pour limoger le Ministre de l’Eau et de l’Energie et le Directeur général de la Camwater.
« Pour faire comprendre aux gens la gravité de la situation, il faut limoger le ministre de l’Eau. Il faut limoger le Directeur de Camwater. Dans un moment comme celui-ci, on ne comprend pas comment il n’y a pas de disponibilité d’eau potable. C’est triste de constater que les gens jouent avec la vie des autres camerounais sans se rendre compte de la gravité de la maladie », a déclaré le sociologue.
Liliane N.