Depuis Vendredi dernier, Paul Marie Biloa Effa n’est plus le chef de 3ème degré dans l’arrondissement de Yaoundé 2ème. C’est par un Arrêté signé du ministre de l’Administration Territoriale qu’il a été démis de son titre.
Instigation et Incitation à l’insurrection - Insubordination caractérisée à l’endroit des autorités administratives - Participation active à une manifestation publique interdite sont les motifs relevés par Paul Atanga Nji, pour justifier cette position.
Cette décision du ministre de l’Administration Territoriale cadre t –elle avec la loi et les textes en vigueur au Cameroun ? C’est entre autres réponses que nous aurons au cours de cet entretien que nous a accordé un Chef Traditionnel.
- Merci Majesté pour votre disponibilité. En quelques mots, pouvez – vous vous présenter ?
Je suis Majesté Motassi Hiol Séraphin Albert, Chef du village de Logbadjeck dans la Sanaga Maritime
- Ce Vendredi, le ministre de l’Administration Territoriale a relevé de ses fonctions, sa majesté Paul Marie Biloa Effa, chef de 3ème degré dans l’arrondissement de Yaoundé 2ème. Qu’est ce que cette décision suscite en vous comme sentiment ?
De prime abord, il me revient de vous dire que ce n’est pas mon rôle de commenter les décisions d’un ministre mais, je peux apporter mon éclairage à la lumière de ma modeste connaissance des textes régissant la chefferie traditionnelle et, c’est en cela que j’ai accepté cet échange… Ceci dit, cet acte est un acte normal, au vu de l’article 30 alinéas 3 du décret N°77/245du 15 Juillet 1977 portant organisation des chefferies traditionnelles et comme chef, m’interpelle juste par rapport au respect des textes.
- Lorsqu’il est établi qu’un chef reste chef jusqu’à sa mort, quelle est la portée que peut avoir une telle décision ?
Les textes encadrent cette fonction qui de fait, est à vie mais demande un respect de la loi. La portée d’une telle décision est simplement la remise à plat et le lancement d’un nouveau processus.
- Est – on dès lors en droit de penser que le droit positif prime en tout temps sur le droit coutumier ?
Bien sûr que le droit positif prend le dessus. Les articles 19 et 20 du décret cité ci-dessus sont édifiants quand au rôle du chef qui est un auxiliaire de l’administration appelé à tout faire dans le respect des directives des autorités administratives.
- Majesté, pensez – vous que la décision du ministre de l’Administration Territoriale a un quelconque rapport avec l’appartenance politique de sa Majesté Paul Marie Biloa Effa ?
La première interrogation est de savoir si les textes sont respectés dans cette décision. Je ne saurais donc lire dans les intentions de monsieur le ministre. Je dirai simplement que lorsqu’on fait le choix d’être un acteur politique, il faut être prudent par rapport à certaines obligations.
- Paul Marie Biloa Effa peut – il contester cette décision ? Et si oui, quels sont les moyens de droit dont il dispose pour le faire ?
Le Cameroun est un état donc, s’il estime que cette décision est arbitraire ou alors c’est un abus d’autorité, il va saisir la juridiction compétente qui, si je ne me trompe pas, est le tribunal administratif.
- Qu’est ce qui peut expliquer le silence des autres chefs traditionnels face à ce que certains assimilent à une décision scandaleuse ?
Je ne peux expliquer le silence des autres de manière objective car en fait, si je dois me lever, je vais d’abord me demander s’il y’a eu violation des textes. De l’autre côté, et c’est une opinion personnelle, c’est peut – être pour certains le fait des divergences politique dans l’esprit militant.
- Pensez – vous Majesté que la sortie de Paul Atanga Nji peut contribuer à l’apaisement du climat socio – politique ?
La question d’apaisement politique pour ce cas interroge la position de sa communauté. A ce moment, vous conviendrez avec moi qu’il est difficile de se prononcer car n’étant pas membre de cette communauté ou n’ayant pas mené un sondage.
- Merci Majesté d’avoir répondu à nos questions.
Merci à vous pour l’honneur que vous me faites.
Entretien mené par Nicole Ricci Minyem
La décision a été prise ce Vendredi par le ministre de l’Administration Territoriale, Paul Atanga Nji.
Les motifs relevés dans le document sont entre autres : Instigation et Incitation à l’insurrection - Insubordination caractérisée à l’endroit des autorités administratives - Participation active à une manifestation publique interdite.
Jusqu’à la décision ministérielle, l’homme qui milite au sein du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun occupait les fonctions de de chef de 3ème degré dans l’arrondissement de Yaoundé 2ème.
Dans son courrier, Sa Majesté Paul Marie Biloa Effa dénonce les conditions inhumaines d’arrestation et d’incarcération au sein de la prison centrale de Kondengui. Il fustige le non respect par ceux qui tiennent les armes du côté de la crosse, des lois de la République. Les acteurs de l’appareil judiciaire n’ont pas de passe droit. Au contraire ils devraient en être les premiers défenseurs.
« L'univers carcéral (Kondengui Yaoundé) mouroir par excellence aux conditions de vie inhumaines, espace exécrable naguère source de mon effroi n'a pas altéré mon moral, mon corps non plus. Au contraire il a contribué au raffermissement de mon esprit non sans avoir éloigné le spectre du flétrissement de mon nom.
Cette expérience qui en fin de compte complète mon CV m'a donné l'opportunité de côtoyer des concitoyens pour la plupart victimes des disfonctionnements judiciaires qui donnent naissance à de criardes injustices dans mon pays. Toutes choses de nature à conforter ma détermination au combat contre l’asservissement.
Pour avoir exercé nos droits, ils nous ont interpellés, ils nous ont conduits dans des chambres de sûreté de brigades, commissariats en maisons d'arrêt au mépris des procédures en vigueur. Comme du bétail en camion, ils nous ont conduit devant des juges avec pour desseins inavoués, haïr ces derniers. Peine perdue car en nous il n'y a de place pour de la haine. Ni pour ce corps (ndlr Judiciaire), moins encore pour tout autre. Conscient de ce que le marasme dans lequel est englué notre pays mérite mieux que de s'encombrer de haine les uns en vers les autres.
Nous avons bonne conscience que le comportement de nos frères, de nos sœurs qui tardent encore à comprendre n’est pas l’amélioration d'une volonté manifeste de nuire. Il tient ses origines des manœuvres protectionnistes du régime incompétent et moribond désormais illégitime qui a réussi l'exploit de donner corps à une pandémie reptilienne dévastatrice.
Ils veulent nous pousser à vous haïr ils utilisent des subterfuges tel le tribalisme ils ont tout faux ils n’arriveront jamais à nous distraire car, il ne nous échappe pas que le peuple dans son immense majorité souffre d'absence de perception de ce que nos adversaires tristement mués en ennemis identifiés dans un groupuscule de privilégiés se délecte de nos souffrances.
C'est les ennemis de la postérité, c'est lui le groupuscule l'ennemi de la postérité, c'est lui l'ennemi de la redistribution équitable des ressources du produit national, c'est lui l'ennemi de l’idéal visant l’amélioration du cadre de vie des concitoyens.
Ils ne nous détourneront jamais du fondement même de notre idéologie. La PAIX. Conforme à notre nature bienveillante adossée sur le SOCIAL LIBÉRALISME qui tient de la synthèse des principaux courants de pensées qui placent l'homme au centre de l’action politique.
N'ayez crainte car, le châtiment vengeur ne fait pas partie de notre ADN.
Ayez toujours à l'esprit la déclaration du président national du mouvement pour la renaissance du Cameroun le président élu le professeur Maurice Kamto notre porte étendard. « Nous nous battrons pour le rétablissement de la vérité, nous utiliserons toutes les voies de droit et de la loi, dans la paix ». Fin de citation.
Nous nous battrons s'il le faut jusqu'à la dernière goutte de notre sang.
Ce n'est pas nous les hors la loi. C'est eux les fossoyeurs de la loi et du droit.
La loi fondamentale de notre pays en son préambule nous renseigne à suffire. Nous y sommes tous astreint. Tenir le fusil par la crosse ne nous place pas au dessus de la loi. Cela fait de nous le représentant de celle-ci avec pour devoir noble la protection des concitoyens et de leurs biens, la défense des intérêts de la nation.
Chers concitoyens allons y à la rencontre de notre liberté en prenant part active à l'œuvre de reconstruction de notre pays ne restons pas là en spectateurs cela requiert force et courage ainsi donc vous aurez apporté votre pierre à l'édification d’un pays digne et en bonne place au concert des nations.
Chers compatriotes rien n'est fini tant que ce n'est pas fini. »
Stéphane NZESSEU