Ils ont manifesté ce mercredi et, certaines sources indiquent qu’un étudiant a été blessé et une dizaine d’autres ont été violemment interpellés par la police d’après les informations relayées par nos confrères de l’Afp.
« La police a dispersé à coup de gaz lacrymogène devant l’université une centaine d‘étudiants qui accusent la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) d’assister passivement aux massacres des civils à Beni, dans la même province du Nord-Kivu », selon cette même source.
Les mouvements anti-Onu, dans cette région située à l’Est de la République Démocratique du Congo, ont fait au moins six morts parmi les manifestants depuis lundi. A Goma les rassemblements de solidarité sont organisés par le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha).
« Pourquoi m’avez-vous blessé délibérément? Au lieu de défendre la population de Beni, vous venez nous tuer ici à Goma et vous êtes incapables de vous en prendre à ceux qui nous terrorisent », a crié l‘étudiant blessé à la tête, en sang.
Une trentaine de policiers et de militaires congolais ont été requis, afin d’assurer la protection de la base principale de la Monusco, vers laquelle ont tenté de converger les manifestants.
« Notre manifestation est patriotique. La Monusco assiste passivement aux massacres alors que sa mission principale est la protection des civils », a déclaré devant les médias, l’un des manifestants, Fiston Muhindo, de la faculté de droit
Il est temps pour eux de s’en aller
« Ils doivent partir. La Monusco ne sert à rien. Les autorités congolaises sont incapables de protéger la population de Beni », a ajouté un autre étudiant, Junior Mastaki, également de la faculté de droit.
Dans la région de Beni, quatre vingt et un (81) civils ont été massacrés depuis le 5 novembre, selon le dernier bilan du Groupe d‘études sur le Congo (GEC) de l’université de New York. Ces tueries sont attribuées par les autorités et l’ONU au groupe armé d’origine ougandaise des ADF, qui a tué plus d’un millier de civils depuis octobre 2014 d’après le GEC.
L’armée congolaise a affirmé en début de semaine d’avoir repris toutes les places fortes et les QG des ADF dans les forêts et la jungle autour de Beni, depuis le lancement d’une offensive contre le groupe armé le 30 octobre.
Au même moment, la présidence congolaise a fait savoir que des opérations militaires conjointes avec les Casques bleus des Nations unies (16.000 au total en RDC).
N.R.M
Les populations, résidant dans la province de l'Ituri, au nord-est de la République Démocratique du Congo, ont vécu des moments de panique intense, comme le relève Jean Bamanisa Saïdi, le gouverneur de la région.
Les violences, qui ont commencé il y a une semaine, se sont amplifiées tout au long de cette semaine touchant même le territoire de Djugu au nord du chef-lieu Bunia.
L'Ituri avait été le théâtre d'un conflit entre les communautés Hema et Lendu qui avait fait des dizaines de milliers de morts entre 1999 et 2003 dans cette province riche en or frontalière de l'Ouganda et du Soudan du Sud.
Les deux communautés sont victimes des récentes violences, a déclaré lors d'un point-presse le chef-adjoint de la force de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), le général Bernard Commins.
« Toutes les communautés sont en deuil », a ajouté un chef communautaire Hema, Pilo Molondro.
Un bilan précis était difficile à établir à ce stade et les autorités n'avaient pas donné de chiffres officiels. Le chef communautaire Hema, Pilo Molondro, a déclaré que depuis le début de la semaine il avait un bilan de 49 morts : « Nous continuons des recherches », a-t-il dit.
Selon un chef communautaire Lendu, Joël Mande, « depuis lundi, après le meurtre d'un commerçant et de ses compagnons, (...) au moins 40 morts ont été enregistrés et le décompte peut aller jusqu'à 60 ».
« Entre le 08 et le 11 juin, plus de 72 personnes ont été tuées dans une dizaine de localités différentes des territoires de Djugu et Irumu », a de son côté avancé une source humanitaire et diplomatique.
Parmi les 72 morts, il y aurait 49 victimes dans une seule et même localité, Tché, selon la même source. Une attaque à l'arme blanche survenue mardi 11 juin au village Tche a fait 38 morts, a pour sa part rapporté la radio Okapi de la Monusco qui cite des sources de la société civile de Djugu.
Ces violences ont entraîné des déplacements de population, a indiqué le gouverneur.
« La priorité pour les Nations unies c'est la protection des populations civiles. Il y a beaucoup de déplacements », confirme une porte-parole de la Monusco.
Des violences avaient déjà éclaté en Ituri fin 2017-début 2018, entraînant des mouvements de population vers l'Ouganda de l'autre côté du lac Albert. L'Ituri est touché à la marge par l'épidémie d'Ebola en RDC qui a fait plus de 1.400 morts, principalement dans la province du Nord-Kivu voisine.
Nicole Ricci Minyem