Sur le plan mondial, la commémoration de la Journée mondiale de la liberté de la Presse se déroule dans un contexte marqué par des crises de tout ordre. Le Cameroun n’est pas en reste. Conscients des enjeux que revêt cette profession, notamment au Cameroun où le concept de Démocratie est appréhendé de diverses manières, le Bureau Régional et Multisectoriel de l’Unesco a convié des acteurs clés de cette noble profession : le professeur Laurent-Charles Boyomo, Directeur de l’Esstic – Daniel Anicet Noah Mbede, Expert International en Stratégies de Communication – Kinsley Nguangue, chef de département Journalisme et Communication à l’Université de Bué et, un homme de lois Me Claude Assira.
Dans des thématiques diverses, chaque panéliste a, devant les étudiants et quelques médias présents, développé des concepts qui ont permis de mieux comprendre les notions qui rentrent dans le thème de célébration de cette année.
Pour Me Claude Assira, « le Cameroun passe par des moments de grandes souffrances. Cela ne relève pas uniquement de la volonté ou encore, de la responsabilité sociétale du seul Journaliste ».
L’homme de loi, affirme que « tous les acteurs de la société ont le devoir de faire chacun son métier. On ne saurait demander, aux journalistes plus qu’on ne demande aux autres acteurs de la vie en société. Proches du pouvoir ou non, la seule et unique responsabilité du journaliste est de respecter les canons qui régissent cette profession… Il est plus que jamais, important de les inviter à une éducation à la responsabilité sociale. C’est ce qui fait défaut à la plupart des journalistes. Le Cameroun a de très belles lois mais, beaucoup de choses restent à améliorer. Il est urgent de changer de manière collective, les mentalités… ».
Daniel Anicet Noah Mbede, Expert International en Stratégies de Communication pense quant à lui que : « le journalisme est un métier. Le journaliste réel doit se distinguer, par rapport au panorama à l’ensemble de désinformation, par sa responsabilité. La responsabilité n’est pas l’auto censure, la responsabilité n’est pas une inquiétude intellectuelle, c’est la conscience de l’objectif pour lequel on donne une information, de ce à quoi on voudrait aboutir… ».
Alors que le Cameroun se prépare à organiser les élections régionales, municipales et législatives, le rôle du journaliste est très clair, selon l’Expert International en Stratégies de Communication : « Il y’a une logique morale qui est que le recoupement de l’information, le fait d’équilibrer l’information, ce sont des choses qui, de toutes les façons, lorsque le journaliste ne prend pas de responsabilité, il entre dans ce qu’on appelle les logiques fatales. On ne peut pas faire un métier au long cours, en étant un journaliste irresponsable, ou en se réclamant ou en se réclamant d’une sorte de délinquance inconséquente. Le journaliste donne l’information pour provoquer la discussion publique. Il s’agit pour le journaliste de ne pas se faire coincer en étant partisan… ».
Etat de lieu
Les statistiques sont effroyables. Selon l’Unesco, « près de 100 journalistes ont été assassinés en 2018, alors qu’ils exerçaient leur métier. Des centaines se retrouvent derrière les barreaux… ». Dans son message, le Secrétaire Général de l’Onu relève que : Quand les professionnels des médias sont pris pour cible, c’est la société toute entière qui en pâtit… ».
Les gouvernements et tous ceux qui font les lois, doivent dès lors comprendre que : « la Liberté de la Presse est une condition sine qua non de la Paix, de la Justice, du Développement Durable et des Droits de la personne… ».
Nicole Ricci Minyem