Jeudi 26 septembre, le directeur de l’organisation « Peace Research Institute Oslo » (PRIO), Henrik Urdal, a publié la liste des candidats au Prix Nobel de la paix 2019. Trois personnalités africaines sont nominées cette année. Il s’agit de : les jeunes activistes Hajer Sharief (Lybie), Ilwad Elman (Somalie) et le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed.
Selon PRIO, 301 personnalités sont candidates au prix Nobel de la paix cette année, donc 223 individus et 78 organisations. Notons que, 301 est le quatrième plus grand nombre de candidats jamais enregistré. Le record actuel de 376 candidats a été atteint en 2016.
Dans la liste dévoilée par la « Peace Research Institute Oslo » figurent les noms de trois Africains :
La somalienne Ilwad Elman figure parmi les potentiels candidats susceptibles de remporter le Prix Nobel de la paix 2019. Née en Somalie, Ilwad Elman a passé son enfance au Canada avant de revenir en Somalie en 2010 alors qu’elle était âgée d’une vingtaine d’années. Avec sa mère, Fartuun Adan, elle a cofondé et dirige actuellement le centre « The Elman Peace and Human Rights Center » à Mogadiscio.
Le centre développe un certain nombre de programmes liés à la paix, allant du militantisme des jeunes et de l’éducation, à la paix à la formation, à la création d’emplois et à la lutte contre la violence sexiste. Lauréate de la personnalité africaine jeune de l’année aux Africa Youth Awards 2016, Ilwad Elman est membre du groupe consultatif du Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix, ainsi que de nombreux autres groupes d’experts des Nations Unies. Elle est associée à l’initiative Extremely Together de la Fondation Kofi Annan.
Elle conduit également divers groupes de coordination en Somalie centrale et du Sud dont les membres sont des ONG locales et internationales, des agences des Nations Unies et des représentants du gouvernement et des chercheurs. Ilwad Elman a fait partie du programme de Barack Obama pour les jeunes leaders africains en 2014. Au cours de la même année, elle a été nommée ambassadrice en Somalie pour les jeunes afin de mettre fin à la violence sexuelle. En tant que militante sociale, Ilwad organise des événements TEDx en Somalie (Technology, Entertainment et Design).
Lauréate du « Student Peace Prize » en 2017, Hajer Sharief a co-fondé, à 19 ans, « Together We Build It », un réseau de la société civile œuvrant pour une transition pacifique et démocratique en Libye. En tant que membre de l’équipe de plaidoyer pour la jeunesse de « United Network of Young Peacebuilders », Hajer Sharief a fait campagne pour l’adoption et la mise en œuvre de la résolution 2250 du Conseil de sécurité.
Avec son organisation, Hajer Sharief travaille pour l’inclusion des femmes et des jeunes dans la paix en Libye. En 2013, elle a Co-créé le Réseau 1325 en Libye, un réseau d’organisations de la société civile encourageant les femmes à jouer un rôle actif dans la consolidation de la paix et la prévention des conflits. Dans le cadre de l’initiative « Extremely Together » de la fondation Kofi Annan, elle a également aidé à mettre au point la toute première boîte à outils utilisée dans la lutte contre l’extrémisme violent menée par les jeunes. « Une question particulièrement importante pour un prix de la paix destiné aux jeunes, compte tenu de l’importance des discussions en cours sur la radicalisation des jeunes », a fait savoir Henrik Urdal.
Hajer Sharief a été membre du groupe d’experts des Nations Unies pour l’étude sur la jeunesse, la paix et la sécurité. Elle est également une championne d’ONU femmes sur les femmes, la paix, la sécurité et les droits de l’homme. L’activiste libyenne serait donc particulièrement digne de remporter le prix Nobel de la paix, explique PRIO.
Selon PRIO, l’Éthiopie figure parmi les pays se situant près du bas de l’indice de développement humain et l’ambitieux programme de réformes économiques et sociales d’Abiy Ahmed représente sans doute un programme de prévention des conflits plus vaste et à long terme. De même, ses initiatives visant à renforcer la collaboration économique et le commerce dans la région, notamment des accords garantissant l’accès de l’Éthiopie aux ports de Djibouti, du Soudan, du Somaliland et du Kenya voisins, permettent d’espérer un développement plus stable et plus prospère dans toute la Corne de l’Afrique.
Les deux activistes africaines sont en tête de liste avec le jeune activiste de Hong-Kong Nathan Law Kwun-Chung, 26 ans. « L’importance de l’activisme des jeunes est devenue de plus en plus évidente ces dernières années. Les jeunes fixent l’ordre du jour sur des questions d’importance cruciale pour la paix et la sécurité aux niveaux local et mondial, remettant en question les récits établis et la dynamique du pouvoir générationnel. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a reconnu « la contribution importante et positive de la jeunesse dans les efforts en faveur du maintien et de la promotion de la paix et de la sécurité », a déclaré Henrik Urdal dans un communiqué publié par l’institution.
« Dans la résolution 2250 sur la jeunesse, la paix et la sécurité, adoptée en 2015. Ce thème n’est plus d’actualité depuis lors, et j’estime que les contributions des jeunes devraient être soulignées dans le Prix Nobel de la paix de cette année », a-t-il ajouté.
Pour rappel, le prix Nobel de la paix récompense « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix » selon les volontés, définies par le testament, d'Alfred Nobel. Cela comprend la lutte pour la paix, les droits de l'homme, l'aide humanitaire et la liberté. Le prix de l'année peut être partagé entre deux, voire trois personnalités ou institutions ayant rendu de grands services à l'humanité par la voie diplomatique. Il a été attribué pour la première fois en 1901.
Danielle Ngono Efondo