La décision était attendue. Guillaume Soro a rendu sa démission ce vendredi 8 février, de son poste à la tête de l’Assemblée nationale ivoirienne, à l’issue d’une brève session extraordinaire qu'il avait convoquée.
« À cet instant précis, je rends ma démission du poste de président de l’Assemblée nationale », a déclaré Guillaume Soro, du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, d’un ton grave et solennel. Dans un discours bref, il est revenu sur les circonstances de cette démission qui était attendue depuis quelques jours, suite à son refus d’adhérer au Rassemblement des houphouêtistes pour la démocratie et la du président Alassane Ouattara. « J’ai eu plusieurs rencontres avec le président de la République » au cours du mois de janvier, a expliqué Guillaume Soro. « Il a été question de mon positionnement idéologique par rapport au RHDP », a-t-il précisé.
« J’étais face à un dilemme. Trahir mes convictions, donc sauver un poste confortable, ou descendre de mon piédestal et rendre ma démission de mes fonctions, afin de pouvoir me regarder dans une glace », a encore expliqué l’ex-chef de la rébellion des Forces nouvelles.
C’est sous les applaudissements, y compris de la part de députés membres de la mouvance présidentielle, que les parlementaires ont accompagné leur ex-président, qui a aussitôt quitté l’Assemblée nationale. De fait, il avait déjà vidé ses bureaux et s’était déjà préparé à quitter ses fonctions. La démission de Guillaume Soro est intervenue dès son retour des États-Unis. Il a séjourné dans ce pays depuis le début du mois, pour préparer son doctorat en finances à Harvard. Bien qu’ayant démissionné, Guillaume Soro reste député de Ferkessédougou.
Candidat en 2020 ?
Ces derniers mois, ses relations entre le président Alassane Ouattara son ancien mentor et lui se sont considérablement dégradées, alors qu’il se rapprochait davantage d’Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-allié du Rassemblement des républicains – RDR, parti présidentiel). Ce dernier a lui aussi rompu avec Ouattara et a engagé son parti dans l’opposition. Les deux hommes, ont résolu depuis des semaines, de ne plus cacher leur partenariat, dans le cadre d’une nouvelle plateforme politique devant regrouper les principaux opposants à Ouattara et dont les négociations se déroulent dans un secret absolu. Chacune de leurs rencontres faisant l’objet d’interprétations de la part de leurs pourfendeurs, celui qui est désormais considéré comme l’ex président de l’Assemblée nationale s’est voulu catégorique : « Je vais aller saluer Bédié, matin, midi, soir, si je veux ».