Les augmentations dénoncées par les cinéphiles sont comprises entre 500 F et 4000 FCFA.
Depuis quelques jours, les usagers de Canal Olympia de Yaoundé sis à l’Université de Yaoundé 1 sont en colère. Ils ont constaté qu’il y a une hausse des prix des tickets d'entrée au cinéma. On parle d’augmentations de 500 F, 1 000 F et 4 000 F. Toutefois les tarifs dits «normaux», les «tarifs réduits» destinés aux étudiants et aux enfants de moins de 12 ans n’ont pas été touchés.
Pour ce qui est du reste et qui cause la gêne des cinéphiles, c’est qu’il faut désormais débourser 1 500 F pour les séances classiques au lieu de 500 F. Il faut payer pour le coût des séances 3D 2 000 F et non plus 1 500 FCFA. Le prix des avant-premières vaut actuellement 7 000 F et non plus 3 000 F, comme avant. On observe également deux grandes nouveautés dans la grille tarifaire : la Première classique et de la Première 3D dont les coûts s'élèvent à 5 000 F chacune.
Pour les cinéphiles l’augmentation n’a pas tenu compte de leur capacité financière. « C'est de trop pour notre bourse. Les prix ont pratiquement triplé pour certaines projections. Ce qui est même plus grave, c'est la grille tarifaire des avant-premières qui a connu une augmentation de 4 000 F. Imaginez si vous avez quatre enfants, c'est vraiment exagéré », déclare un cinéphile dans les colonnes du quotidien gouvernemental Cameroon tribune.
Certains de ces cinéphiles fâchés, plus sentencieux pensent ne plus venir à Canal Olympia avec ce qui se passe. « Avec cette hausse des prix, je ne compte plus mettre mes pieds à Canal Olympia, je vais me réabonner à l'institut français du Cameroun où les tarifs semblent encore abordables », affirme un autre amoureux de cinéma dans les colonnes du quotidien gouvernemental.
A titre de rappel, Canal Olympia Yaoundé a été inauguré le 14 juin 2016. Il a été construit pour accueillir 300 personnes en configuration intérieure et plusieurs milliers de personnes en configuration extérieure.
Liliane N.
Inspirées par le mouvement #MeToo, deux actrices, la Française Nadège Beausson-Diagne et la Burkinabè Azata Soro, présentes au Fespaco de Ouagadougou, ont accusé ce jeudi, les cinéastes africains de harcèlement sexuel et d'agressions contre elles.
« Il est temps de parler. La peur doit changer de camp », a déclaré Nadège Beausson-Diagne, populaire pour ses rôles dans la série « Plus belle la vie » et le film « Bienvenue chez les Ch'tis », lors d'un entretien avec la presse, pendant le 26e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco).
« Il y a eu #MeToo en Amérique, #Balancetonporc en France, en Afrique personne n'en a encore parlé, mais ce n'est parce que ça n'existe pas. C'est là partout, pas que contre les actrices, mais aussi les réalisatrices, les scénaristes, les techniciennes, qui vivent le harcèlement, des agressions sexuelles, des viols », affirme la comédienne de 46 ans. En lançant le mouvement #Memepaspeur, elle veut libérer la parole des femmes en Afrique.
Comédienne et réalisatrice de 32 ans, Azata Soro dit avoir été agressée et défigurée en 2017 par le réalisateur burkinabè Tahirou Tasséré Ouedraogo, lors du tournage d'une série, « Le Trône », produite par Orange Studio, en compétition au Fespaco : « A la suite d'un incident sur le tournage, il m'a agressé avec un tesson de bouteille. Il m'a déchiré le visage », raconte-telle en larmes.
Elle affirme en outre qu'auparavant, il l'avait harcelée sexuellement pendant six ans lors de plusieurs productions, lui demandant de le « masser », insistant pour coucher avec elle.
Au procès pour l'agression avec le tesson de bouteille, M. Ouedraogo avait reconnu les faits, demandé pardon et, avait été condamné par la justice à une peine de prison avec sursis, selon un confrère de l'AFP, présent à l'audience. Il n'a jamais versé de dommages et intérêts à Mme Soro, selon elle.
D’autres agressions
Sans vouloir donner de nom, Nadège Beausson-Diagne explique avoir été victime de harcèlement et d'agressions lors de deux tournages en Afrique, après s'être fait connaître dans un film sélectionné au Fespaco en 2001.
Dans la première production, au Burkina, « le producteur a fait venir plusieurs grands réalisateurs qui m'ont dragué lourdement. Ils m'ont dit qu'ils avaient la clé de ma chambre d'hôtel. Je ne dormais plus », relate la comédienne, étouffant des sanglots.
« Avant chaque action, il venait me dire je t'aime à l'oreille. Il m'a proposé de l'argent, de m'installer dans une maison, de me faire des enfants, de faire venir ma mère. Sa maîtresse enceinte était présente sur le tournage. Puis l'agression sexuelle est arrivée. Pour aller à une réception, je me suis retrouvée seule en voiture avec lui. A un moment il a tourné pour s'engager dans une forêt et, il a commencé à me toucher. J'ai hurlé, il a arrêté ».
La nécessité de briser le silence
« C'était il y a longtemps, mais la douleur est toujours là. J'invite les jeunes femmes à parler pour se reconstruire », explique Mme Beausson Diagne. Elle poursuit dans son plaidoyer, en demandant aux institutions, de prendre des mesures drastiques, à l’encontre de ceux qui sont adeptes de ces pratiques : « J'invite aussi les institutions, à ne plus donner des subventions à ces prédateurs sexuels, qui ne font des films que pour coucher avec des jeunes femmes ».
Lancé en fin 2017, le mouvement de libération de la parole des femmes #MeToo et son équivalent #Balancetonporc en France, ont éclaboussé les mondes du cinéma, de la mode, des médias et de la politique, conduisant à la chute de nombreuses personnalités.