La romancière Calixthe Beyala demande de faire attention avec le degré d’ethnicisation dorénavant donné à tous les problèmes au Cameroun.
Pour Calixthe Beyala, c’est pas un fait anodin ou à prendre à la légère. Il y a un danger qui subtilement s’implante dans les problèmes qui naissent au Cameroun. L’écrivaine avait déjà réagi après une sortie de l’artiste Letis Diva dans laquelle, celle-ci demandait aux Bamilékés à prendre des mesures radicales contre tous ses confrères tribalistes. Il convient de noter que cette dernière aussi réagissait à la déclaration de Coco Argentée qui a indiqué que le présentateur de l’émission Cameroon Feeling diffusé sur la Crtv Eric Christian Nya reçoit plus des invités Bamilékés.
Pour l’écrivaine Calixthe Beyala, il faut faire attention. Les camerounais ne doivent pas se penser en fonction de leur ethnie, mais comme des citoyens du Cameroun. Pour elle, il faut donner la priorité à l’identité géographique.
Retrouvez ci-dessous la tribune de Calixthe Beyala
Cameroun : attention danger !
Je suis surprise par le degrés d'ethnicisation de tous les problèmes au Cameroun. Un X de unetelle tribu pose un acte grave, tous ceux de son ethnie trouvent normal de le défendre.
On n'est plus raison, attention, humaniste, intellectuel ou salopard, on semble être d'abord de l'ethnie dont nous sommes issus par hasard et assignés à rouler pour notre tribu.
Il me semble que de plus en plus d'enfants naissent et sont comme moi des morcellements génétiques de plusieurs tribus du Cameroun. Que fait-on d'eux ? Devrait-on les assigner génétiquement ? Culturellement ? Devrait-on créer une nouvelle tribu, celle du métissage ? A quel niveau commence-t-elle ? Ou s'arrête-t-elle? Lui inventera-t-on une langue ?
En ce qui me concerne, l'être humain appartient à une culture et non à une race. Encore moins à une tribu. Ainsi, un petit Douala, Bassa, Bamileke né à Paris est avant tout un titi Parisien ; il raisonne comme le parisien qu'il est, mange et réfléchit comme le parisien qu'il est. Je ne le considère pas comme un acculturé. Il peut aussi choisir de se rapprocher de ses cultures d'origine, mais il s'agit là d'un choix et non d'une obligation !
Aussi, pour sauver notre beau pays, le Cameroun, apprenons à réfléchir d'abord comme des camerounais et non comme des Beti ou des Bamileke ; dépassons ces mots ethniques qu'on nous accole et qui ne tiennent nullement compte de l'importance de la culture géographique. L'identité géographique des peuples domine l'identité raciale de nos jours, grâce à la mondialisation ou à cause d'elle. Le petit Yaoundéen d'origine Bassa est plus Beti que le petit Beti qui est né et qui a grandi à Douala
Je sais. Je suis le parfait produit des mixages ethniques, même si ma dominance culturelle est Eton, car j'ai été élevée par les Eton. Sauvons le Cameroun en condamnant avec la même force les déviances d'où qu'elles viennent et à aimer ceux qui portent haut les couleurs de notre beau pays d'où qu'ils viennent.