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Le « raïs » vient de s’éteindre. Ben Ali est décédé ce jeudi 19 Septembre 2019 en Arabie Saoudite. Il était âgé de 83 ans. Après la révolution populaire de 2011, il avait trouvé refuge dans ce pays ami.

 

Zine El-Abidine Ben Ali n’est plus. Il avait quitté la scène politique à l’issue du « printemps arabe » de 2011. Après plus de deux décennies d’un pouvoir répressif, Ben Ali avait été renversé début 2011 par un mouvement du peuple tunisien, point de départ d’une vague de révoltes dans la région connue sous le nom de « printemps arabe ».

Ben Ali, c’est en tout vingt-trois ans au pouvoir. Pouvoir qu’il aura perdu en l’espace d’un mois. De Zine El-Abidine Ben Ali, les Tunisiens garderont sans doute le souvenir de sa dernière apparition télévisée, le 13 janvier 2011 : l’homme qui les a fait trembler pendant presque un quart de siècle semble défait, presque apeuré. « Je n’étais pas au courant (…) on m’a trompé (…) je vous ai compris », disait – il à cet époque. Ce sera la dernière fois que les tunisiens verront leur chef de l’Etat dans ses fonctions de Président de la République. Mais il était déjà trop tard. Ce troisième discours en une semaine sonne comme un aveu de faiblesse. La rue ne veut plus d’un homme dont elle sait qu’il ne tient jamais ses promesses. Elle continue d’exiger sa démission. Vingt-quatre heures plus tard, Ben Ali quitte le pays pour Riyad, en Arabie saoudite, dans des conditions piteuses, en compagnie de tous ses proches, dans une quasi-débandade.

Ce départ a l’allure d’une fuite et achève de ruiner son image. Le « raïs » apparaît soudain comme un tigre de papier. Il n’inspire plus que des sarcasmes, mais cette fois-ci les Tunisiens peuvent clamer haut et fort ce qu’ils disent tout bas depuis des années : ils haïssent cet homme dont l’Europe, France en tête, s’obstine à chanter les mérites, pour trois raisons au moins : sa lutte contre l’islamisme, le statut de la femme tunisienne – inégalé dans le monde arabe depuis Bourguiba – et enfin la prospérité économique de la Tunisie, petit pays dénué de ressources en hydrocarbures, à l’inverse de ses puissants voisins.

Ben Ali n’a pas accédé à la fonction présidentielle tunisienne suite à une élection. Il a en son temps destitué l’ancien président Habib Bourguiba pour des raisons « médicales ». Et il va lui succéder en tant que deuxième personnalité du pays selon l’ordre protocolaire. En destituant en douceur le père de la nation, devenu sénile, celui qui est alors premier ministre libère les Tunisiens de trente ans de bourguibisme et d’une fin de règne chaotique. « L’époque que nous vivons ne peut plus souffrir ni présidence à vie ni succession automatique à la tête de l’Etat qui excluraient le peuple », annonce le nouvel homme fort du pays, dans sa première allocution à la radio nationale, ce qui provoque un enthousiasme presque incrédule. Un enthousiasme qui ne sera pas de longue durée. Les tunisiens seront très vite désillusionnés par la mal gouvernance mis en perpétrée par Ben Ali.

Au finish, il aura quitté le pouvoir comme il y est venu.

 

Stéphane NZESSEU

 

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L’information a été révélée ce jour dans le magazine « Jeune Afrique ». Une lettre, attribuée à Ben Ali a été publiée sur son compte Facebook  alors que son ombre plane lourdement dans le débat politique de son pays

 

« Je suis la situation de mon pays comme chaque Tunisien qui ne peut que souhaiter le meilleur pour sa nation, et je ne crois pas que le temps soit propice à la surenchère. Les Tunisiens doivent protéger leur pays et le sauver de sa situation économique critique.

 

J’ai eu la chance d’assumer la responsabilité nationale de conduire la Tunisie et l’on se présentera devant Allah et devant l’Histoire pour être jugés, avec ce qu’on a réalisé et ce qu’on n’a pas réalisé. Mais nous n’avons pas surenchéri, quand nous étions au pouvoir, par rapport à ceux qui nous avaient précédés, et nous n’avons pas cherché à utiliser le passé pour justifier la légitimité de notre présent en ce temps-là.

 

Je suis avec vous de tout mon cœur, avec tout ce que je peux faire pour le bien de la Tunisie que nous avons servie avec sincérité et honnêteté durant cinquante ans. Nous n’avons pas marchandé son indépendance, sa souveraineté et le droit de son peuple à la croissance et au développement.

 

Je remercie tous les Tunisiens et les Tunisiennes dont j’ai reçu des milliers de lettres d’amour et de respect, en souhaitant à mon cher peuple de dépasser les difficultés, et à la Tunisie la stabilité, le progrès, et le développement. Soyez sûrs que je reviendrai avec la volonté d’Allah».

 

Un courrier qui vient mettre fin aux rumeurs concernant son état de santé

C’est ce 14 mai que Mounir Ben Salha, avocat de Zine el Abidine Ben Ali, a donné quelques indices à ceux qui sont restés les partisans de l’homme qui, depuis 2012, est condamné par contumace à plus de cent ans d’emprisonnement dans différentes affaires de droits de l’homme et de corruption.

 

Pour l’homme de loi, son client qui se trouve toujours en exil à Riyad, refuse que son image serve à une quelconque récupération politique alors que les tunisiens se préparent à prendre part aux élections présidentielles et municipales.  

 

Il y’a une raison plus personnelle : « Zine el Abidine Ben Ali  a aussi voulu rassurer ses proches. Ils ont vu les images mises en ligne la semaine dernière par le nouvel époux de sa fille Nesrine, des images qui ont blessé ses proches. Pour lui, il était important de les rassurer… ».

 

Nicole Ricci Minyem

Published in International






Sunday, 05 June 2022 11:01