L’Afrique du Sud vient de perdre une icône. En effet, le chanteur Johnny Clegg est décédé, mardi 16 juillet, d'un cancer à l'âge de 66 ans. « Johnny est décédé paisiblement aujourd’hui, entouré de sa famille à Johannesburg (…), après une bataille de quatre ans et demi contre le cancer », a déclaré son manager, Rodd Quinn, sur la SABC.
« Il a joué un rôle majeur en Afrique du Sud en faisant découvrir aux gens différentes cultures et en les rapprochant. Il nous a montré ce que cela signifiait d'embrasser d'autres cultures sans perdre son identité », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Que garder de Jonny Clegg?
Il faut juste retenir que, Johnny Clegg, surnommé le « Zoulou blanc » était un musicien sud-africain engagé qui incarnait avec ses chansons, mélange inédit de rythmes zoulou et de pop occidentale, la résistance à l’apartheid puis la réconciliation. Longtemps victime de la censure en Afrique du Sud, il a connu le succès à l’étranger avant d’accéder au statut de star dans son pays.
En 1982, la sortie de son album « Scatterlings of Africa » le propulse en tête des hit-parades en Grande-Bretagne et en France. Cinq ans plus tard, il s’affirme comme un artiste « politique » avec le titre « Asimbonanga », tube planétaire dédié à Nelson Mandela, le héros de la lutte anti-apartheid alors emprisonné à Robben Island (Afrique du Sud).
En 1997, Nelson Mandela fait une apparition surprise lors d’un concert du chanteur sud-africain à Francfort. « J’ai commencé à chanter quand soudain le public s’est levé comme un seul homme », racontait en 2013 Johnny Clegg, à l’Obs.
« Et puis, j’ai aperçu du coin de l’œil quelqu’un derrière moi qui était en train de monter sur la scène, en dansant, au bras de la chanteuse qui m’accompagnait. C’était Mandela ! C’était lui que le public acclamait ! », Poursuit-il. « Ça a été un choc. Je ne savais même pas qu’il était là, à Francfort », ajoute le musicien. À la fin de la chanson « Asimbonanga », Nelson Mandela a pris la parole : « C’est la musique et la danse qui me mettent en paix avec le monde. » avait déclaré Nelson Mandela
En septembre 2018, Johnny Clegg acceptait de se livrer lors d'un entretien avec Paris Match. Il évoquait alors son difficile combat contre la maladie. « J'ai connu trois rémissions du cancer du pancréas. Mais, il y a deux semaines, on m'a détecté deux tumeurs au poumon lors d'un contrôle. Et contre cela, je ne peux rien faire. Alors je continue à vous parler, à être un père, un mari, un ami... », indiquait-il avec pudeur.
« Oui, je dis au revoir à mon public. Je veux me produire tant que c'est encore possible en France, Nouvelle-Zélande et en Australie. Pour y donner les plus beaux concerts de ma vie, avant de ne plus pouvoir. Pour l'instant, j'ai encore l'énergie. Mais le cancer m'a déjà freiné dans pas mal de mes projets. J'ai suivi une nouvelle chimiothérapie en février, une autre en juillet m'a affaibli. Ces tumeurs détectées au poumon ont été un vrai choc. En réalité je devrais être mort depuis deux ans. » Avait-il poursuivi.
Né en 1953 au Royaume-Uni d'un père britannique et d'une mère zimbabwéenne, chanteuse de jazz de cabaret, Johnny Clegg débarque à l'âge de 07 ans dans une Afrique du Sud où la minorité blanche règne en maître absolu sur la majorité noire. Initié aux cultures locales par son beau-père journaliste, Johnny Clegg assure que son refus de l'apartheid n'a rien de politique.
Les yeux ouverts dans un pays borgne, il se glisse dès 15 ans dans les foyers de travailleurs noirs, au mépris des interdits. Là, il découvre les danses et les mélodies zoulou et s'invite secrètement pour danser avec les troupes traditionnelles. Quand l'apartheid tombe définitivement en 1994, « c'est comme si nous étions tous nés une seconde fois », confiera-t-il.
Aujourd’hui qu’il n’est plus, nos pensées vont à l’endroit de ses proches et qu’il repose en paix !
Danielle Ngono Efondo