C’est à cette conclusion que sont parvenus les experts installés dans certains centres hospitaliers de Yaoundé, à l’instar de l’hôpital central, l’hôpital militaire et l’hôpital de district de la Cité Verte qui ont rendu leur copie il y’a quelques jours, dans la ville aux sept collines.
A cette occasion, le directeur adjoint de Unitaid, Dr Philippe Duneton a précisé que : « cette étude est la toute première du genre à apporter des données comparatives sur l’utilisation du dolutégravir par des personnes vivant avec le VIH dans les pays à faibles ressources, tel le Cameroun. Uintaid attache beaucoup d’importance à ce partenariat avec l’ANRS et l’OMS qui contribuera à accélérer l’accès aux meilleurs traitements ».
L’étude New Antiretroviral and Monitoring Strategies in HIV-infected Adults in Lowincome countries est menée sur près de six cent patients, infectés par le VIH Sida. Ces derniers n’ont jamais été soumis au traitement sous anti rétroviraux. L’objectif poursuivi est de comparer l’efficacité, la tolérance et le coût de deux traitements d’antirétroviraux de première intention à base d’efavirenz 400 mg ou de dolutégravir. Conduite par l’ANRS et coordonnée par le Dr Charles Koanfack de la Faculté de médecine de l’Université de Dschang et le Pr Eric Delaporte de TransVIHM, Université Montpellier, IRD, Inserm, Montpellier I. Elle bénéficie d’un cofinancement de l’ANRS et Unitaid
Deux ans après son lancement, les résultats de l’étude Antiretroviral and Monitoring Strategies in HIV-infected Adults in Lowincome countries qui va s’achever en 2021, montrent la non- infériorité du traitement à base de Dolutegravir par rapport au traitement à base d’Efavirenz 400.
Le suivi des patients dans les pays du Sud, amènent les chercheurs à penser que le traitement de première ligne à base de Dolutégravir est une bonne alternative à l’Efavirenz. Les dernières recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé, publiées en 2018, préconisent d’ailleurs, un traitement de première ligne, pour l’infection par le VIH à base de Dolutegravir (DLG) à l’exception des femmes prévoyant une grossesse, et d’un traitement alternatif à base d’Efavirenz (EFV) 400.
Cependant, il n’existait jusqu’alors aucune donnée comparant ces deux molécules, dans le contexte particulier des pays à ressources limités. L’étude ANRS NAMSAL menée à Yaoundé, au Cameroun, a prouvé leur efficacité, auprès patients qui ont accepté de se soumettre au test.
Coordonnée par Charles Kouanfack et Éric Delaporte et est Co -financée par UNITAID et l’ANRS, l’étude dont il est question ici soumet le malade à quarante huit semaines de traitement. On parle de 74.5% pour ceux qui bénéficient du bras DLG et de 69% des patients du bras EFV, qui présentent moins de 50 copies virales par ml de sang. Ainsi, le traitement à base de DLG est non inférieur au traitement à base d’EFV400. La différence observée entre les deux traitements n’est pas suffisamment significative pour établir une supériorité de l’un par rapport à l’autre.
Contrairement aux pays du Nord, où un contrôle de la charge virale des patients suivis est effectué plusieurs fois par an, au Cameroun, les capacités limitées des laboratoires ne permettent ce contrôle qu’une fois par an. Ce suivi sous-optimal complique la détection des échecs thérapeutiques. Il est de ce fait, primordial d‘avoir un traitement conséquent, apte à présenter un faible taux d’échecs et qui par ailleurs, est peu sensible à l’émergence des mutations de résistance. C’est ce qui justifie le choix du DLG qui est une alternative de choix, tel que l’explique le Dr Éric Delaporte : « Dans le cas des patients présentant un fort taux de virus dans le sang à l’initiation du traitement on observe quel que soit le traitement prescrit (DTG ou EFV), la persistance d’une faible réplication virale. De ce fait, il est important de pouvoir suivre à long terme les patients initiant un traitement à base de Dolutegravir afin de vérifier la non-survenue de mutations de résistance à cette molécule».
Nicole Ricci Minyem