Le président Donald Trump a évoqué l’éventualité d'une guerre contre l'Iran. Une guerre qui selon Trump « ne durerait pas très longtemps », tout en assurant ne pas espérer un tel conflit, alors que la tension va crescendo entre la République islamique et les États-Unis sur la situation dans le Golfe, « J'espère que non, mais nous sommes dans une position très forte si quelque chose devait arriver », a déclaré le président américain dans une interview accordée au magazine Fox Business Network, en réponse à une question sur le risque de guerre avec Téhéran. « Je ne parle pas d'envoyer des troupes sur le terrain. Je dis juste que si quelque chose arrivait, ça ne durerait pas très longtemps. »
Prenant le contre-pied des propos tenus par son homologue Hassan Rohani, ces déclarations sonnent comme un nouvel avertissement à l'Iran. Un peu plus tard, il a estimé que les dirigeants iraniens seraient « stupides » et « égoïstes » de ne pas chercher un accord pour se délester des sanctions américaines. « L'Iran peut faire ce qu'il veut, cela m'est égal, j'ai tout le temps qu'il faut. Mais leur pays est en détresse économique. Leurs dirigeants devraient prendre soin de la population », a précisé Donald Trump. En fait, quelques heures avant la sortie de Trump, plus tôt dans la journée, le président iranien a assuré par téléphone son homologue français Emmanuel Macron, que son pays « n'a aucun intérêt à faire croître les tensions dans la région et ne cherche la guerre avec aucun pays, États-Unis compris ».
Hassan Rohani a évoqué en Conseil des ministres l'accord sur le nucléaire iranien, conclu avec six grandes puissances en 2015 à Vienne et menacé depuis que les États-Unis en sont sortis unilatéralement en mai 2018. « Je le dis aux Américains : vous avez choisi le mauvais chemin. Je le dis aux Européens : vous faites fausse route avec votre inaction », a-t-il déclaré, « et je leurs dis [à tous] de revenir à leur serment et à leurs engagements ». Les membres européens du Conseil de sécurité de l'ONU ont publié mercredi une déclaration commune critiquant le comportement des États-Unis, mais aussi de l'Iran concernant l'accord de 2015.
Dans une note publiée mardi, l'amiral Ali Shamkhani, secrétaire général du Conseil suprême de la sécurité nationale, fait savoir que Téhéran mettra en œuvre la deuxième phase de son « plan de réduction » de ses engagements en matière nucléaire à partir du 7 juillet. En d'autres termes, l'Iran recommencerait à enrichir de l'uranium à un degré prohibé par l'accord de Vienne (la limite est fixée à 3,67%) et relancerait son projet de construction d'un réacteur à eau lourde à Arak (centre ouest), mis en sommeil.
Par cet accord, l'Iran s'est engagé à ne jamais chercher à se doter de l'arme atomique et à limiter fortement son programme nucléaire en échange d'une levée de sanctions internationales asphyxiant son économie. Téhéran a également donné aux autres États du pacte (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni, Russie) jusqu'au 7 juillet pour l'aider à contourner les sanctions américaines, faute de quoi l'Iran passerait à la deuxième phase de son « plan de réduction » de ses engagements. La République islamique a déjà indiqué que ses réserves d'uranium (faiblement) enrichi devraient dépasser la limite des 300 kg ce jeudi. Cela risque d'amener l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à constater, pour la première fois depuis l'entrée en vigueur de l'accord, un manquement de l'Iran à ses engagements. Pour Paris, une telle « violation iranienne serait une grave erreur ».
Stéphane NZESSEU