Que ce soit à l’hôpital Central de Yaoundé ou alors à l’hôpital général aucune information ne filtre par rapport à l’évolution de la maladie sur les cas recensés
C’est un Mardi pluvieux, sombre et la tristesse se lit sur le visage de tous ceux qui arpentent les couloirs de ces deux hospices. Après avoir passé le test du coronavirus pour se rassurer de son état de santé et peut être avoir accès au site où sont confinés les personnes mises en quarantaine, on se voit opposé une fin de non recevoir parce qu’en pleine forme.
On est certes rassuré mais il n’est pas question d’aller plus loin dans les investigations. On apprend juste qu’à l’hôpital Central « un site a été aménagé pour accueillir afin d’accueillir tous ceux qui font la maladie. Ils sont en quarantaine et reçoivent les soins de santé adéquats… ».
Un garde malade retrouve un groupe de personnes qui discutent de cette pandémie et montrent l’un des derniers tweets du ministre de la Santé Publique. Dans ce message, le Dr Manaouda Malachie annonce le « premier décès du COVID – 19 au Cameroun. Il s’agit du patient 3 qui venait d’Italie déjà très touché par la maladie… ».
Pendant que nous y sommes, on voit arriver de nombreuses personnes et dans les discussions, on se rend compte qu’il s’agit des proches des personnes qui étaient confinées dans un aéroport au Kenya et qui sont arrivés ce matin. Pas moyen de les contenir car tous grognent et manifestent leur colère. Ils ne comprennent pas qu’on leur interdise de voir les membres de leurs familles respectives afin de prendre des nouvelles, ce d’autant plus que les images diffusées sur les réseaux sociaux n’avaient rien de rassurant.
« Ils seront mis en quarantaine pendant quatorze jours et si tout va bien, chacun va repartir chez soi… ».
Comme une confidence, une infirmière travaillant à la Fondation Chantal Biya nous fait savoir qu’ « il y a au bas mot, 500 personnes qui sont atteintes au Cameroun. Elles sont réparties dans tous les hôpitaux notamment Yaoundé et Douala ».
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A l’hôpital général c’est quasiment la même ambiance. Nous apprenons en plus que « le personnel de la cathédrale y est confiné ».
A ce niveau également la psychose règne. On a comme l’impression que même les médecins ont peur d’en parler. C’est comme une maladie honteuse qu’on ne peut évoquer qu’en petit comité avec des « initiés ».
Une attitude quand même incompréhensible parce que ces informations en compte gouttes ne font pas prendre aux populations l’ampleur de la situation. Ces dernières continuent de vaquer tranquillement à leurs occupations, en affirmant à tout vent que « cette maladie est une chose de blancs et il faut seulement qu’ils restent avec leur saleté chez eux. Nous avons des écorces et autres décoctions qui nous mettent à l’abri de cette histoire et tous ces gens qui viennent de là bas viennent mourir ici… ».
Nicole Ricci Minyem