C'est dimanche dernier (02 décembre) que s'est déroulée sur les berges du Wouri la clôture de l'édition 2018 du festival culturel Duala, le NGONDO.
Comme cela est de tradition, les festivités s'achèvent avec le message des ancêtres dualas à la communauté. Un message tiré des profondeurs des eaux du fleuve. Un message dont la seule cérémonie qui entoure son recueil est en soi tout un évènement.
Le message des ancêtres est le maître mot qui conduit chaque année le peuple dans sa marche communautaire. Tel un discours de politique générale, le message de l'eau trace la voie à suivre par tous le peuple au cours des 12 prochains mois à venir. Bien que s'adressant au monde entier, les paroles choisies par les ancêtres concernent au premier chef l'ensemble du peuple Sawa.
Envoyés quelques heures plutôt, c'est à 13h environ que les émissaires du peuple auprès des ancêtres sortent la tête de l'eau. Avec dans le panier, le très attendu message pour l'année débutante. Suivant le rituel magique qui entoure un tel moment, les émissaires seront conduits dans une case sacrée où devra être déchiffré le merveilleux message. Vous vous en doutez bien, les esprits des ancêtres ne parlent pas la même langue que nous. Il faut donc là présence de patriarche préparé pour traduire en des mots audibles le message des ancêtres.
Et cette année, le message sorti des eaux est "Mussango".
Traduction en français, La Paix. Une fois de plus comme celà est le cas depuis quelques années, les ancêtres invitent à la paix. Un message bien approprié quand on regarde l'environnement socio-politique ambiant. Nous avons aujourd'hui plus que jamais besoin de paix.
Paix dans la communauté Duala qui est aujourd'hui en proie à plusieurs crises internes. Même si on choisit de faire fie des conflits latent entre certains cantons, on ne manquera pas de situation où pointer les crises entre Sawa.
Parmi les exemples les plus marquants, le conflit ouvert entre Sawa et Sawa au sein de l'Eglise Évangélique du Cameroun. Le conflit sur la gestion des berges du Wouri qui a obligé le déplacement du site traditionnel du NGONDO au profit d'une entreprise de cimenterie. Les tensions du fait des choix politiques entre fils et filles Dualas. Tensions exacerbées avec la dernière présidentielle qui a vue le patriarche Laurent Esso être pratiquement renié par les siens au profit d'autres candidats. Les tensions entre les chefs et leur fils de la communauté urbaine de Douala, Fritz Ntonè Ntonè. Les Sawa de Buea abandonnés par leur frère dans cette crise de l'anglophonie.
Des points de discordes et bien d'autres qui montrent à suffire que les ancêtres savent très bien de quoi ils parlent lorsqu'ils invitent à la paix.
Une paix qui interpelle également au plus haut chef tout le peuple camerounais. ''Alors que le Cameroun est en proie à des troubles divers, seule la paix entre les différentes communautés peut permettre au Cameroun d'avancer vers des horizons meilleurs" explique Pamphile Yobe le secrétaire général du Ngondo.
Ils sont venus de partout vivre cette grande fête culturelle annuelle du peuple Sawa. On a apperçu des délégations des États-Unis, de la France, de la côte d'Ivoire et de plusieurs autres pays présents ce dimanche sur les abords du grand fleuve. Le spectacle quant à lui a su tenir la promesse des fleurs mis à part cet incident du fait de la chute d'un des écrans géants disposé sur le site.
Le NGONDO c'est aussi et surtout l'élection Miss, la lutte traditionnelle, la course de pirogue et autres qui viennent agrémenter la cérémonie tout en rappelant les moments forts de la vie dans les cantons Sawa.
Le plus fort des lutteurs cet année est Eyango Mandengue du canton Akwa. Tandis que la plus belle fille Duala est Edimo Colette Florence. Elle vient du canton Bassa. La course de pirogue, âprement disputée sera remportée par l'équipe du canton Deido.
Rendez vous a été pris pour 2019.
Stéphane Nzesseu