Le ministre de l’Administration Territoriale le leur a renouvelé au cours d’un point de presse organisé ce Vendredi dans la salle des conférences du département ministériel dont il a la charge, en invoquant que:
“S’en prendre publiquement à un agent de police ou à tout autre agent des forces de sécurité en plein exercice de ses fonctions, sera désormais considéré comme un casus belli…”.
Pour justifier cette position, le membre du gouvernement fait référence au fait que :
“Depuis un certain temps, l’opinion publique en général et les autorités administratives en particulier, déplorent les violences parfois physiques contre des agents de police en plein exercice de leurs fonctions à travers le pays…”.
Pour Paul Atanga Nji, “Ces comportements irresponsables et méprisants à l’endroit de la police ont atteint des limites inacceptables et ne peuvent plus être tolérés…”, car, faudrait-il le rappeler, argue t- il, “la police est au service de la population, plus précisément au service de tous et de chacun… Il s’agit d’un corps hiérarchisé et structuré qui veille nuit et jour sur la sécurité des personnes et de leurs biens…
Il est donc clair qu’un citoyen ou un usager, quel que soit son rang social, n’a pas le droit d’exercer des violences contre un agent de police dans l’exercice de ses fonctions. La loi de la jungle n’a pas de place au Cameroun…
Provoquer une bagarre avec un agent de police en refusant d’obtempérer à une injonction est inacceptable... La tenue qu’arbore un agent de police est bel et bien la tenue de l'État et non celle de l’individu qui le porte…
S’en prendre publiquement à un agent de police ou à tout autre agent des forces de sécurité en plein exercice de ses fonctions, sera désormais considéré comme un casus belli…
Les comportements irresponsables et désobligeants à l’endroit des agents de sécurité seront dorénavant punis conformément aux textes en vigueur”.
Article 156 de la Loi du 24 décembre 2019
Violences à fonctionnaire
Est puni d’un emprisonnement de 01 (un) mois à trois (03) ans et d’une amende de cinq mille (5000) à cent mille (cent mille) francs, celui qui commet des violences ou voies de fait contre un fonctionnaire.
La peine est un emprisonnement de cinq (05) à dix (10) ans et une amende de vingt mille (20 000) cinq cent mille (500 000) francs, si les violences ou voies de fait sont préméditées ou si elles entraînent, même non intentionnellement, des blessures telles que prévues aux articles 277 (privation permanente de l’usage de tout ou partie d’un membre, d’un organe ou d’un sens) et 280 (maladie ou incapacité de travail supérieure à 30 jours) du présent code.
La juridiction peut, dans tous les cas, prononcer les déchéances de l’Article 30 si les violences et voies de fait entraînent non intentionnellement la mort, la peine d’emprisonnement est à vie.
Si les violences et voies de fait sont commises avec l’intention de donner la mort, le coupable est puni de mort.
Si la Loi a été redite avec toute la vigueur dont elle se prévaut aux citoyens, le ministre Paul Atanga Nji en dehors du rappel du numéro vert, n’a quasiment pas fait mention de ce qu’il peut advenir d’un policier qui exerce les violences et voies de fait sur les Camerounais lamda.
S’il est vrai qu’il y a des individus qui n’ont aucun respect pour la tenue arborée par les policiers et autres forces de sécurité, des individus qui agressent notamment de jeunes policiers sous de fallacieux et divers prétextes, des hors la loi qui, au cours de leurs opérations de grand banditisme s’en prennent violemment aux policiers, il n’en demeure pas moins vrai qu’au sein de la police Camerounaise, nombreux sont des éléments qui profitent de cette tenue pour causer des préjudices indescriptibles aux pauvres populations.
Quelques exemples
Les billets de cinq cent (500) ou mille (1000) francs arrachés aux automobilistes, même en rase campagne sans que cela n’émeuve personne. Lorsqu’un automobiliste est interpellé, il prend la peine au vu et au su de tous de glisser de l’argent dans ses dossiers, revenant plus tard pour affirmer que “ Nous connaissons le code, le chef voulait sa bière). Y a t-il eu respect de la tenue de l'État ?
Les pots de vin récupérés auprès des promoteurs des bars et autres lieux de réjouissance, alors qu’il leur est demandé de veiller au strict respect de la Loi quant à l’heure de fermeture de ces lieux de réjouissance pour les uns et de tapage nocturne pour les autres. S’agit-il aussi d’une preuve du respect de la tenue portée ?
La quasi majorité des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux montrent quelquefois des hommes en tenue, avachis sur des chaises avec à leurs pieds des bouteilles vides des bières qu’ils ont consommé; A travers une telle attitude, montrent - ils qu’ils sont eux même respectueux de la tenue qu’ils portent?
Sur d’autres vidéos, l’on voit clairement que lorsqu’il y a bagarre entre un homme en tenue et un civil, le premier coup de poing ou de tête est donné par l’homme en tenue…Y a-t-il à travers ce geste, respect de la tenue portée ?
Les enquêtes de moralité sont-elles toujours menées lorsqu’on décide de recruter des personnes au sein des forces de maintien de l’ordre ? Qu’est ce qui peut expliquer cette défiance, ce mépris que d’aucuns affichent vis-à-vis de la tenue qu’arborent policiers, gendarmes et militaires... ?
Le rappel de la Loi a toute son importance au regard de l’actualité mais, ne serait - il pas mieux de travailler afin de recréer un climat de confiance entre les agents de la sécurité publique et les populations ?
L’attitude du ministre de l’Administration Territoriale ne va-t-elle pas apparaître comme un élément de défiance, de cassure, de rejet au moment où les appels à la collaboration entre police - gendarmerie et peuple ont toute leur importance ?
Nicole Ricci Minyem