Hier mercredi 01er juillet les parlementaires ont discuté en session plénière de l'avenir du secteur culturel camerounais. Une loi qui ne va pas servir les intérêts de ceux vers qui elle est destinée. Au point où les acteurs du secteur culturel annoncent de marcher demain sur Yaoundé pour faire entendre leur refus.
Les acteurs du secteur culturel sont en colère. Ils ne se reconnaissent pas dans cette loi actuellement en discussion à l'Assemblée Nationale. Pour eux, il s'agit ni plus ni moins d'une stratégie pour plomber complètement un pan de la société camerounaise. Un pan qui participe fortement à la croissance économique du pays.
Dans une lettre ouverte adressée aux députés, les professionnels de la culture rappelle "que de nombreuses activités économiques et sociales génératrices d'emplois et de richesse, qui profitent aux populations sont accomplies dans le cadre des associations qui opèrent dans le secteur culturel." Ils craignent la fin de cette forme juridique qui leur a permis jusqu'ici de s'épanouir.
La loi qui est en étude participera certainement à tuer cette économie. Et ils l'ont fait savoir : "Il nous semble important et urgent de venir auprès de l'Auguste Assemblée Nationale où vous siégez, pour porter notre voix, afin d'attirer votre attention sur ce qui nous semble mettre en danger la vie associative dans le secteur culturel et artistique. Ceci a trait au projet de loi N°1076/PJL/AN régissant les associations artistiques et culturelles soumis à votre examen pour adoption, par les soins du Ministère des Arts et de la Culture (MINAC)."
Mais de quoi se plaignent vraiment ces professionnels de la culture ?
La réponse est contenue dans la lettre ouverte adressée aux députés. " En effet, nous nous sentons floués. Nous nous sentons floués du fait qu'une disposition légale d'une telle importance qui nous concerne, nous et l'avenir de nos enfants, ainsi que notre épanouissement professionnel, puisse être engagée jusqu'à vous pour adoption, sans que nous ne soyons ni consultés, ni associés à sa conception et rédaction.
Ce n'est qu'une fois le projet de loi déposé auprès de la Commission des affaires sociales et culturelles de l'Assemblée Nationale, c'est-à-dire en fin de semaine dernière, que nous avons été informés de son existence. Bien plus que cela, ce qui nous semble encore plus pernicieux est le contenu de ladite loi soumise à votre examen.
Nous joignant à l'examen minutieux par vous fait de ce projet de loi, nous y avons relevé de nombreuses incongruités, qui nous autorisent à croire qu'il constitue, dans son énoncé, un sérieux recul par rapport aux questions de liberté d'association et une atteinte grave aux intérêts du secteur culturel et créatif dont le MINAC a la charge tutélaire de la régulation et de l'accompagnement.
Nous voulons bien nous laisser pénétrer par le souci que ce dernier a de l'organiser à sa manière et, fort d'une disposition pertinemment relevée dans l'énoncé des motifs du projet de loi querellé (notamment l'alinéa 4 de l'article 5, de la loi N°90/053 du 19 décembre 1990 relative à la liberté d'association au Cameroun), de doter les associations à objet culturel, d'un statut légal particulier. Mais il apparaît à l'évidence que le MINAC, sans doute de bonne foi, dans son élan de calquer le modèle des associations et fédérations sportives au secteur culturel, ait été induit en erreur par un zèle trop prononcé.
Malheureusement, le constat flagrant qui s'impose à vous comme à nous est, ce qui apparaît comme une tentative de caporaliser les acteurs culturels, qui ne peut qu'être dommageable à tout le mouvement culturel national. "
D'où cette marche annoncée ce jeudi dans les rues de Yaoundé. Vivement que la chambre basse entende la voix des concernés avant de prendre une décision importante devant orienter la vie de millions de citoyens. Les artistes et leurs familles.
Stéphane NZESSEU