La scène ubuesque dans laquelle on voit des hommes et des femmes prendre en chasse un véhicule, se déroule ce Jeudi au niveau du “Bois des singes”, l’un des quartiers situés dans le deuxième Arrondissement de Douala.
Mais de quoi est-il question ?
Les populations en furie donnent leur version de l’histoire
“Nous sommes fâchés. Lorsque nous arrivions ici dans ce secteur, nous nous sommes construits des cases en pleine brousse et il n'y avait personne. Personne ne nous a jamais fait part de l’existence d’un quelconque titre foncier. Pendant de longs mois, j’ai travaillé d’arrache pied afin d’arranger la route avec le peu de moyens dont je disposais et aujourd’hui que la brousse a disparu et que le terrain est devenu viable, cet individu se place pour affirmer que partout ici c’est son terrain…”.
“La population du “Bois des singes” est très en colère, les personnes vers qui se tournaient notre espoir, que nous aurons pu considérer comme nos soutiens en cas de problèmes sont devenus des traîtres; Moukouri qui arrive au quartier aujourd’hui, parce qu’il a hérité des biens de son père veut s’accaparer de tout le “bois de Singe”, alors que c’est un terrain sur lequel nous tous ici présents, avons peiné, en déversant au quotidien des tonnes de terre sur laquelle il roule aujourd’hui pour nous informer que tout est à lui…”.
“Je suis arrivée dans ce quartier et je suis la toute première habitante de ce domicile et, pour y accéder, je traversais avec la pirogue et j’étais contrainte de me déplacer en fonction du niveau de l’eau. Lasse de vivre cette situation, des parents, amis et connaissances et moi avons construit un premier ponceau; Je ne peux vous dire combien de fois nous avons dû rambler cette route pour qu’on vienne nous dire aujourd’hui que nous n’avons aucun droit sur ce terrain”.
Les mêmes habitants soupçonnent le chef de quartier d’être de mèche avec leur bourreau; accusations dont se défend ce dernier, arguant au passage que les habitants n’ont pas la bonne information :
“Ces gens sont remontés parce qu’ils n’ont pas la véritable information, celle - ci leur échappe d’ailleurs tout simplement parce qu'il y a quelques acteurs sur le terrain, des agitateurs qui leur racontent n’importe quoi. En fait, ceux qui sont venus sont les autochtones qui ont titré leurs parcelles de terrain.
Maintenant, le problème se situe au sein de la communauté villageoise. Le détenteur du titre foncier, qui se nomme Moukoury Manga est venu leur demander de se calmer et de choisir un jour qui sera à leur convenance, pour un dialogue franc et sincère, malheureusement, ces derniers ne sont pas de cet avis…”.
En fait, les habitants exigent qu’on les laisse tranquilles
“Nous voulons qu’on nous laisse en paix, nous sommes des Camerounais et pouvons vivre partout sur l’ensemble du territoire national. Nous ne voulons même pas qu’on nous dise qu’on va nous recaser quelque part, qu’on laisse chacun de nous là où il se trouve parce que ce que vous voyez autour de vous, c’est le fruit de nombreuses années de sacrifices et, les héritiers qui apparaissent aujourd’hui auraient pu se faire connaître, lorsque nous nous installions ici et non pas aujourd’hui…”.
La parcelle de terrain querellée est de trente hectares et, il est quand même curieux que pendant des années, alors que les populations s'installaient et bâtissaient leur domicile, nul ne soit jamais venu pour leur dire de ne pas le faire; le chef de quartier qui dit disposer de la bonne information est lui aussi rester bouche cousue.
Quelles sont les raisons qui l’ont amené à ne pas donner aux uns et aux autres les informations qu’il considère comme les “vraies”, sachant qu’à plus ou moins long terme, les héritiers allaient apparaître pour réclamer leur dû ?
Nicole Ricci Minyem