Ce secteur d'activité du tourisme au Nord a du plomb dans l'aile depuis que des ressortissants étrangers sont pris pour cibles par la secte islamiste dans la partie septentrionale du pays.
Le nombre sans cesse décroissant des visiteurs qui se rendent au Nord-Cameroun, en est une illustration palpable. En l'espace de quatre ans, le Nord-Cameroun a perdu sa réputation de destination touristique pour devenir une « zone rouge » proscrite aux ressortissants étrangers. Les statistiques mis à notre disposition stagnent en dessous de 6 ,03% si l'on s'en tient aux tableaux récapitulatifs des visites enregistrées au cours des cinq premier semestre 2018. Comme il fallait s'y attendre, c'est toute la région du Nord-Cameroun qui paie les frais.
En 2017, celle-ci n'a enregistré que 15 306 touristes contre 18 943 touristes en 2015. Soit une baisse de 3637 touristes en valeur absolue. Ce qui correspond à un taux de régression de 19,19%. Cette baisse des touristes s'explique selon le délégué régional du tourisme et des loisirs du Nord, par l'actualité des enlèvements qui a certainement fait diminuer les arrivées. Pour Danzabe René, délégué régionale du tourisme et des loisirs pour le Nord , cette baisse s'observe au niveau des européens et plus particulièrement des français, qui ont dus retirer d'abord leurs membres dans la région Nord et qui ont par la suite refusé que leurs compatriotes viennent dans cette partie du pays. Cette baisse est constatée également dans les établissements hôteliers qui sont de moins en moins sollicités.
Selon un directeur d'hôtel dans la ville de Garoua « le nombre des visiteurs a fortement baissé depuis la menace de la secte islamiste Boko Haram dans la partie septentrionale du pays ». Pour ce dernier, les choses ne vont plus comme avant. Par le passé, explique-t-il, «il y avait des jours où toutes les chambres étaient occupées mais maintenant, c'est difficile, voire impossible de réaliser de bonne affaires », avant de conclure que « rares sont les jours où la moitié des chambres soient occupées ». Pour les responsables en charge du secteur du tourisme et des loisirs, « il n'est pas question de baisser les bras ».
Le secteur du tourisme connaît les mêmes problèmes depuis quatre ans à savoir : le non aménagement de l’enclavement de la plupart de nos sites touristiques ; le délabrement très avancé de la quasi-totalité des campements touristiques d’état et la fermeture ou la non fonctionnalité de la plupart d’entre eux faute de leur mise en concession ; l’absence des ressources pour le suivi des différents projets d’investissements à gestion centrale dans notre secteur de compétence et le manque d’information relatives à ce suivi. Le manque de moyens alloués pour les actions promotionnelles, le manque de culture touristique des populations, la précarité du statut juridique de tous les campements et les sites touristiques et l’insuffisance de leur sécurisation. Le manque de budget pour les missions de contrôle et d’inspection ainsi le paiement irrégulier des primes des contrôleurs régionaux.
En dépit de cette chute du nombre des touristes, le délégué régional du tourisme et des loisirs pour le Nord se veut optimiste dans la mesure où «des étrangers continuent de fouler la destination de la région du Nord-Cameroun », surtout que «les populations vivent ordinairement et les touristes qui viennent ne s'en plaignent pas». Ce qui fait dire à ce dernier que «le tourisme se porte bien dans la région du Nord qui bénéficie de plusieurs atouts touristiques». Parmi ces atouts, qui ont pignons sur rues, figurent en bonne place, les parcs nationaux de Bénoué, celui de Bouba Ndjida , les paysages pittoresques comme des cultures en terrasses l’île aux Damans , campement du Buffle noir, dans le parc National de la Bénoué ; Département du Mayo-Rey. Campement du Grand Capitaine, dans le parc National de la Bénoué, Département du Mayo Rey. Campement de Bouba Ndjidda. Pour renverser la courbe, la saison touristique ouverte en novembre dernier est placée sous le sceau de ce que le délégué régional appelle «le tourisme interne ». « Il faut que les camerounais eux même visitent leurs pays. Pour ce faire, des excursions seront organisées dans les différents départements car, il faut diversifier et promouvoir de nouveaux sites ».
Félix Swaboka