A un mois de la rentrée scolaire, ils attendent encore d’être fournis par les éditeurs qui ont accusé du retard dans la production des livres à cause de la publication tardive de la liste homologuée.Les libraires et papetiers du Cameroun sont inquiets. L’indisponibilité des manuels scolaires dans les rayons à un mois de la rentrée scolaire n’augure rien de bon dans la prospérité de leur business et leur rapport avec les parents d’élèves, leurs principaux clients.
Ils font savoir que cette indisponibilité était prévisible avec le retard déjà enregistré dans la parution de la liste des manuels qui, selon un décret du Premier ministre, devait être homologuée au plus tard cinq mois avant la rentrée scolaire prévue le 03 septembre prochain. Mais ladite liste attendue autour du 24 mars a été finalement rendue publique le 13 juin dernier, soit trois mois plus tard.
«Généralement, les parents commencent à se ravitailler le 15 juillet. Nous faisons nos chiffres pendant deux mois (juillet et août). L’année dernière, la plupart des manuels scolaires étaient disponibles quand la liste a été publiée », se rappelle un libraire à Douala.
Apollinaire Ngassa, le président national du Syndicat des libraires et papetiers du Cameroun (Synalipac), explique que les éditeurs ont pris du retard dans l’édition des manuels à cause de la publication tardive de la liste homologuée.
Lors d’une réunion à la primature le 31 juillet 2018, les éditeurs les plus optimistes ont annoncé une disponibilité des livres pour le mois d’août courant. Afredit (maison d’édition) a indiqué la date du 25 août pour être à jour. Cosmos a donné rendez-vous le 27 août.
En date du 06 août 2018, seul l’éditeur Sopecam (Société de presse et d’édition du Cameroun) disposait des premiers manuels scolaires à l’attention des libraires. En attendant la production des autres éditeurs, les libraires pensent à la création d’une centrale d’achat. Ce qui permettra aux libraires à la petite bourse de se ravitailler en livres lorsque les éditeurs prescrivent un minimum d’achat de dix livres.90% des pertesLes libraires sont certes mécontents, mais ils apprécient la réforme du livre et la politique du Premier ministre qui a institué le « livre unique ». « Beaucoup ne comprenaient pas ce qu’est le livre unique. Beaucoup pensaient que le livre unique était un coup de massue sur la tête des libraires. Pourtant, les libraires ne vont plus courir de gauche à droite, chez différents éditeurs, pour aller chercher les livres. Actuellement, nous allons avoir certains distributeurs agréés qui vont avoir tous ces livres-là sur place. Ça va donner la possibilité aux libraires de ne pas perdre leur temps », a détaillé Justin Tingeu Sepo, le secrétaire général du Synalipac.
Mais le livre unique ne rapportera pas tout de suite aux libraires. Ils font savoir qu’il faudra patienter dans cette nouvelle formule pendant près de quatre ans. Cependant, les livres de l’année dernière restés en stock constituent une grosse perte pour les libraires.
«Les livres qui sont restés en stocks, c’est une perte. Ça devait nous aider à constituer le nouveau capital de départ cette année. Mais c’est dans l’eau. Des éditeurs ne récupèrent pas les anciens livres. Chaque libraire perd ainsi 80 à 90% du stock qu’il avait », déplore Audrey Nzeako, libraire au quartier Mboppi.
Lucas Demveng, libraire au quartier Cité des Palmiers à Douala, soutient que les ventes de cette année ne pourront pas combler les pertes de l’ancien stock. Il apprécie néanmoins la politique du livre unique qui supprime les livrets du programme.
Le libraire déplore cependant la piraterie qui mine le secteur du manuel scolaire. Il propose aussi au gouvernement de lutter contre ces fondateurs qui ont installé des librairies devant leurs établissements scolaires et vendent les ouvrages aux parents d’élèves qui viennent inscrire leurs enfants.