Plusieurs situations de deux poids deux mesures ont été relevées à la lecture des différentes décisions rendues par le Conseil Constitutionnel lors de l’audience de règlement du contentieux préélectoral ce jeudi au palais des congrès de Yaoundé.
Le premier cas et le plus illustratif de cette gymnastique juridique opérée par le Conseil Constitutionnel au cours de cette audience de règlement de ce jeudi est la décision rendue au sujet du candidat Hervé Emmanuel Nkom. En effet, le SDF contestait la qualité de citoyen camerounais de Mr Nkom, ce qui de fait le rend inéligible comme député de la nation. Effectivement, le juge constitutionnel a confirmé l’éjection de la liste RDPC du Wouri Est de Mr Nkom. Mais curieusement, dans la suite de sa décision, Clément Atangana trouve une pirouette qui consiste à ordonner le remplacement du concerné sous trois jours en maintenant en lice la liste du RDPC dans la compétition électorale.
Or au cours de la même audience, le juge constitutionnel a face à lui une liste du PCRN dans la circonscription électorale de Galim. Dans cette liste, le juge constitutionnel disqualifie une candidate Mme Fatou. Mais contrairement à la magnanimité accordée au RDPC dans le Wouri Est, ce sera toute la liste PCRN de Galim qui sera rejetée. On peut en dire autant pour la liste SDF de Ngok Etounja. Des décisions qui jettent un flou sur la sincérité de l’équité dont devrait être le garant le Conseil Constitutionnel du Cameroun.
Le deuxième élément que nous versons au dossier est ce choix curieux adopté par le Constitutionnel de ne pas dire le droit face au contentieux opposant l’UPC à l’UPC. En renvoyant dos-à-dos les deux parties, le juge administratif n’a pas dit en dernier ressort qui d’entre Robert Bapooh Lipot ou Pierre Baleguel Nkot est le véritable Secrétaire Général du parti. En observant ce que certains commentateurs ont qualifié de déni de justice, on peut désormais se dire que qui que ce soit peut se lever et se revendiquer de n’importe quel titre dans une organisation, le Conseil Constitutionnel ne se trouvera pas compétent pour régler de tels contentieux. On se demande bien si un citoyen peut se lever et déposer des listes au nom du RDPC. Si une telle situation se produisait, quelle serait la réaction du juge constitutionnel ? On peut très bien l’entrevoir.
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Stéphane NZESSEU