La conférence générale des anglophones réunira toutes les personnes désireuses de participer à ces assises, à la seule que celles-ci aient des ancêtres issues du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ou même que leurs familles s’y soient installées avant 1961.
La semaine prochaine, du 21 au 22 novembre, se tiendra à Buea, dans la région du Sud-Ouest, la conférence générale des anglophones. Elle est une initiative du Cardinal Christian Tumi dont le but est de revoir les causes de cette situation aujourd’hui muée en conflit entre armée et combattants sécessionnistes, de recenser des propositions de solutions pour une sortie de crise et enfin de désigner des personnes qui seront investies du pourvoir de parler au nom des populations anglophones au cours d’un éventuel dialogue national. « Après Buea, nous irons à Yaoundé pour soumettre les conclusions de la rencontre », expliquait Christian Tumi mercredi.
Ledit rassemblement se tiendra en l’absence de l’ancien secrétaire général adjoint des Nations unies, Simon Munzu. Celui-ci a confié au cardinal Christian Tumi ne pas vouloir mettre sa vie en danger. « Il nous a dit à Yaoundé que parce que les ambazoniens veulent le tuer, il ne sera pas à Buea. Il nous l’a dit hier [mardi 13 novembre 2018]. Je ne suis pas d’accord avec lui, mais c’est sa décision. C’est un homme de ressources. Il a participé à des problèmes similaires dans d’autres pays africain. L’autre jour il était au Mali parce qu’il est toujours, malgré le fait qu’il soit en retraite, consultant de l’Onu. Lui-même m’a dit qu’il ne veut pas risquer sa vie. Il ne sera pas à Buea », rapporte le prélat.
Dès son annonce en juillet dernier, la conférence des anglophones a reçu une vive opposition de la part de certaines autorités, notamment du maire de Buea, Patrick Ekema, qui avait organisé une marche dans la ville pour contester ce projet. Le gouvernement camerounais – sans préciser officiellement sa position sur ces assises – avait rejeté l’idée de libérer les personnes incarcérées dans le cadre de la crise anglophone. Leur libération était un préalable à la tenue de la conférence générale des anglophones.
L’International Crisis Group par contre salue l’initiative des représentants religieux (Eglise catholique, Eglise presbytérienne, mosquée centrale de Bamenda et mosquée centrale de Buea) d’organiser une conférence générale anglophone à Buea, dans la région du Sud-Ouest, au Cameroun.
En avril 2018, Crisis Group avait proposé l’Eglise catholique comme potentiel médiateur du conflit dans les régions anglophones (Nord-Ouest et du Sud-Ouest). Le 25 juillet, le cardinal émérite Christian Tumi a annoncé que cette conférence aurait lieu les 29 et 30 août; elle a depuis été repoussée aux 21 et 22 novembre.
Le communiqué annonçant la conférence appelle le président de la République à initier le plus rapidement possible un dialogue national de fond sur la question anglophone. Il présente la conférence comme une étape préparatoire entre anglophones, visant à définir les questions devant être examinées lors du dialogue national et à désigner les personnalités qui représenteront les régions anglophones à cette occasion. Elle pourrait donc amener les différents acteurs anglophones à présenter une position commune, ou à défaut, à réduire leurs divergences.
Pour y parvenir, les organisateurs vont devoir persuader le gouvernement de permettre aux anglophones de la diaspora, y compris des séparatistes, de rejoindre leur pays sans risquer de se faire arrêter, et de relâcher des détenus anglophones, car il n’est pas possible d’organiser un dialogue sans y associer les séparatistes, étant donné leur réel poids politique et la menace sécuritaire qu’ils représentent. Ils devront aussi convaincre les séparatistes qu’une participation à cette conférence permettrait d’asseoir leur légitimité parmi les anglophones.
En un an, le conflit en zone anglophone a déjà causé la mort d’au moins 400 civils, de 170 militaires et policiers et de centaines de combattants séparatistes, et fait plus de 250 blessés parmi les forces de sécurité. Les groupes armés séparatistes disposent désormais de plus d’un millier de combattants et contrôlent une partie significative des zones rurales et axes routiers.
Selon les Nations unies, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest comptent 180 000 déplacés en septembre et le Nigéria accueillait mi-août 25 085 réfugiés du conflit. La crise a récemment pris un tournant encore plus préoccupant : les populations sont prises pour cible par les deux parties, des milices progouvernementales se forment, et, au-delà de la dizaine de groupes armés séparatistes, des groupuscules purement criminels émergent.
Otric N.