En stratégie militaire, le concept de guerre hybride est récent. Il fut utilisé́ pour la première fois en 2005, par deux officiers supérieurs de l’armée américaine : le colonel Frank Hoffman et le général James Mattis qui est, depuis 2016, Secrétaire à la défense. Dans le contexte de la guerre d’Irak, ces officiers issus du corps des Marines, créent ce nouveau concept pour désigner les nouvelles stratégies militaires combinant à la fois les opérations de guerre conventionnelle et de guerre non conventionnelle, asymétrique. A cela s’ajoutent la guerre de l’information et la guerre cybernétique.
La guerre hybride et ses caractéristiques :
- Le recours à des groupes armés et aux équipements militaires dépourvus d’emblèmes et opérant clandestinement en territoires étrangers sans être reconnus. Par exemple, qui se cache derrière Boko Haram ou le mouvement « ambazonien » ?
- L’utilisation de tactiques irrégulières et le recours à des formes extrêmes de violence et mise à mort : égorgement, démembrement, énucléation des adversaires, cannibalisme ;
- Les actions clandestines de terrorisme sous faux drapeaux ;
- Les activités illicites et criminelles (trafic d’êtres humains, trafic d’organes et d’ossements humains, esclavage, trafic de stupéfiants, banditisme, etc. ;
- La guerre de l’information (communication de masse et campagnes agressives de désinformation et de manipulation de l’opinion) dans les réseaux sociaux (Facebook, Whatsapp, Viber, IMO, etc.) ;
- La cyberguerre (cyberattaques ou attaques informatiques) ;
- L’enrôlement des acteurs locaux (forces indépendantistes, séparatistes), l’objectif étant la guerre par procuration (Proxy War) ;
- La tenue des séminaires de formation, le financement et la mobilisation des activistes par des ONGs et des fondations caritatives nationales ou d’origine étrangère comme Open Society Foundation/OSIWA, Friedrich Ebert Stiftung, National Endowment for Democracy, The Fomunyoh Foundation, etc), pour l’organisation des « mouvements populaires spontanés » ;
- L’organisation des campagnes en faveur de l’organisation des élections, des référendums, l’objectif étant d’accélérer le processus d’alternance et de changement de régime ;
- La culturalisation, la cléricalisation, la confessionnalisation et la tribalisation des conflits. Politiques ou sociaux à l’origine, les conflits prennent vite une coloration culturelle (le cas de l’ «Ambazonie»), religieuse (le cas de Boko Haram) et ethnique (cf. la ligne que tentent d’imposer M. Patrice Nganang au conflit du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et certains militants de certains partis d’opposition, dans leur manœuvres pour accéder au pouvoir). Il s’agit ici d’un trait caractéristique majeur des guerres hybrides qui se font pour la défense de l’identité ethno-
culturelle, linguistique, religieuse de communautés qu’on suppose marginalisées. C’est ce qui fait dire aux spécialistes que les guerres hybrides n’opposent plus directement les ordres
politiques constitués (Entités étatiques), mais les cultures, les religions, les traditions, les langues ;
- La mobilisation du lumpenprolétariat (prolétariat en haillons) pour le recrutement des milices composées en grande partie d’enfants-soldats : marginaux, sauvageons, drogués, voyous, délinquants, bandits, criminels. Incultes et désocialisés, ces marginaux barbares ont pour fonction de semer le chaos, de perturber l’ordre social, d’ensauvager la société, question de
rendre toute cohésion sociale impossible et faciliter ainsi le démanteler des entités étatiques établies et de fragmenter les nations.