L’utilisation d’un seul livre par matière a été effective dès la rentrée scolaire 2018-2019.
Dans le système éducatif, on ne saurait citer les grandes révolutions opérées en 2018 sans en parler. La politique du livre unique par matière rendue effective cette année. De la maternelle à la fin du secondaire, les élèves utilisent désormais les mêmes ouvrages sur toute l'étendue du territoire. Qu'on soit au public comme au privé. Par matière, un livre a été sélectionné pour une durée de six ans renouvelables. Les textes signés par Philemon Yang le Premier Ministre le 23 novembre 2017 sont venus mettre fin au désordre qui a souvent ou ces dernières années existé dans la filière du livre. Dans la circulaire du Premier Ministre, il avait été fait état des «dérives» observées dans le secteur du livre et du manuel scolaire et qui compromettaient les ambitions et projets de développement de la nation. Le PM à travers ses deux décrets portait donc création, organisation et fonctionnement de la Commission nationale chargée du suivi et de l’évaluation de la mise en œuvre de la politique nationale du livre, du manuel scolaire et autres matériels didactiques et sur l’organisation du Conseil national d’agrément des manuels scolaires et matériels didactiques.
Interviewé par le journal Afrique gouvernance le Pr Marcelin Vounda Etoa en sa qualité de Secrétaire permanent du Conseil de l’agrément du manuel scolaire, est revenu sur le combat qu’il a livré pour que la politique du livre unique soit effective au Cameroun. «J’en suis arrivé-là par la découverte d’un manuel inscrit sur les listes officielles qui était truffé de fautes et ma curiosité a été piquée par plusieurs autres que j’ai découvert par la suite. Auparavant j’avais déjà dénoncé un ensemble de dérives par la publication d’un article sur un livre inscrit au programme scolaire, à savoir le recueil de poème de Guillaume Apollinaire qui faisait l’apologie de l’homosexualité. J’ai donc pris conscience qu’il y avait quelque chose à creuser et c’est après que j’ai découvert que l’ampleur du problème était grande. Et le premier constat était le non-respect de l’arrêté du Premier ministre du 4 janvier 2002 qui restituait la pluralité du manuel scolaire, mais avait arrêté un ou deux manuels par matière, le but étant de créer une saine émulation entre les éditeurs pour stimuler les efforts face à la concurrence. Mais cette approche a pris une autre tournure et le nombre du manuel s’est multiplié au gré de tous ceux qui avaient un ouvrage à proposer, écumant les lycées et les collèges et réussissant par des moyens suspects à les inscrire sur les listes avec la complicité des chefs d’établissements. Pour crier ma révolte j’ai écrit un livre pour dénoncer le mercantilisme qui s’était emparé du système éducatif à tout le moins dans le circuit des manuels scolaires», a-t-il déclaré.
Sur les critères conduisant au choix du livre unique à adopter pour une matière, il faut savoir que les autorités se basent sur la circulaire de Philemon Yang. Celle-ci précise les axes devant servir à l’évaluation. «Cette critélogie a trois axes principaux: le premier concerne l’évaluation physique du manuel et ces aspects étaient noté sur 25 points. Il s’agit du façonnage et de la finition de l’ouvrage. Nous retiendrons qu’un livre cousu est plus résistant et plus adapté à notre environnement qu’un livre collé qui sèche et dont les feuilles sautent par la suite. Le deuxième critère porte sur le prix du livre. Dans les anciennes grilles d’évaluation des manuels scolaires, le prix du livre était noté sur 10 points. Nous avons fait passer le nombre de points pour le prix du livre à 25. C’est pour cette raison que les éditeurs pour être dans la course étaient obligés d’avoir un prix compétitif ne sachant pas quel était le prix de leur concurrent», a expliqué le Secrétaire permanent du Conseil de l’agrément du manuel scolaire.
A ces critères s’ajoutent ceux concernant l’aspect éthique à préserver et le respect de l’approche pédagogique dans l’évaluation des contenus et le niveau de langue.
Liliane N.