Devant les établissements scolaires de la ville aux sept collines, lorsqu’ils n’accompagnent pas leurs parents dans les démarches entreprises pour leur inscription, ils s’en occupent tous seuls. Ils se disent conscients de leur devoir, face aux sacrifices consentis pour leur assurer un avenir certain.
« Je me prénomme Joyce. Je vais en classe de Première, ici au collège Pharaon. Depuis que je suis né, je n’ai connu que ma maman. Nous sommes trois enfants et elle s’occupe de nous toute seule. Je suis venu m’inscrire et aussi inscrire ma petite sœur parce que maman est parti au travail. Je sais que ce n’est pas évident pour elle, c’est la raison pour laquelle chaque année, je fais tout pour que ses sacrifices servent à quelque chose et qu’elle ne regrette pas de passer à côté de ce que les autres femmes ont. Je vais tout faire pour prendre mon probatoire une fois et, j’espère qu’elle sera encore en vie, lorsque je serais grand, pour pouvoir m’occuper d’elle… ».
« Je suis Christelle et je vais en 4ème. L’année dernière, j’étais au lycée d’Elig Essono mais, là bas, on a bouffé l’argent de ma mère et, elle a payé la scolarité deux fois. C’est pour cela qu’elle a décidé de m’inscrire cette année, ici au Pharaon. J’ai eu les tableaux d’honneur depuis la classe de 6ème et, j’espère pouvoir faire mon BEPC en 4ème. Je vais travailler pour l’avoir. Mes parents font beaucoup de sacrifices pour nous envoyer à l’école. Papa est tout le temps en voyages et c’est ma mère qui s’occupe beaucoup de nous. Je veux qu’ils soient fiers de moi et, je vais travailler très dur pour leur dire merci… ».
Les élèves rencontrés ce matin, sont conscients du privilège qui est le leur, de pouvoir s’instruire, alors que dans de nombreuses familles, les parents sont encore à s’interroger s’ils pourront envoyer leur progéniture à l’école.
« Je suis Armel, je suis élève de Seconde au Collège Mongo Beti. Lorsque ma maman est décédée, mes frères et moi n’avons pu poursuivre nos études. On nous a partagé dans la famille, chez mes oncles et mes tantes et, là bas aussi, il n y’avait pas beaucoup d’argent. Alors, j’ai passé deux ans à la maison. C’est cette année que le curé de la Chapelle de Mvog Ada s’est engagé à m’aider, parce que je suis allé le voir. J’ai eu beaucoup de chance, madame. Beaucoup d’enfants n’iront peut être pas à l’école cette année, comme mes deux derniers frères. Je suis donc conscient que je dois travailler durement pour m’en occuper lorsque je serais plus grand mais aussi, pour encourager l’Abbé Kisito qui a bien voulu m’aider. Je sais que ma chance de m’en sortir, la chance pour que les enfants de ma maman aient un avenir meilleur, passe par mon engagement à l’école… ».
A quelques heures de la rentrée scolaire, nombreux sont les enfants qui ne sont pas certains de prendre le chemin de l’école. Les raisons sont diverses mais, au-delà du manque de moyens financiers, il faut décrier l’attitude des individus qui volontairement, refusent l’accès à l’instruction à ceux-là qui représentent l’avenir de ce pays.
Dans des attitudes lâches, sans qu’on ne sache exactement ce qui les motive, ce après quoi ils courent, ils s’en prennent lâchement aux personnes qui ne partagent pas leur point de vue, leur « idéologie » : Celui de rendre ce pays ingouvernable et à la merci des individus sans foi, ni lois.
Nicole Ricci Minyem