Le candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) s'est expliqué sur ses déclarations lors de la conférence de presse donnée lundi dernier au siège de son parti à Yaoundé.
«J’ai reçu mission de tirer le penalty, je l’ai tiré et je l’ai marqué. J’ai reçu du peuple un mandat clair que j’entends défendre jusqu’au bout. J’exhorte le président sortant à œuvrer pour une transition pacifique du pouvoir», a déclaré Maurice Kamto.
Dans une interview accordée au journal français Libération, le candidat du MRC s'explique sur cette attitude qui a mis en branle les caciques du RDPC et quelques-uns des autres candidats à ce scrutin. «Avec les procès-verbaux en notre possession, j’ai la certitude d’une victoire incontestable», a-t-il déclaré.
Pour Maurice Kamto, il n’a pas été question d’attendre le délai de quinze jours donné au Conseil constitutionnel pour proclamer les résultats. Et pour cause: «Dans la plupart des pays du monde, les résultats sont proclamés le soir même ou le lendemain du vote. Au Cameroun, le Conseil constitutionnel, dont tous les membres sont nommés par le Président, dispose de quinze jours pour le faire. Pourquoi un tel délai en 2018 alors qu’on a les moyens de compiler les résultats plus rapidement ? Nous savons qu’il y a eu des fraudes : dans le nord du pays, les communications ont été coupées entre 18 heures et 19 heures sans raison officielle».
Quant aux autres candidats qui se sont empressés de lui répondre, Maurice Kamto choisi de ne pas leur répondre à son tour. «Je n’ai pas de commentaire à faire à ce stade. Ça prouve peut-être juste que certains opposants sont de connivence avec le président sortant. Pour le reste, je me sens dans mon bon droit, n’en déplaise aux pleureuses et aux vierges effarouchées».
Pour lui, «le Cameroun est un pays où on a pris, hélas, l’habitude d’attendre. Sous Paul Biya, les populations ont été «zombifiées», tétanisées. On a longtemps eu l’impression dans ce pays d’une sorte de syndrome de Stockholm, où les gens finissaient par aimer leurs bourreaux. Dans mes meetings pourtant, j’ai eu le sentiment que les gens reprenaient goût à l’espoir. Et comment peut-on croire un instant que les Camerounais seraient aujourd’hui capables de reconduire au pouvoir par les urnes un homme de 85 ans, qui a régné sans partage depuis trente-six ans, a lancé tant de chantiers dont aucun n’a été achevé, alors que tous ont même été surfacturés ? J’ai parcouru le pays pendant cette campagne, il faut voir l’état des routes, les classes avec 150 élèves, l’état sanitaire lamentable du pays… Qui a décrété que le pouvoir était octroyé à vie ? C’est pourtant ce que vient d’affirmer un lieutenant du Biya en déclarant qu’un chef bantou meurt au pouvoir. Et ça ne fait réagir personne ?».
A propos justement des réactions suite à sa déclaration Maurice Kamto affirme: «je n’ai jamais incité à l’insurrection. J’ai parlé de «changement dans la paix», j’ai offert des garanties d’immunité au président sortant. Nous allons pacifiquement mais fermement défendre les résultats que nous avons compilés. Mais la légalité ne vaut que si les lois sont justes. Cessons de croire que les institutions bancales de ce pays sont crédibles. En 2014, le régime a fait passer une loi, qui sous couvert d’antiterrorisme limite en réalité toute liberté d’expression et de manifestation. J’ai été l’un des premiers à combattre cette loi liberticide. Il y a aussi des lois qui maintiennent dans la servitude».
O.N avec Libération