Au cours de la conférence de presse qu'il a donné en compagnie du ministre de la communication, Paul Atanga Nji a plusieurs fois servi des ultimatum aux dirigeants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun. Allant jusqu'à laisser croire que le parti de Maurice Kamto pourrait être dissout. Une décision qui ne resterait pas sans conséquences.
Depuis l'élection présidentielle manquée du 7 octobre 2018, le Professeur Maurice Kamto tient l'opinion publique en haleine. A travers ses actions de protestations et de revendications de son élection volée, le président du MRC continue d'entretenir la flamme de l'intérêt pour les questions politiques qu'il a fortement contribué à faire naître dans le cœur de nombreux citoyens camerounais.
Arrivé deuxième à l'élection présidentielle, avec 14,23% de voix, le professeur Maurice Kamto est la deuxième personnalité politique après le Chef de l'État. Une position qui lui donne de jouir d'une popularité très importante sur le territoire camerounais et ailleurs. Au Cameroun comme à l'international, les partisans de Maurice Kamto sont très nombreux.
Ils se comptent par millions sur les cinq continents, les soutiens et sympathisants de Maurice Kamto. L'homme politique jouit d'un carnet d'adresses internationales très important. D'un point de vue politique, c'est clair Maurice Kamto draine de très grand intérêts et mobilise considérablement. La démonstration de sa capacité à mettre en mouvement les camerounais s'est une fois de plus illustrée à la faveur de la " marché blanche " dans les principales villes du Cameroun.
A la suite de la "marche blanche" organisée samedi par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), Paul Atanga Nji, le ministre de l’Administration territoriale a déclaré au cours d’une conférence de presse donnée dans la nuit du samedi 26 janvier que Maurice Kamto a organisé "des actes de provocation" à Douala, Yaoundé, Bafoussam et Paris le samedi en question. "Je dirai même que le Mrc a franchi la ligne rouge et a débordé le seuil de la tolérance ", a-t-il insisté. Le Minat entend durcir davantage le ton.
"Le ministre de l’Administration territoriale est l’autorité qui accorde l’agrément aux partis politiques. Ces agréments ou autorisations sont accordés sur la base des lois et règlements de la République", a-t-il rappelé. A ses yeux, " Le Minat et les partis politiques sont liés par un contrat qui doit être respecté". Paul Atanga Nji va plus loin et envisage même la dissolution du MRC, un parti politique pourtant représenté à l’Assemblée nationale : "Si le responsable d'un parti politique décide de défier systématiquement l'autorité de l'Etat en organisant des manifestations illégales parfois dangereuses et susceptibles de perturber l’ordre public, le ministre de l’Administration territoriale est en droit de prendre certaines mesures conservatoires ". Fait plus grave, le Minat précise à l’endroit du " tireur du penalty " qu’ " Il y a l’interdiction provisoire de ce parti politique ou l’interdiction définitive du parti qui serait l’auteur des faits avérés de trouble à l’ordre public sur l’étendue du territoire."
Décider de la dissolution d'un parti qui charie autant d'attention et qui mobilise autant de militants et sympathisants serait une erreur pour l'administration de Paul Biya. Envoyer le MRC dans le "maquis" serait le prétexte de radicalisation de certains membres du mouvement. Et donnerait l'occasion aux pourfendeurs du Cameroun de crier à l'absence de démocratie dans notre pays. La communauté internationale s'en mêlerait et il n'est pas exclut qu'on se retrouve dans une autre crise sociale qui embrassera cette fois l'essentiel de la partie Sud du Cameroun. Une situation qu'il est préférable d'éviter.
Stéphane Nzesseu